Le domaine de l'économie n'est pas aussi nettement délimité que le laissent supposer les courbes élégantes de confrontation de l'offre et de la demande qui se rencontrent en un seul point d'équilibre.
* Le noyau dur de l'économie comporte les activités de production, d'échange et de consommation. On y trouve des opérations routinieres et répétitives qui relevent de l'art de l'ingénieur, supportent le traitement mathématique d'utilisation des ressources rares et le calcul des probabilités.
L'économie comporte aussi une foule d'autres activités qui plongent dans l'incertitude relative du "socio-culturel" et relevent de choix subjectifs, par exemple le travail, le statut de la richesse ou de la propriété, les choix de consommation, le régime des échanges.
* L'aspect économique -coûts et profits- des autres activités humaines, quelle qu'en soit la logique propre : de la vie de famille (reproduction de l'espece, éducation, relations entre personnes) à celle de l'Etat (sécurité, solidarité...) en passant par les relations entre groupes spontanés et les modes de vie.
* Les contraintes, normes et valeurs imposées par la vie économique aux autres activités humaines : discipline de vie (par exemple les horaires), obligation morale de travailler d'épargner...et de consommer. En Occident, ces valeurs se sont progressivement substituées à la conception religieuse de l'existence. Seules les contraintes de la guerre ont occasionnellement une force aussi prégnante.
L'objet de l'économie n'est pas en principe de l'ordre politique: il s'agit de produire et de consommer des richesses.
Le fonctionnement de l'économie "pure" n'est pas dénué de risques proprement économiques résultant des comportements d'acteurs (concurrence, mauvaise appréciation des marchés) et des dysfonctionnements de systeme: les économistes théorisent sur les cycles mais ne peuvent les prévoir, "la main invisible du marché" est parfois lourde, les pannes systémiques paraissent procéder des lois irrationnelles de la panique ou de ce que M.Raymond BOUDON considere comme "les effets pervers d'agrégation" de comportements individuels logiques.
Le risque macroéconomique résulte des mécanismes de fonctionnement de l'économie au niveau national; il ne s'identifie pas totalement au risque-pays qui inclut en principe des risques naturels (climat, séismes...) et sociopolitiques ou culturels.
1°) L'équilibre économique:
La capacité pour un état d'honorer ses engagements extérieurs, et souvent sa bonne volonté à le faire, dépendent d'une équation économique élémentaire:
CONSOMMATION+ INVESTISSEMENT+ EXPORT= PRODUCTION+ IMPORT
Les ruptures de cet équilibre fondamental entraînent à plus ou moins long terme, des incidents annonciateurs de risque politique:
- dans l'ordre financier: les distorsions entre quantités physiques entraînent des effets sur le prix des produits et services (inflation), sur la valeur ou la disponibilité des devises, sur le service de la dette et la confiance des investisseurs étrangers.
- dans l'ordre social: mécontentements liés aux pénuries et au prix des ressources nationales ou importées, exode de la main d'oeuvre et des capitaux.
- dans l'ordre politique: conflits entre dirigeants et opposants, réactions protectionnistes et xénophobes, agressivité extérieure par compensation.
2°) Les contenus de l'équilibre:
a) Les données de base:
Elles consistent en stocks et flux de ressources naturelles disponibles pour une population donnée. Un indicateur grossier est le Produit intérieur par habitant. Il conviendrait peut-être de calculer un indice de richesse potentielle par habitant, ce que serait le stock de ressources valorisables si la population y apportait le soin convenable.
Du point de vue politique qui veut prendre en compte satisfactions et insatisfactions, il faudrait s'appuyer sur un indicateur "objectif" du Bonheur National Brut. La version la plus approchée est l'indicateur de développement humain (revenu, espérance de vie, alphabétisation) calculé par les Nations-Unies.
La maximisation du Bonheur National Brut ne garantit nullement la stabilité politique:
- elle peut entraîner des tentations de prosélytisme : le fardeau de l'homme blanc, la Cité de Dieu ou d'Allah, le communisme dans tous les pays;
- elle peut dégénérer dans l'ennui raffiné du Bas Empire et des riches démocraties ("Sire, la France s'ennuie"), le suicide démographique ou les paradis artificiels;
- elle suscite des envieux : Abel et Caïn, nomades et sédentaires, "couches dangereuses de la société";
b) Les choix collectifs:
Les choix de société, conscients sous la forme de décisions politiques ou inconscients selon les moeurs et les coutumes, définissent les termes de l'équilibre:
* Les ressources disponibles:
Elles ne dépendent certes pas seulement des apports de la nature mais aussi de facteurs institutionnels orientables par l'action politique:
- la capacité technique : systemes de production, branches d'activité et spécialisations, qualifications professionnelles, est l'intermédiaire entre population et ressources. On peut y rattacher les attitudes devant le travail et plus généralement devant la vie économique (argent, épargne, profit, risque, esprit d'entreprise, ouverture extérieure etc...).
