I- GENESE DE LA GEOGRAPHIE CULTURELLE
Dès sa naissance, la géographie humaine fait une place importante aux réalités culturelles, en les saisissant au premier abord dans une optique réductrice .
Avec Ratzel et ses disciples, les Allemands mettent l'accent sur les outillages et techniques de maîtrise des paysages. Les Américains, avec Carl Sauer et l'école de Berkeley, découvrent l'impact des cultures sur le paysage vivant. Les Français (Vidal de la Blache, Jean Brunhes, Pierre Deffontaines) proposent la notion de genre de vie et s'ouvrent aux enseignements de l'ethnologie.
A partir des années 30, l'intérêt pour les structures agraires fait négliger les autres aspects de la culture. Dans les années 60 et 70, la géographie culturelle connaît une crise :inadaptation de la notion de genres de vie pour interpréter les milieux industrialisés et urbains, uniformisation du monde qui efface les particularités ethnologiques.
Dans un nouveau contexte apparaissent les préoccupations de la géographie culturelle contemporaine : l'analyse des rôles, les préoccupations humanistes, les représentations, la culture vécue comme discours.
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II-IMPACT DES CULTURES SUR L'ESPACE SOCIAL
1°) La culture est un héritage qui se transmet, notamment pendant l'enfance et l'adolescence. Chaque culture dispose de codes de communication qui lui sont propres : le geste et la parole, l'écriture, le dessin et les arts, les media de masse (presse, radio-télévision), les media interactifs (téléphone, télématique).
Ainsi se transmettent gestes, rituels, savoir-faire, connaissances théoriques, normes abstraites, systèmes religieux. La culture finit par construire le réel et l'enregister dans les diverses formes de la mémoire subjective (réflexes, mots et images) ou objectives (objets, outils, paysages, livres, mémoires numériques, codes et règles...).
2°) La culture de l'individu
La culture est indispensable à l'individu dans sa vie matérielle, pour s'insérer dans le tissu social, pour donner un sens à ce qui l'entoure. Elle donne lieu à des stratégies individuelles différentes selon les âges de la vie. La géographie de l'homme résulte de la culture plus que de son hérédité biologique.
3°) Culture et vie sociale
La communication entre membres d'une société passe par des relations institutionnalisées hiérarchisées et fonctionnelles (ex :entreprise) ou égalitaires et affectives (ex : famille).
La cohésion sociale s'organise à travers les diverses communautés (Tönnies) : communautés de sang (familles, clans, structures de parenté), communautés idéologique et de projet (religions, utopies), communautés de rôles (ex : syndicats, classes sociales).
A la marge des communautés structurées se trouvent les marginaux : populations isolées (montagne, fronts pionniers, solitude ou ghettos des grandes villes ) comportements cathartiques (fête, drogue), contre-cultures. En déstabilisant les structures rigides, la crise permet l'innovation culturelle.
4°) La culture : ordre institué et mythes fondateurs :
Le discours a un rôle descriptif mais aussi émotif, donc prescriptif. La vie sociale a besoin de règles morales et de légitimité. L'ailleurs et l'au-delà sont l'objet d'une topologie des réalités ultimes qui donnent leur sens à la nature, à la société, et à l'individu tels que nous les observons dans notre univers sensible. La religion, la métaphysique, la fable rendent compte de l'au-delà. Le pouvoir tire sa légitimité de l'au-delà auquel adhère la société.
Pour renouer avec la pureté des principes de base et fonder les interprétations symboliques qu'elles proposent, les sociétés ont besoin d'individus intermédiaires (le prophète, le chaman, le héros, l'intellectuel...) et de comportements appropriés (méditation, prière, transe et sacrifice, engagement militant).
L'au-delà qui fonde la pensée normative justifie à la fois l'existence des cultures (qui groupent ceux qui partagent la même foi) et des sociétés (qui rassemblent ceux qui vivent sous le même pouvoir). Cette identité s'exprime par des symbôles (la croix, le drapeau, le territoire, les lieux de mémoire...).
5°) Les relations entre différentes cultures
La communication entre cultures rencontre trois obstacles :
- La distance : la géographie (Hagerstrand) a cartographié divers modèles de diffusion et de répartition des traits culturels.
- Les codifications et barrières politiques : problèmes de langue et d'écriture, frontières politiques. Ces barrières peuvent se franchir par la traduction, l'adaptation, le voyage, les intermédiaires multiculturels
- Les barrières culturelles des identités fortes : Le refus des valeurs différentes est l'obstacle majeur
- Pour les traits culturels indépendants, la diffusion tend à créer autant d'aires qu'il y a de foyers d'innovation. Les traits culturels spécifiques s'arrêtent souvent sur les lignes où changent les langues et autres systèmes de signes . Diverses cultures peuvent cohabiter dans un même lieu et s'interpénétrer sans perdre leur spécificité.
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III-CULTURES, MILIEU ET PAYSAGE
1°) La culture fournit les moyens de marquer, découper, approprier l'espace.
Carte mentale, repérage par coordonnées, cartographie, baptême des lieux, fléchage d'itinéraires, appropriation des territoires.
2°) Les rapports des groupes avec leur environnement : la médiation des technologies : outils, machines, systèmes
- les sciences des milieux et du vivant
- la maîtrise du vivant : production agricole et animale
- exploitation des mines et carrières
- transformation des matières premières
- transport et distribution physique
- travaux publics et construction
- techniques sociales de l'environnement (droit foncier,urbanisme)
3°) La médiation alimentaire:
La conservation des denrées, leur transformation, la cuisine, les manières de table sont fortement chargées de culture.
4°) La culture et l'espace humanisé
- les logiques de la production primaire, de la transformation, des services et de la distribution
- l'organisation sociale dans la genèse des espaces humanisés : les acteurs et leurs pouvoirs sur l'espace
- évolution et réinterprétation des espaces humanisés
- lecture du paysage
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