La géopolitique des risques n'est plus en cette fin de siecle ce qu'elle était encore dans les années 80. L'approche classique consistait alors à étudier l'état perturbateur (agresseur, débiteur défaillant...) comme s'il était pleinement autonome dans sa conduite des affaires. Il y aurait aujourd'hui quelque naïveté à étudier le risque spécifique d'un pays sans l'inscrire dans un mouvement de facteurs externes, mouvement qui combine les comportements d'acteurs nationaux et le fonctionnement des grands systemes économiques, politiques et sociaux.
L'apparition d'un risque politique mondial peut certes survenir ici ou là et à tel moment; c'est pourquoi la dimension géographique et historique des risques reste essentielle.
Cependant le risque résulte toujours d'une combinaison de facteurs dans lesquels les facteurs externes, intentionnels ou non, sont de plus en plus prédominants. La diffusion ultérieure et l'impact des risques dépendent là encore d'une combinaison de facteurs locaux et du monde de fonctionnement du systeme global.
I- PERSPECTIVE DES GRANDS ACTEURS:
Souveraineté nationale ou ingérence humanitaire
Le principe de non-ingérence et de respect absolu de la souveraineté nationale est un facteur de limitation des conflits soutenu par une grande majorité des Etats. Le principe « d'ingérence humanitaire » en cas de violation importante des droits de l'homme s'y oppose de plus en plus. Les deux principes s'appuient sur des justifications sérieuses mais comportent aussi des risques graves.
La puissance consistera sans doute, comme toujours, dans la capacité d'influer sur autrui par la force militaire ou économique, la technologie, la valeur de fond du message proposé.
Mais aussi dans cette maniere d'organiser les idees et les gens que Robert Reich, collaborateur de Bill Clinton, appelle "symbol analysis" et qui serait une spécificité de l'Amérique (quelque chose comme le leadership de l'homme blanc)
Depuis l'effacement du pôle communiste en Europe et son assagissement relatif en Asie, l'Amérique reste la seule puissance universelle, la seule à disposer à la fois de la puissance économique, militaire, politico-culturelle...et à vouloir s'en servir en attendant peut-être une crise d'isolationnisme.
Deux pays (Allemagne, Japon) sont des géants économiques mais ne disposent pas, pour le moment, d'une grande puissance militaire ni d'un message politique universel.
Deux pays (France et Grande-Bretagne) pensent avoir un message propre, disposent d'une certaine puissance économique et militaire( nucléaire) et d'éléments traditionnels d'influence politico-militaire. Mais ce sont des pays de deuxieme niveau qui ne peuvent agir que par l'amplification du relai européen ou international.
Certains pays arabes voudraient proposer avec l'Islam une alternative universelle à "la démocratie de marché judéo-américaine". Leurs divergences les ont empêché d'exploiter en ce sens l'arme économique du pétrole et l'arme politique du terrorisme.
La Russie et la Chine ont suspendu leur prosélytisme communiste mais restent potentiellement des acteurs de premier plan par leur puissance militaire considérable et par l'incertitude de leur avenir politique.
a) Le 21° siecle sera-t-il américain?
b) Diminution de la toute puissance américaine?
L'Amérique conserve-t-elle les moyens de son rôle universel? Les économistes s'inquietent de divers aspects du recul relatif voire absolu de la puissance américaine, aspects qui comme pour l'Union Soviétique, sont partiellement liés aux excessives dépenses militaires.
On incrimine la rigidité d'un appareil de production taylorien, l'insuffisance des investissements intellectuels de recherche-développement et de formation, les vues à court terme des managers ( to make a quick buck) et surout l'extraordinaire dépendance envers les capitaux empruntés à l'extérieur.
"Ironie de l'Histoire: c'est au moment précis où le modele libéral américain vient de triompher spectaculairement sur le communisme qu'il est lui-même en passe d'être défait sur son propre terrain- c'est à dire celui de la compétitivité économique- par ses anciens protégés devenus plus performants que lui" ( P.Lellouche:ouv.cité).
