Les temps d'ouverture internationale et de dérégulation s'avèrent propices à la réflexion sur les politiques publiques (efficacité dans la satisfaction des citoyens et usagers) et la gestion publique (efficience dans l'emploi des moyens).
En France notamment,plusieurs colloques d'envergure ( Institut de l'Entreprise,Anciens de l'ENA) et de nombreux ouvrages et articles examinent le meilleur usage de ressources qui représentent en moyenne 40% du PNB des états modernes.
L'évaluation des politiques publiques (voir bibliographie ) est un nouveau theme d'interface entre les préoccupations du gestionnaire (efficacité de l'emploi des moyens) et celle de l'homme politique(obtenir la reconnaissance d'une action globale ):il s'agit d'examiner l'efficience,donc les résultats d'un service ou d'un projet public.
LES MOYENS PUBLICS:
La gestion publique,voire "l'Administratique",consiste à employer au mieux les moyens tels qu'ils sont, certes pour un meilleur service aux usagers-clients mais aussi pour diminuer le gaspillage que peuvent engendrer les situations hors concurrence.
1°)Les moyens juridiques:
On a vu plus haut que l'Etat abandonne une part de ses attributions juridiques,au profit d'autres institutions,comme les organismes internationaux ou les collectivités territoriales,ou au profit de la "société civile" et notamment des entreprises (libération du marché).
La contrainte d'Etat,a fortiori celle des institutions déconcentrées ou décentralisées semble devoir de plus en plus passer par la communication,l'animation,la négociation avec des groupes particuliers,minorités ethniques,gardiens de prison ou détenus.Ce recul de la regle générale au profit des intérets spécifiques médiatisés (et pourquoi pas armés d'explosifs ou de gros engins mécaniques?)ne facilite guere l'action des pouvoirs publics ni meme celle des services publics (ex:transports)
Le contrat est de plus en plus utilisée dans les nouvelles politiques sociales de l'Etat telles;que le développement urbain ou la délinquance (voir:Informations sociales,Juin 1992).
2°)Les moyens financiers:
Dans les années 70,les dépenses publiques dans les pays de l'OCDE étaient passées de 31,5% à 37%du PNB.Les économistes ont fait accepter aux gouvernements l'idée d'une nécessaire réduction des dépenses.En fait,dans les années 80,la moyenne s'est encore élevée,à 40%, ne serait-ce qu'à cause du ralentissement de croissance du PNB.Seules l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont réduit leurs dépenses.
Dans l'ensemble,les subventions,les salaires publics,les investissements d'infrastructures, l'éducation et le logement ont été réduits;les budgets de santé et de sécurité sociale se sont partout gonflés.
Pour les années 90,on prévoit des difficultés pour diminuer plus avant:
-la récession continue à peser sur les recettes,les dividendes de la paix se sont évanouis dans le Golfe;
-la dégradation des infrastructures est un obstacle à la productivité (aux Etats-Unis);l'éducation et la santé offrent désormais des prestations de seconde classe
-la fonction publique ne supporte plus de reculer devant les hausses de revenus du secteur privé;
-des demandes nouvelles se développent avec le vieillissement de la population et la protection de l'environnement;
-les industries de consommation sont suréquipées et ne proposent plus guere d'alternative crédible pour des consommateurs saturés de produits inutiles.
La nouvelle tendance pourrait donc s'orienter moins vers la réduction de la dépense publique que vers un meilleur usage des ressources
3°)Les moyens humains:
La nécessité de maintenir un faible niveau de déficit public est la contrainte essentielle de la gestion des personnels publics.Un peu partout dans les pays industrialisés,on obtient des économies sensibles en réduisant les effectifs et en stabilisant les revenus.Si le recrutment concurrentiel de prestataires privés (voir article sur la "privatisation"des fonctionnaires britanniques)n'est pas une panacée,on s'efforce de dynamiser le personnel par des programmes de formation,la responsabilisation par le changement négocié par "projets de services"décentralisés.
Inquiet de la montée de la corruption,le patronat réclame des sanctions séveres pour les fonctionnaires qui pratiqueraient la loi du profit (nombreux colloques,notamment à l'Institut de l'Entreprise).
A noter aussi,dans les pays de la Communauté Européenne, l'effort pour adapter les fonctionnaires à la coopération entre états-membres (échanges de fonctionnaires,acces aux emplois...).Voir par exemple le Programme Matheus concernant les douaniers.
4°)Les entreprises publiques:roles et statuts
Le mouvement de privatisation des années 80 répond à une logique budgétaire (récupérer des recettes par la cession d'actifs et la diminution des subventions ou des participations au capital) et à une logique d'émancipation industrielle.
On sait qu'en France,le gouvernement s'apprete à "des cessions d'actifs pouvant aller jusqu'à 49% du capital",ce qui permet de ne pas écorner le dogme du ni-ni.
En Grande-Bretagne,les fonctionnaires de la Treasury jouent au YLOPONOM,qui est l'inverse du jeu d'investissement du MONOPOLY.La plus grande braderie de l'Histoire qui a commencé il y a 12 ans avec British Petroleum .D'apres une étude du Centre for Economic Policy Reseach,les gains de productivité obtenus avant les privatisations étaient souvent supérieurs à ceux des meilleurs exemples tels que British Gas ou British Telecom.Les nouveaux privatisés privilégient les profits en utilisant une position quasi-monopolistique.
