Raisons et contours d'une enquête
Il s'est agi de "tracer les grandes avenues du systeme éducatif du 21eme siecle". En sourdine, comprendre les raisons du dysfonctionnement de l'école en France aujourd'hui. L'enquête a porté sur cent établissements, plusieurs milliers d'enseignants et d'éleves ; les équipes ont étudié les cas allemand, américain, canadien, outre une vaste documentation. Le rapport qui en est résulté, rapidement bouclé, est "le seul de son espece sur le marché". Avec étonnement et quelque tristesse, les enquêteurs ont beaucoup "dérangé" les hommes politiques, les syndicalistes, les enseignants eux-mêmes "en leur parlant de ça". Personne ne veut bouger, personne ne veut se pencher sur des problemes aussi fondamentaux pour notre avenir..
L'une des conclusions conduit à se centrer sur les problemes français et d'éviter la dilution dans l'international. Selon l'orateur, les systemes éducatifs sont consubtantiels aux systemes nationaux. "C'est notre société qui est concernée, point besoin de chercher ailleurs des boucs-émissaires : ou bien nous traitons le probleme, ou bien nous ne le traitons pas, avec l'enjeu de la grandeur de la nation ou la décadence. L'éducation sera faite par la France, non par Bruxelles ou les marchés!..
Propos sur quelques extravagances ordinaires...
20 % des éleves sortent du systeme illettrés (8 %) sinon partiellement (12 %). Ces gens sont où deviendront incapables de comprendre le texte le plus simple. La connaissance, c'est la télé, le bouche à oreille, rien d'autre.
La situation s'est doublement aggravée, moins par baisse de niveau que par une soudaine élévation en 20 ans de la demande professionnelle. Aujourd'hui un illettré n'a aucune chance de trouver du travail. Plus généralement, l'écart entre le systeme éducatif et l'exigence de la société s'est creusé. L'explosion de la navette spatiale en raison de la faiblesse d'un joint obsede les responsables : l'entreprise est menacée par le maillon le plus faible d'où des exigences grandissantes dans les modes de sélection. "On est ahuri devant la sévérité qui a cours du fait de la concurrence". Formation et reformation sont autant de tests pour le personnel. Devant cette situation, "le systeme éducatif doit se moderniser à toute allure". Il ne l'a pas encore fait.
Le conférencier releve de nombreuses anomalies illustrant l'inadéquation du systeme. Ainsi la violence n'est certes pas le fait direct de même couleur que leurs éleves". En France il n'en est pas question. Or beaucoup d'indices sont contre cette position théorique : la société est trop éclatée pour qu'on se refuse à des mesures radicales ; on ne peut maintenir l'institutrice classique au milieu des enfants maghrébins ou noirs des ouvriers de Poissy !
L'enseignement supérieur :
Est-il logique que 50 % des étudiants (800.000) fassent des études de Lettres ou de Droit dans un pays industriel, matieres nobles certes mais de faible valeur marchande, et qu' ils prolongent leurs études bien au delà de la moyenne européenne, tandis que leurs difficultés face au travail sont accrues d'autant ? Est-il admissible que les Grandes Ecoles polarisent 40 % des ressources en faveur de 25 % d'une classe d'âge, etc...
Idée de réforme, réforme des idees
De toute urgence "il faut casser le Ministere de l'Education nationale, tourner la page de l'ere napoléonienne". Le centralisme issu d'une pensée militaire et ecclésiastique (sic.) n'est plus de mise aujourd'hui pour l'éducation. Un "ministere de missions" doit le remplacer avec effectif réduit et volonté forte, en charge de deux ou trois opérations dont la plus importante serait l'évaluation, non pas l'appréciation bureaucratique des personnels qui a cours mais celle qui traiterait des "quantités d'innovations qui se produisent aujourd'hui dans la clandestinité et la crainte". Le Ministere est aveugle sur ces expériences, il se cantonne à deux événements estimés majeurs: les frémissements de la rentrée, les statistiques du baccalauréat . Hormis ce "tohu bohu" tout le monde retourne à ses routines.
Pour aérer le systeme, donner l'autonomie la plus large possible aux Etablissements et aux Universités, mettre à la tête des personnes capables rompus aux méthodes modernes d'autorité, faire place à une véritable orientation des éleves et des étudiants, créer de nouvelles filieres, embaucher le personnel compétent , gérer un budget décent (le budget de l'Education nationale est inférieur à tous les budgets de pays comparables) expérimenter des méthodes et les évaluer sur quelques années. Notre école est dans l'état où se trouvait l'industrie en 1950..
Faut-il rappeler que l'Ecole est au service de la République, que l'opinion doit pour notre jeunesse exiger des décisions immédiates et sans complaisance. Des Assises vont se tenir bientôt en ce sens.
Notes d'Henri Douard, non revues par le Conférencier
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