Une version complémentaire du recul américain serait le repli sur soi, alimenté par les réelles difficultés de la société, la déception envers les partenaires européens ou asiatiques ...et une permanente tentation d'isolationnisme ressuscitée lors de l'élection de Bill Clinton.
La disparition de l'Amérique, par manque de puissance ou manque de volonté, combinée à une résurgence violente des nationalismes sur la scene mondiale, créerait une situation comparable à celle de l'entre-deux-guerres.
L'Europe constitue un concentré des contradictions du système international. Quel projet européen ? un simple processus sans projet? un nouveau « modèle » politique ? L 'élargissement de l'Union européenne à 25-27 Etats s'imposera au cours des dix ou quinze prochaines années. Mais si demain l'unité de cet ensemble est seulement économique comme aujourd'hui, les Européens auront construit le marché le plus riche du monde en le laissant incapable de faire respecter des intérêts ou une volonté commune. Ce pourrait être la base d'une exploitation de l'Europe par les multinationales de demain, ou par de grandes puissances plus cohérentes que nous.
a) Réveil de l'Ancien Monde?
Le renouveau européen autour de l'Acte Unique puis de la préparation du traité de Maastricht, puis la "libération" de l'Europe de l'Est et l'effacement du péril soviétique, ont suscité un espoir de résurgence européenne sous conduite allemande et partiellement française.
Il s'agit, du moins pour l'Europe de l'Ouest, de populations assagies depuis un demi-siecle par le vieillissement, la surconsommation, la démocratie, les souvenirs des luttes sanglantes... et la protection américaine.
L'éventualité d'un renouveau européen est donc en principe une perspective non perturbatrice mais stabilisatrice par la création d'un pôle d'équilibre économico-financier et démocratique dans une société mondiale perturbée par la globalisation.
b) Ou retour au déclin de l'entre-deux guerres?
Les inquiétudes sont apparues dans la CEE des l'été 1992, autour de la difficile ratification du traité de Maastricht et la premiere crise monétaire, puis dans l'été 1993 avec la deuxieme crise et la mise en sommeil de fait du systeme monétaire européen.
L'autre source de préoccupation majeure est le retour aux querelles nationales manifestée dans la crise yougoslave mais aussi dans "la sécession de velours"tchécoslovaque, les tensions Wallons-Flamands, les mouvements séparatistes de l'Italie du Nord, d'Espagne...
L'Allemagne jusqu'ici modele européen, n'est pas à l'abri de tout reproche sur ces deux évolutions : par l'impact économique et monétaire de la réunification, par la reconnaissance un peu précipitée des indépendances slovene et croate...
c) L'Allemagne:
Puissance économique et financiere enviée pour ses performances (jusqu'en 1990) et pour son modele de croissance (économie sociale de marché, cercle vertueux du mark), l'Allemagne du début des années 90 représente aussi un modele politique de démocratie (fédéralisme, libertés publiques et privées, protection constitutionnelle et "sociologique" contre les extrêmistes) qui la font admirer, plus que les pays anglo-saxons, par les nouveaux régimes de l'Est. La capacité d'influence politico-culturelle et surtout économique assure la contrepartie d'une puissance militaire pour le moment limitée par la Constitution.
L'Allemagne retrouve en 1991 un territoire unifié, son indépendance diplomatique et un Lebensraum européen réouvert à ses initiatives. C'est suffisant pour réveiller à l'Ouest de vieilles inquiétudes, accrues par la résurgence de manifestations (plutôt que de mouvements) d'extrême-droite et l'expression d'un "nazional egoismus" qui fait payer à l'Europe, par les taux d'intérêt, le prix d'une réunification que les citoyens de l'ancienne RFA refusent de payer par l'impôt.
Les difficultés de la réunification signifient surtout que l'Allemagne, occupée à digérer ses problemes internes, sera moins disponible pour l'intervention financiere ailleurs, c'est à dire au profit de la CEE et du Trésor public américain. Cette période de digestion pourrait bien durer jusqu'au début des années 2000.
Elle fut depuis 1945 le théâtre de nombreuses guerres chaudes pendant que l'Europe connaissait la stabilité de la guerre froide. Elle reste un puissant facteur de changement, donc de risque.
a) Le Japon:
C'est une puissance économique à vocation universelle pour les marchés commerciaux et, secondairement financiers. Le Japon est le principal financier du Trésor public américain et le fournisseur indispensable des composants électroniques de l'armée américaine.