- les ressources provenant de l'étranger par l'importation de biens, services et capitaux. La disponibilité de telles ressources dépend de la capacité d'imposer aux fournisseurs étrangers un prélevement par la contrainte ou la solidarité politique, ou d'établir avec eux des relations commerciales stables et confiantes.
* l'utilisation des ressources:
- les choix entre consommation et investissement ou entre consommation immédiate et consommation différée par l'épargne;
- les choix entre consommation privée (train de vie des ménages, des entreprises, des associations) et consommation collective (train de vie de l'Etat, fonctions régaliennes, service au public, fonctions de redistribution).
- les choix entre consommation de biens industriels, éventuellement poussés par la publicité et l'obsolescence artificielle, et le recours aux services marhands (commerce, hôtellerie, voyage), ou non-marchands (santé publique, éducation, infrastructure).
- choix spontanés ou préorientés sur les modes de satisfaction des niveaux de besoins : besoins primaires (alimentation, santé, reproduction, abri, confort physiologique), sociaux (sociabilité, estime), individuels avancés (réalisation de soi).
Dans le systeme capitaliste ou libéral d'utilisation des ressources, et selon les bons principes de la démocratie de marché, la demande des ménages joue un rôle essentiel sur l'orientation des dépenses des entreprises et des services publics.
Le libéralisme poussé à l'extrême pourrait cependant renverser cette préférence dans l'hypothese où "la demande extérieure adressée au pays" deviendrait plus solvable ou plus rentable que la demande intérieure, hypothese nullement irréaliste dans certains cas par exemple taux de change favorables et autres avantages donnés aux exportateurs pour rembourser la dette extérieure ou pour acquérir à l'étrager des positions de puissance. Il pourrait en résulter alors des pénuries génératrices de tensions : cela s'est vu dans les pays soumis aux ajustements structurels demandés par le FMI et la Banque Mondiale.
Dans les pays en voie de développement tirés par les exportations de matieres premieres, c'est la ressource extérieure disponible qui commande la formation des revenus et leur utilisation.
Pour des raisons bien compréhensibles, la politique économique est au coeur des préoccupations en matiere de risque politique. C'est en principe dans l'économie que certains politiciens manifestent le plus nettement leur volonté d'intervention; c'est par là aussi que le politique est le plus susceptible de porter atteinte aux entreprises.
Encore qu'on pourrait soutenir que la politique de sécurité et celle des libertés, l'éducation et les droits sociaux sont tout aussi pertinents pour la survie des entreprises. Disons qu'il est plus facile de formaliser et quantifier un déficit budgétaire ou un prélevement fiscal qu'une politique sociale ou un mécontentement populaire susceptible d'entraîner des troubles.
A.GARCIA
COMPLEMENTS
<TABLE DES THEMES> <BIBLIOGRAPHIE DES THEMES> <THEMES SUR INTERNET>
<Table Société> <Table politique><Table Economie><Table Planete>
A new book, "Managing International Political Risk," examines the changing nature of threats to investors and lenders associated with foreign direct investment in resource and private infrastructure projects. This volume is the product of a symposium on International Political Risk Management and the Role of Political Risk Insurance held under the auspices of MIGA and the Karl F. Landegger program in International Business Diplomacy at the School of Foreign Service, Georgetown University. Practitioners from Enron, Chevron, Exxon, Lloyd's of London, Citicorp, GE Capital, Standard & Poor's and American International Group analyzed the tools, techniques, and strategies adopted by firms and financial institutions to manage political risk while investing in emerging markets. For information contact Blackwell Publishers at http://www.blackwellpublishers.co.uk/asp/book.asp?ref=0631208801 (source: IPANET newsletter 11/1998)
This month PrivatizationLink features an analysis of the use of political risk insurance (PRI) in privatization transactions and projects involving private participation in infrastructure (PPI). This feature examines trends in privatization and PPI, discusses the benefits of PRI to investors and governments, and reviews three recent case studies where PRI facilitated significant transactions in Africa, Asia and Eastern Europe. Political risk insurance can play a key role in bringing governments and the private sector to a mutually beneficial result by offering benefits to both. For investors and their lenders, obtaining political risk insurance alleviates fears of perceived political risk, helps improve the risk/reward calculation of an investment project and can even bring down the project sponsor's borrowing costs. For the government, lower perceived political risk from the investors' point of view can help maximize the value of privatized assets and broaden the pool of interested investors. Read the full feature online at -- http://www.privatizationlink.com/feature/feature.cfm. Please address your comments and feedback to -- privatizationlink@worldbank.org. Enquiries regarding MIGA's political risk guarantee products should be sent to Federica Dal Bono -- fdalbono@worldbank.org.