Divers conférenciers de l'Université des savoirs :http://www.tous-les-savoirs.com/
La mégapolisation : le défi de la ville-monde. par Jérôme Monnet
La mégapolisation peut être définie comme le processus qui donne une importance accrue aux villes géantes dans l'organisation de l'espace humain contemporain. Cette importance se reflète dans l'augmentation du nombre des mégapoles, de leur population et de leur rôle dans la création et les échanges de biens, de services, de richesses et d'informations.Au cours du 20ème siècle, la mégapolisation a banalisé sur la planète la figure de la ville-monde, qui apparaissait autrefois, exceptionnellement, à l'apogée d'une civilisation : la Rome antique, la Byzance impériale, la Bagdad des Califes, la Babel du mythe, la Mexico-Tenochtitlan précolombienne, pour n'en citer que quelques-unes. Il s'agissait de villes qui étaient en leur temps le centre de leur monde ; leur complexité interne en faisait un monde en soi, reflet et matrice à la fois du monde extérieur. Le défi de notre temps, c'est de cesser d'interpréter et de traiter les mégapoles comme des exceptions, pour inventer les règles de gestion et de vie commune dans ces milieux cosmopolites probablement destinés à héberger la majorité de l'humanité.
Les rythmes urbains : de la ville à la non-ville par Olivier Mongin
Ce thème est une invitation à spécifier certains caractères propres à la ville et à mettre en scène des évolutions qui donnent lieu à l'hypothèse de la fin de la ville. S'interroger sur les rythmes urbains permet de mieux saisir la nature de la ville et de prendre en considération les rythmes inédits du monde post-urbain qui est en train de se dessiner. Comment se présente dans ce contexte le discours relatif à l'ordre urbain et à la ville traditionnellement liée à la notion d'urbanité ?Un premier discours renvoie à un savoir global, celui de 1'urbaniste, de l'ingénieur, alors qu'un second discours évoque plutôt des fictions, une poétique. Ou bien l'on valorise une approche macroscopique, celle qui associe l'urbain à un Plan et à une maquette, celle qui valorise le dessin et le sens de la vue et l'art de l'ingénieur, celle qui donne lieu à des schémas directeurs et à des politiques urbaines. Ou bien l'on met en avant un imaginaire de la ville, celui des passants, des vagabonds, des passages 5 un imaginaire qui se confond avec la posture du créateur, du poète et de l'artiste. Ces deux approches, la première marquée par le développement technologique et économique et perçue comme progressiste, la seconde renvoyant à une poétique de caractère nostalgique, ont sous-tendu la grande exposition de Beaubourg de 1994 sur la Ville (Art et Architecture en Europe, 1870- 1993) au sein de laquelle coexistaient, les artistes (écrivains, photographes, cinéastes), les architectes, les ingénieurs et les urbanistes.La ville des artistes et la villes des ingénieurs- urbanistes ?
Y a t-il là une opposition insurmontable entre celui qui sent la ville à travers la déambulation subjective qu'elle permet et celui qui réduit la ville à une maquette qu'il dessine objectivement en se mettant à distance. L'un s'aventure dans la ville de l'intérieur, l'autre l'imagine de l'extérieur
Le devenir des villes et la modélisation par Denise Pumain
Pour l'artiste qui la chante, pour l'habitant qui la vit, mais aussi pour ceux qui la gèrent et tentent d'anticiper son développement, chaque ville est un être unique, dont le devenir paraît plein d'incertitude, imprévisible. Pourtant, quand on les considère toutes ensemble, les villes présentent certaines similitudes et cohérences d'évolution, que la mondialisation révèle aujourd'hui au grand public. Ces cohérences sont l'expression des multiples relations qui lient les villes entre elles, par les échanges, la circulation des informations, la concurrence. Elles ont été mises en évidence depuis plus d'un siècle. Les chercheurs ont d'abord représenté les ensembles de villes d'un même territoire par des modèles de réseau urbain, images statiques régulières où dominent les figures du triangle et de l'hexagone. Puis ils ont construit des modèles dynamiques, qui combinent règles et aléas pour simuler les processus de croissance et de différenciation dans des systèmes de villes. Ces travaux s'inspirent de notions élaborées par les sciences de la matière et du vivant, comme l'auto-organisation.
Les modèles urbains ne sont pas cependant que des jeux mathématiques ou informatiques, ils aident à départager certaines hypothèses contradictoires dans les débats actuels sur l'avenir des villes.
Sécurité et insécurité urbaines par Alain Bauer
Les évènements recensés au quotidien dans les villes, les réseaux de transports, les immeubles de logements à vocation sociale, les banlieues qui marquent les limites sans cesse dépassées de la rurbanisation de notre pays, alarment à juste titre citoyens, élus, journalistes.Elles ne représentent pourtant qu'une part relativement faible des agressions verbales ou physiques supportées par les représentants des administrations, des servies publics ou privés avec leurs usagers, clients ou certains habitants.Leur développement, leur violence, la jeunesse de leurs auteurs, interpellent le système social et politique qui a longtemps feint d'ignorer les réalités. Quant il ne s'est pas réfugié dans la contemplation de la confrontation illusoire entre les tenants d'une prévention sociale limitée à son seul objet, et les laudateurs d'une répression sans âme ni objectif autres que l'affirmation de la force. Sans compter les tenants de la logique du " bouc émissaire ", responsable par nature ou par couleur de peau, de tous les maux…..Rien ne serait pire que de jeter l'anathème ou de s'isoler dans une stricte observance niant la complexité des problèmes posés. Il faut savoir sortir de l'affrontement entre deux intégrismes essayant chacun de démontrer la justesse d'affirmations relatives sans jamais fournir de mode d'emploi permettant de répondre à la demande sociale, ni même d'admettre que l'écoute des populations concernées pouvait précéder l'affirmation d'un dogme scientifique.
Au delà du principe occidental qui renvoie la violence vers les pulsions purement animales, il faut rappeler qu'elle est d'abord une affirmation de soi. Elle a même pu, parfois, accoucher du progrès dès lors qu'elle répondait à une violence plus grande encore.
Tourisme et mobilités : héritages, évolutions, innovations, tendances par Jean-Didier Urbain
Au regard de son ampleur contemporaine et de son développement permanent, le tourisme repose cette question fondamentale : pourquoi voyage-t-on ? Car la mobilité d'agrément a ceci de spécifique qu'elle oppose à la clarté des causes des voyages nécessaires, l'opacité d'un désir : ce qui reste du voyage quand aucune raison vitale ne l'impose…
Aussi l'essor de la pratique touristique, bien qu'elle soit héritière et captatrice de modèles, ne peut se réduire à la diffusion d'un usage humaniste ou hédoniste de la mobilité initialement élitiste. A travers es flux et ses destinations, sa diversification et ses inventions, ses formes et ses préférences, se dit bien plus : l'attitude changeante d'un société dans sa relation au monde, à l'autre et à elle-même. |
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