La bataille d'Al Kahfji * La bataille d'Al Khafji est un épisode peu connu de la guerre du Golfe. Saddam Hussein était convaincu qu'une bataille meurtrière avec l'armée américaine pourrait changer la situation stratégique, compte tenu de l'attitude du peuple américain à l'égard des pertes humaines au combat.
Renseigné par les Russes, il a eu l'idée de provoquer cette bataille par surprise, de nuit, en profitant d'une période de mauvais temps où, pensait-il, les satellites de reconnaissance et l'aviation de combat seraient inefficaces.
Le 25 janvier 1991, l'occasion était d'autant meilleure que le VIIème corps américain entrain de faire mouvement vers l'ouest, n'étant pas encore prêt au combat.
Dès la première nuit, les Américains étaient alertés sur la possibilité d'une attaque importante par la troisième division blindée et par la 5ème division mécanisée irakiennes, renforcées par d'autres éléments. Ils ne connaissaient pas encore le lieu de l'attaque, mais les avions de surveillance du champ de bataille Jstars fournissaient déjà sur les véhicules en mouvement des renseignements suffisamment précis pour en permettre l'attaque de nuit par des moyens aériens.
Les attaques aériennes ont duré du 25 au 30 janvier : 357 chars d'assaut et 147 véhicules blindés ont été détruits. Le commandant irakien de l'opération a demandé l'autorisation d'arrêter l'attaque, ce que Saddam Hussein a refusé au nom de la " Mère des batailles ".
Les derniers éléments survivants ont été repoussés par une brigade d'infanterie saoudienne renforcée par une compagnie de chars qataris.
Cette opération était la première manifestation importante de l'avantage acquis par la révolution en cours dans les affaires militaires (RMA).
Le bond technologique
Si l'explosion de la bombe d'Hiroshima a brutalement révélé au monde une révolution dans les moyens de la stratégie, la révolution dans les affaires militaires dont il est question ici, est tout aussi importante mais beaucoup plus progressive et de ce fait moins perçue comme une " révolution ".
Elle est née essentiellement du développement des circuits électroniques, de plus en plus complexes, de plus en plus miniaturisés et de moins en moins coûteux. Ils ont permis le développement des télécommunications, de l'informatique, des activités spatiales et des automates en tous genres avec les avantages suivants : la saisie, l'exploitation et la diffusion d'informations de plus en plus abondantes et de plus en plus précises, à moindre prix.
En 1965, la location d'un circuit téléphonique transocéanique coûtait 32 000 dollars, en 1980 elle coûtait 4680 dollars et aujourd'hui nous arrivons à 750 dollars. Sur les satellites de l'organisation mondiale des télécommunications Intelsat, le nombre des circuits embarqués est passé de 240 à 112 500 .
Les promoteurs de cette révolution ont été les militaires américains stimulés par la rivalité avec l'URSS. Ils en tirent les avantages suivants :
. 75% à 80% des transmissions militaires à longue distance américaine ont lieu par satellites, sans déploiement d'infrastructures.
. La fréquence des informations a aussi beaucoup augmenté : de l'ordre de quelques heures en 1990, nous allons vers une surveillance mondiale renouvelée toutes les quinze minutes avec le développement d'essaims de petits satellites.
. La reconnaissance par satellites qui a commencé en 1962 (satellite Corona) permet depuis deux décennies des observations ponctuelles d'une précision décimétrique.
. La surveillance des activités spatiales et l'alerte instantanée aux tirs de missiles balistiques : lors de la guerre du Golfe, les batteries de missiles sol-Air Patriot, déployées en Arabie Saoudite et en Israël, étaient alertées de l'arrivée d'un missile irakien dans leur zone d'action par le commandement spatial de l'Usaf implanté aux Etats-Unis, à Colorado Springs.
. La navigation guidée par satellites (GPS) avec une précision de l'ordre de quelques mètres (GPS différentiel), offerte gratuitement à tous les acheteurs d'un récepteur.
. La cartographie : les archives de données géographiques augmentent à la cadence de 20 térabits par semaine, soit l'équivalent de 20 millions de livres de 500 pages ;
La conduite des opérations
Concrètement, ces progrès donnent à ceux qui en bénéficient une connaissance quasi instantanée des capacités, du déploiement et des mouvements de tout adversaire potentiel. Ils permettent ensuite de diriger en temps réel la manouvre bien renseignée des moyens militaires, jusqu'aux plus petites unités. Ils permettent aussi la connaissance des points les plus névralgiques du dispositif adverse et leur attaque à distance, avec une précision équivalente au rayon de destruction de l'arme utilisée.
La supériorité acquise par les Américains sur un adversaire qui ne dispose pas ou faiblement de ces avantages est telle qu'elle justifie les expressions médiatisées : " multiplicateur d'efficacité " ou " zéro mort ", pour le cas où cette supériorité bien annoncée ne serait pas suffisamment dissuasive.
Si la RMA occupe beaucoup de place dans la littérature américaine, c'est parce qu'elle n'est pas terminée. Pour ses initiateurs, une révolution dans les affaires militaires est caractérisée par quatre phases consécutives : un bond technologique, la réalisation d'armements nouveaux, l'innovation dans la conduite des opérations, enfin l'adaptation de l'organisation.
Si les trois premières phases poursuivent leur progression sans changement de rythme, c'est la quatrième qui préoccupe actuellement les stratèges américains, avec naturellement la recherche des moyens nécessaires pour priver un adversaire éventuel des mêmes avantages. Charles Mainguy , général (c.r.)
* Cf. Revue " Nato 16 Nations " du 1.1997 Regards sans frontières mai 1999 7
"Forces speciales. Nouveaux conflits, nouveaux guerriers", par Pascal Le Pautremat (dir.), éd. Autrement.
Le concept de Forces speciales repose sur le principe de l'economie des forces. Une ou des equipes de 5 a 10 hommes remplissent des missions extremement delicates qui doivent contribuer a l'obtention d'avantages strategiques, ou tactiques, dans le cadre d'un plan d'action plus vaste.
Les Forces speciales sont de plus en plus utilisees par les pays de l'OTAN depuis la chute du Mur de Berlin. Voici pourquoi.
http://www.diploweb.com/protection/fs.htm
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