Au plan militaire, la force de défense réduite, mais bien supérieure à une simple force de police, s'est développée sous protection nucléaire américaine. L'interdiction constitutionnelle d'intervenir à l'étranger a été péniblement levée à l'occasion de la Guerre du Golfe et de l'intervention de l'ONU au Cambodge. Il faut pourtant compter sur l'incontestable capacité et la volonté croissante d'indépendance technologique manifestée par exemple dans le programme de construction de l'avion futur japonais
Le Japon se veut-il puissance politique et culturelle? Il dispose certes d'une forte capacité d'organisation nationale mais éprouve une difficulté de proposer un message universel voire même un message asiatique compte tenu du passé. On s'interroge sur le sens à donner au refus de reconnaître ses responsabilités dans la deuxieme Guerre Mondiale, contrairement aux "regrets" exprimés par les gouvernements allemands aupres d'Israël et de la Pologne.
La résurrection internationale de la puissance chinoise, la montée de la Corée, éventuellement réunifiée, devrait inciter le Japon à entrer de nouveau dans une politique active de sécurité.
b) La Chine:
Elle dispose de tous les attributs de la puissance:
- puissance démographique : Un milliard d'habitants à qui s'ajoute la riche Diaspora établie en Asie et en Amérique;
- puissance économique? en tout cas par l'énorme dimension de son marché et sa croissance récemment accélérée;
- puissance militaire? oui, par l'immensité de ses ressources humaines et par la détention de l'arme nucléaire.
- puissance politique et culturelle? potentiellement oui, mais dans quel sens? Le messianisme communiste s'est en principe affadi à l'intérieur mais des soubresauts sont toujours possibles, envers les commerçants occidentaux trop pressés et surtout envers les aspirations hâtives aux libertés individuelles et à l'autonomie des régions frontalieres. Les nouveaux riches de Canton ou Chang Hai restent préoccupés par leur enrichissement.
La Chine reste une inconnue.
c) l'Inde:
Ce berceau du pacifisme dépense pour l'armée nettement plus que son "rival" chinois et se trouve continuellement en conflit extérieur (séquelles de la sécession pakistanaise) ou intérieur (guerres civiles notamment d'origine religieuse). L'Inde est incontestablement un perturbateur potentiel à moyen terme au moins en Asie du Sud. La perte de son protecteur soviétique n'est pas un élément rassurant.
Les innombrables motifs d'insatisfaction interne, malgré la rente pétroliere, sont malheureusement tournés vers une agressivité extérieure qui font du monde musulman une zone de turbulence grave.
Qu'il s'agisse de l'Amérique latine, de l'Afrique subsaharienne, de l'Asie du Sud, de l'Océanie, les autres pays du Sud, bien que porteurs de risques pour eux-mêmes, leurs voisins et leurs partenaires divers, ne paraissent pas devoir enclencher de risque généralisé. Peut-être tout simplement à cause de leur localisation périphérique et au fait que contrairement aux Arabes, ils ne contrôlent pas de ressources vraiment indispensables. Par ailleurs, les grandes superpuissances ont cessé de s'affronter à leur sujet.
Seule une éventuelle coalition, du type Conférence des non-alignés dirigée contre le Nord industrialisé pourrait envenimer des conflits liés au droit d'ingérence humanitaire ou à la conception tiers-mondiste du développement aujourd'hui quelque peu atténuée. L'éventuel durcissement de l'Islam, fondamentaliste ou plus encore révolutionnaire, pourrait cristalliser une telle évolution.
Le démantelement de la Guerre froide s'est déroulé en plusieurs étapes: accords de Washington sur le désarmement, rupture du Mur de Berlin, dissolution de l'Union Soviétique.
Il a conduit de la Paix armée non pas à "la Fin de l'Histoire"( Fukuyama) mais à "un Nouveau Monde" (Pierre Lellouche) ou à "l'ordre mondial relâché" (Zaki Laïdi) où la puissance et le sens se trouvent reconsidérés en dehors d'un affrontement bilatéral.
