Pour nous, hommes de bonne volonté, la violence nous interpelle. J'essaie de comprendre. Je me pose des questions. Y a-t-il une impossibilité latente chez l'homme à vivre en paix avec ses freres en humanité ?
Cette interrogation devient peine et dégoût lorsque la barbarie et la guerre sont manifestées au nom de Dieu, Dieu humble et miséricordieux, Dieu d'amour et de bonté. Il y a des hommes qui s'autoproclament défenseurs exclusifs de Dieu ; tout en prétendant défendre sa cause, ils la bafouent.
On attend des hiérarques religieux reconnus, des dignitaires qu'ils prennent des positions tranchées contre le terrorisme, la barbarie. Ils ne le font pas. Du moins, ils ne le font pas d'une maniere audible, claire. Parfois, ils expriment leur indignation. Mais cela n'a aucun effet sur les criminels et encore moins sur les victimes. Ceux qui le font n'ont pas les tribunes nécessaires pour faire entendre leur voix. Corollaire direct : l'ambiguïté demeure , les amalgames persistent, les raccourcis hâtifs sont là. Le citoyen lambda devient excusable de ne pas s'y retrouver. Ce qui n'est pas acceptable, c'est le discours lorsqu'il est ambigu des autorités religieuses, morales, civiles et politiques.
Heureusement que des rencontres telles que celle de ce jour se multiplient, foisonnent même, permettent de parler, de s'expliquer, de sortir des schémas mentaux qui ont fait beaucoup de mal aux uns et aux autres.
Il faut proclamer haut et fort qu'aucune révolte aussi légitime soit-elle ne peut conduire jusqu'à assassiner, aucune lutte, aussi juste soit-elle, ne justifie les exactions atroces auxquelles nous assistons.
La question est alors celle-ci : tout cela est-il intrinsequement inhérent à l'islam comme religion ou bien est-ce contingent, propre à une période donnée ? Je suis, quant à moi, musulman déterminé dans mes convictions : l'homme est mon frere. La dignité de l'homme est consubstantielle à celle de l'humanité toute entiere.
Aussi épineux soit le sujet, je dis que l'intégrisme islamiste ne doit pas être l'arbre, qui nous cache la forêt d'une religion authentique, affable, d'une religion révélée au sein de laquelle s'exprime une foi immuable.Regardez le milliard de musulmans à travers le monde, l'Umma : ce ne sont pas tous des talibans, ce ne sont pas tous des membres du G.I.A.
Le Djihad On parle de "Djihad" sans en comprendre le sens.
"Djihad" le mot est masculin et non pas féminin comme on le dit parfois. En aucune maniere "Djihad", ne signifie la guerre. En aucun cas, une guerre ne peut être considérée comme sainte, sous quelque religion que ce soit, a fortiori pour l'islam.
Etymologiquement, "Djihad" signifie "faire un effort", un effort de conscience. Le terme a été incorrectement traduit par des orientalistes, parfois de renom.
Cependant, cet effort peut être guerrier. Le verset coranique qui en parle évoque ceux qui font un effort qui peut passer par la priere, par l'épée et d'autres formes d'effort. Par l'épée ? Le contexte historique de l'époque doit ici être pris en considération.
L'islam n'est pas une religion exotique, une religion du désert où des paladins sont venus écumer les contrées avec un sabre d'une main et un Coran de l'autre.
L'islam est le continuateur naturel des commandements de Dieu à Moïse. Les querelles à travers l'histoire ont porté sur des considérations théologiques, mais jamais sur la véracité du message mosaïque et l'authenticité du message christique. Etre musulman, c'est reconnaître l'authenticité, la validité de ces messages.
Averroes et autres Ibn' Arabi parmi tant d'autres croyants musulmans ont apporté leur contribution à la constitution du patrimoine commun de l'humanité.
Nous vivons une période de perte des reperes. On a dit : "Dieu est mort !" Ceci a plongé beaucoup d'êtres dans le désarroi. Le monde est miné par les scandales, le scandale de l'exclusion. Dans ce climat de désarroi, il y a un recours au religieux. Mais que recouvrent ces démarches? Elles n'ont pas toutes le même sens. On voit fleurir concordisme, irénisme, synchrétisme, confusionnisme, tous ces "ismes" dans lesquels tout est dans tout et tout se vaut. C'est comme si on se rendait au supermarché du spirituel pour se procurer le supplément d'âme dont on a besoin. Cela traduit la misere spirituelle des hommes.
La dérive fondamentaliste
Autre dérive : on s'accroche à la lettre, au formalisme menant au fondamentalisme, à l'extrémisme.
Il faut retrouver l'équilibre, restaurer la culture, ouvrir le dialogue. Aucune religion, aucune idéologie ne peuvent fuir le débat. Une religion qui se recroqueville, qui se ferme ne dispose que de la violence et de la terreur pour s'imposer. Comment imaginer s'en remettre à la contrainte pour ce qui releve d'une adhésion intime ?
Je suis de ceux qui balaient devant leur porte. Sortons de l'idée que l'Occident est synonyme de dépradation, dégénérescence et que la civilisation musulmane est passéiste, rétrograde, archaïque.
Il nous faut mettre en exergue ce qui a été l'occasion d'interpénétration culturelle, reprendre les enseignements de la vie d'un Saint François d'Assise, des rencontres entre l'émir Abd el Kader et l'évêque d'Alger de l'époque, Mgr. Dupuch. Il ne faut plus passer notre temps à s'affairer à ce qui seulement nous divise . Exaltons ce que nous avons en commun : les valeurs de l'humanisme, le respect de la vie, les tentatives d'ébauches pour répondre aux questions que l'homme se pose sur le sens de la vie.
Il y a des choses qui nous différencient ? Elles nous font peur ? Apprenons à apprivoiser la peur. Une fois la peur apprivoisée, l'espace de nos différences devient lieu de médiation. L'autre pourra se révéler. Les obstacles se dissiperont. Je ne plaide pas pour la tolérance, qui trahit une attitude snobinarde, altiere, condescendante. Il faut aller vers la prise en compte des intérêts de l'autre, aller vers l'autre dans la sollicitude. (...)
Notes de Michel Cuperly
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