I- LA MONDIALISATION
Phénomene essentiel par son intensité, mais il a fallu du temps à l'OCDE pour prendre conscience des implications: un Français est immédiatement soupçonné de protectionnisme. Le theme de la mondialisation sera évoqué au sommet du G7 à Lyon.
L'ouverture progressive des frontieres, la diffusion du progres technique, l'intensification de la concurrence engendrent des conséquences dans tous les domaines : marchés de capitaux, échanges de biens et services, information.
Pour les entreprises, le marché des ressources et opportunités s'étend désormais à la planete. Cela concerne toutes aussi les PME. Les individus sont concernés en tant que consommateurs et producteurs.
Implications aussi pour les états : nécessité d'harmonisation et de coopération dans bon nombre de politiques nationales en matiere de regles de concurrence, fiscalité, environnement, régimes d'investissement, normes sociales.
L'intensification de la concurrence implique pour tous les pays l'obligation de s'adapter rapidement, sous peine de résistances au changement. Si on ne prend pas soin des sociétés, on subit des pressions protectionnistes.
II- LES RISQUES
Risque de déflation ? les marchés financiers détestent l'inflation. Ils évaluent la qualité des politiques économiques et se placent là où c'est le mieux. Risque de surenchere de vertus anti-inflationnistes, par exemple entre la France et l'Allemagne ?La réponse n'est pas claire. Les puissances moyennes sont plus sensibles à la nécessité de s'aligner.
Instabilité par les flux financiers qui se déplacent d'un bloc en l'absence de zones d'équilibrage (phénomenes de " carene liquide "). Mais, du fait de la concurrence, il y a efficience, transparence, rationalité croissantes, jamais atteintes depuis l'origine de l'activité économique, ce qui diminue le risque.
Ils concernent l'environnement écologique et aussi les possibles conflits de puissance entre pays.
Les occasions de conflits se multiplient. Mais leur gravité se restreint à cause de l'interdépendance.
L'ouverture extérieure semble accroître les inégalités entre les revenus élevés et les plus bas. La frontiere Nord-Sud apparaît aussi au sein des sociétés .
Selon les études en cours (notamment aux USA), il y a inégalité croissante ; mais les emplois créés grâce à la mondialisation se situent au-dessus de la médiane de rémunération. Il est important de se préoccuper de cela. Divorce entre la logique globale de changement et la logique des individus qui s'expriment dans un cadre national
Difficulté à faire comprendre la notion de " cohésion sociale " à certains gouvernements : cette cohésion est pourtant nécessaire pour tirer avantage des chances de la globalisation.
III- LES CHANCES
La compétition accroît les chances
L'activité économique vise tout d'abord à satisfaire le consommateur.
En outre, pour la premiere fois, tous les pays ont une chance de s'intégrer, comme le Japon des années 60, la Corée des années 80, les Tigres des années 90 et maintenant l'Amérique latine, la Chine et l'Inde. Ce sont des marchés gigantesques, à la fois clients et concurrents potentiels.
Optimisme :
Le véritable atout : la qualité des hommes. Les inquiétudes que l'on ressent partout, même aux Etats-Unis, s'expliquent parce qu'on est au début d'un nouveau cycle, celui de l'information (analogie avec la diffusion du moteur électrique). Tous les avantages possibles ne sont pas encore explorés.
Meilleure ou pire des choses, la mondialisation est une étape décisive de l'histoire. L'humanité devra bien mesurer les risques pour en tirer le meilleur profit.
IV- REPONSE A QUELQUES QUESTIONS :
Q- Le recrutement de nouveaux membres ?
R- Pas de criteres dans la Convention. Les raisons ont évolué au fil du temps. En 1948, l'OECE était une
condition de l'aide Marshall. Apres la libération des changes, la création de l'OCDE , avec les USA et le Canada , correspondait à la ceinture économique de protection de l'OTAN. L'entrée du Japon, de la Finlande, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande a élargi hors de l'Europe atlantique.
On pourrait penser aujourd'hui à un Club des économies de marché et des démocraties pluralistes. Quid de la Slovénie ou de la Russie ? L'OCDE a-t-elle vocation à l'universalité ? Cela ferait double emploi avec les autres grandes organisations internationales.
Autre voie possible : un Club des " économies qui comptent " : cela ferait adhérer la Russie, la Chine, l'Indonésie, l'Inde, le Brésil mais sans doute pas la Slovénie ou Chypre. L'accueil des pays d'Europe centrale et Orientale renouerait avec les origines puisque ces pays avaient reçu une offre de Plan Marshall sans pouvoir en bénéficier.