L'Allemagne a lentement privatisé son patrimoine hérité du Troisieme Reich
(VEBA,VIAG,Volkswagen,Preussag,Salzgitter) On hésite à privatiser la Bundesbahn,Deutsche Telekom et Lufthansa à cause du poids des pensions.La privatisation des combinats d'Allemagne de l'Est,est ralentie par l'incertitude sur la propriété et par la mauvaise productivité des entreprises.
Le secteur d'Etat italien est sans doute le plus important en dehors des anciens pays communistes.La sitauation des grands holdings (ENI,IRI,EFIM)n'est guere propice à la cession d'actifs.En aout 92,les 4 grands hodings sont transformés en sociétés par actions en vue de leur privatisation.
Le nouveau gouvernement suédois s'apprete à privatiser des entreprises aussi bien gérées que le secteur privé.
Dans les pays en voie de développement ,les privatisations sont vivement encouragées par le FMI et la Banque Mondiale,notamment en Amérique latine et dans les pays de l'Est:les investisseurs étrangers ne sont guere enthousiastes.
Françoise Dreyfus " L'invention de la bureaucratie: servir l'état en France, en Grande Bretagne et aux Etats Unis (XVIII° -XX° siècle) Editions La Découverte
A-ORDRE ET SECURITE:
La premiere responsabilité des services publics est d'assurer le fonctionnement régulier de l'Etat de droit, la sécurité des personnes et des biens à l'intérieur ,la protection du territoire et la défense de l'identité nationale.
1°)La défense nationale:
C'est sans doute le service public qui se trouve confronté aux interrogations les plus profondes concernant ses objectifs, ses méthodes et ses moyens.Aucune activité économique (pas meme l'agriculture européenne apres la modification de la PAC) ne se trouve aussi profondément remise en question par les évenements.
-la fin de la guerre froide fait en principe disparaitre un certain type d'ennemi et un certain type de guerre;la frontiere est repoussée.Le risque,jusqu'ici raisonnablement encadré dans une stratégie de dissuasion,résulte désormais de l'anarchie possible parmi les détenteurs d'armes de destruction massive.
-la sécurité passe fréquemment par des interventions de type colonial,pour protéger des ressortissants ou des interets économiques;ou encore par des mesures proches du maintien de l'ordre contre la guérilla ou le terrorisme,voire le banditisme et la drogue.
Voir Général Etienne Copel: Le nécessaire et l'inacceptable (Balland)
Ceci pose aux autorités de défense-pas seulement en France- un vaste probleme de management:
-armée de professionnels avec force d'intervention hautement spécialisée ou "nation armée"avec conscription et service civique généralisé?
-"indépendance nationale"ou coopération avec les européens et d'autres ?
2°)la sécurité intérieure:
-la criminalité et la délinquance individuelle, ou de groupe(Mafia? extremistes)
-les oppositions politiques armées (ethnies,régions)
-les manifestations catégorielles (greves insurrectionnelles ou paralysantes,blocage des infrastructures etc...)
B-ECONOMIE
Voir,pour la France,les rapports annuels du Haut Conseil du Secteur Public (Documentation Française)
Les services publics de l' économie sont chargés :
-de produire directement des produits et services non suffisamment fournis par le secteur marchand (ex;énergie,infrastructures,transports,télécommunications,arsenaux etc...)
-d'organiser et réguler la production et la distribution des biens et services;
Le probleme majeur des gestionnaires,au moins dans les sociétés avancées, est d'organiser leur retrait souhaité tout en répondant aux exigences accrues du public et à l'incertitude de l'environnement économique et financier.
-Comme pour toute entreprise se pose le probleme d'adaptation quantitative et qualitative à la demande du public;
-le financement est gené par le statut public pour l'apport d'argent frais comme pour la tarification des services
-la nécessaire coopération internationale est frenée par ce meme statut et par les contraintes imposées par les institutions nationales ou internationales.
-la dérégulation a entrainé de profonds désordres dans les services publics américains et britanniques(notamment les transports).
C-SOCIETE:
-Le domaine de la santé,en forte progression,est sans doute le plus dur obstacle à la diminution des dépenses publiques en faveur de la consommation privée.Il existe certes une pression de l'offre (médecins,pharmacie) mais aussi des facteurs "objectifs" de la demande(démographie,nouvelles pathologies)ainsi qu'un consensus social pour la croissance de soins préventifs ou curatifs.
-Education:
Là aussi la demande est importante.Prolongation du mode de vie adolescent,diversité et inégalité des besoins,décalage entre l'éducation et la vie,concurrence des media et de la bande,impossibilité de réclamer aux usagers le prix réel du service;partout l'éducation est en crise (Etats-Unis,France,pays en voie de développement..
-Aménagement du territoire:
La localisation des activités,le désengorgement des infrastructures de transports,l'organisation des espaces urbains,le logement à prix acceptables
-Environnement:
L'écologie est devenue politique et donc objet de gestion publique revendiquée et controlée.Comme les sujets eux-memes,les compétences sont tres partagées en matiere d'environnement,du niveau planétaire à la gestion locale.Comme leurs confreres du privé,les décideurs publics sont à la recherche d'un "management vert".
Cet inventaire superficiel des services publics montre la complexité des situations: les problemes d'objectifs,de structures,de financement,de rapports avec les clients sont infiniment plus importants et plus complexes que dans le secteur privé où les criteres sont simples (rentabilité).Compte tenu de l'impact des décisions à prendre,des attentes de l'opinion souveraine,il serait puéril de transposer purement et simplement les méthodes de management privé.
La sécurité des biens et personnes: nouvelle préoccupation
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