Dans tous les cas, il faudrait adapter le fonctionnement institutionnel et notamment la clause d'unanimité. Sans doute aussi, l'Union européenne représentera-t-elle ses états-membres.
Q- La concurrence des pays en développement ?
R- L'avance technologique des pays industrialisés disparaîtra certainement dans les pays non-compétitifs. Selon
l'intuition du plan Marshall, il reste plus avantageux de commercer entre pays riches qu'avec des pays pauvres. Les problemes de concurrence se compliquent avec l'arrivée des " gros poissons " tels que Chine ou Inde.
Q- L'économie doit satisfaire le consommateur ou l'épargnant ? Quelle place pour la régulation entre le marché et la protection ?
R- On commence à percevoir que le marché globalisé n'apporte pas réponse à tout. Il faut trouver les bonnes disciplines ce transparence et bonne conduite, par exemple dans l'environnement ou la fiscalité.
Q- L'économie doit-elle protéger le consommateur ou se mettre au service d'objectifs nationaux ?
R- Si le critere de l'économie est bien le consommateur, l'objectif de la " politique économique " ne se limite pas à cela. En outre, il n'y a pas que l'économie. Des systemes qui conservent les valeurs ? C'est trop tard, c'est bien difficile.
Q- Si le modele communiste ne s'était pas effondré, on ne plaiderait pas la concurrence. L'OMC permettra-t-elle de donner du temps ?
R- M.Rugiero pourrait répondre à votre question. Il ne sera pas facile de combiner la rationalité économique de la globalisation et la diversité des systemes culturels.
Q- La double exclusion : les pays pauvres et les fractions de population à l'intérieur des pays riches ? Les normes sociales ?
R- L'OCDE estime utile d'étudier l'impact des normes, par exemple les normes de l'OIT (association,
négociation collective, travail des enfants, travail forcé, non-discrimination...)Mais ces normes ne sont pas ratifiées par tous, y compris à l'OCDE. On y a renoncé à lier ces normes à des sanctions commerciales.
Il n'existe pas de lien de causalité entre le non - respect des normes sociales et la compétitivité ; mais il existe une corrélation positive entre le développement général et le respect de ces normes. L'OMC doit examiner ces points à la Conférence de Singapour (décembre 1996).
Les pays pauvres, notamment l'Afrique, se rendent compte de la nécessité d'une gestion mieux ordonnée et moins dépendante de l'aide étrangere. A l'intérieur des pays avancés, la réponse au besoin de cohésion sociale réside dans la solidarité. Je suis plutôt optimiste.
Notes complémentaires (exposé du 11/06/2001)
Prédécesseur de l'OCDE, L'OECE , organisation européenne de Coopération économique est née de la volonté américaine de lier l'aide économique à l'adoption de proincipes libéraux en matière d'échanges commerciaux et de convertibilité des monnaies. ce qui a conduit à la confrontation des politiques économiques. Cette mission s'est achevée en 1958
Création de l'OCDE: par entrée des Etats-Unis et du Canada. Les méthodes de travail changent:
* ce n'est plus une organisation financière
* ce n'est pas une organisation supranationale
* fonctionnement par comités spécialisés (environ 200) combinant experts administratifs et politiques. secrétariat composé d'environ 8 à 900 fonctionnaires et chercheurs.
* on veille à connaissance des faits par vérification des données
* rôle de la "pression des pairs" (deux pays examinateurs) dans l'examen des politiques nationales (environ tous les 18 mois pour chaque pays)
* dans ses études, l'OCDE a anticipé diverses évolutions: environnement, agriculture, emploi, multinationales...
Citation d'un Japonais: "C'est le seul endroit où je me sens en discussion, pas en négociation". Le "mode discussion" l'emportera-t-il sur le "mode négociation" de l'OMC?
Nouveaux défis
* la mondialisation: prévue au début des années 80; les AngloSaxons considéraient ce thème comme une manoeuvre des protectionnistes. quelques mandats restreints: discussions sur l'AMI, la corruption
* l'élargissement
- entamé avec Japon, Australie, Finlande
- coopérations techniques avec les pays de l'Est en transition, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil. L'OCDE ne peut pas devenir l'ONU...
* Quel avenir?
- l'Europe d'une seule voix? C'est déjà le cas quand l'Union européenne a une compétence exclusive. Aujourd'hui, 23 pays européens sont membres
- autres groupements? MERCOSUR? ASEAN?
- flexibilité pour incorporer divers pays concernés par des sujets particuliers?ex. sur paradis fiscaux
- la "société civile" a été associée dans les questions d'environnement. Problème de la légitimité des ONG.
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