Quels conflits et enjeux jalonnent ce nouvel ordre?
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1°) LES CONFLITS POLITICO-MILITAIRES
a) LES POINTS CHAUDS DU GLOBE
La géographie des zones sensibles suit curieusement les montagnes tertiaires, des Andes aux Alpes centrales et balkaniques, au Caucase, à l'Himalaya...
b) LES SYSTEMES DE SECURITE
Trois systèmes de sécurité coexistent aujourd'hui :
- un système de puissance, fondé sur l'équilibre des forces ;
- un système de droit, basé sur la primauté de l'ONU dans lequel la souveraineté des Etats est un principe fondateur ;
- un système de valeurs où la défense de la démocratie et des droits de l'homme l'emporte sur le principe de souveraineté et sur le droit international. Quels principes : les Etats ou l'humanité ? Quelle légitimité : le droit ou la justice ? Quelle efficacité ?
Engagements réciproques et alliances préventives sont destinés à assurer l'absence d'agression :
- au niveau mondial : la Charte des Nations-Unies et le reglement pacifique des conflits;
- entre les deux grands et en Europe : depuis la disparition du Pacte de Varsovie, la sécurité repose sur les accords de désarmement; l'OTAN redéfinit sa mission;
- au Moyen-Orient, en Asie du Sud et dans le Pacifique, en Afrique il y a eu des tentatives le plus souvent avortées de créer des forces régionales d'intervention ou de désarmement. Le retrait des "gendarmes" soviétique puis américain pose la question de la sécurité régionale à base conventionnelle. Bien plus qu'un probleme (difficile) d'autonomie provinciale, l'accord Israel-OLP est un essai de reconnaissance réciproque de sécurité dans le Moyen-Orient, comme l'avaient été les accords de Camp David entre Israel et l'Egypte.
- 2) LES CONFLITS IDEOLOGIQUES:
Ce qui est conçu en Occident comme un progrès de l'universel et des droits de l'homme, apparaît aux yeux de la majeure partie du reste de l'humanité comme une consécration de l'arbitraire et de la puissance occidentale, en particulier américaine, qui frappe où elle veut et, ne respectant plus les limites traditionnelles de la souveraineté, se met parfois elle-même en état de barbarie.
a) effacement du conflit entre "démocratie de marché" et communisme?
Pierre Lellouche met en garde sur "l'illusion démocratique". Le communisme s'est effondré dans trois pays d'Europe Centrale ( Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie). Il persiste ailleurs sous des formes plus ou moins mâtinées en Europe, en Russie, en Asie. Certes le modele n'est plus crédible (sauf pour Castro et Kim-Il-Sung) mais il serait imprudent d'enterrer trop rapidement une idéologie qui se nourrit des inégalités (inhérentes aux systemes capitalistes) et qui se trouve encore enracinée plus ou moins profondément dans deux puissances mondiales : la Russie et la Chine.
b) conflit entre démocratie libérale et Islam ?
L' Islam pourrait bien être l'idéologie de substitution au communisme dans la rivalité Nord-Sud voire, ce qui est plus grave, l'opposition matérialisme-idéalisme.
c) conflit entre démocratie de marché et tradition culturelle ou nationale :
Dans un monde où la police n'est plus assurée par les deux idéologies confrontées, et pas encore par les Nations-Unies modele de l'Etat suprême, l'affirmation des identités conduit aux conflits internationaux ou intranationaux qui fleurissent désormais en Yougoslavie, dans l'ancienne URSS etc...
d) conflit entre démocratie de marché et aspirations humaines
L'évolution très rapide des sociétés développées contraste avec leurs institutions sociales et politiques vieilles de plusieurs siècles (églises, familles, états-nations...)et qui peinent à s'adapter.
Sous les apparences d'un humanisme abstrait, la modernité du 20ème siècle exalte des valeurs matérielles: égoïsme et individualisme excessifs, culte de la performance et de la consommation, rejet des autorités et contraintes traditionnelles, affaiblissement de l'éducation, transfert superficiel de croyances et de valeurs communes, influence de médias irresponsables. La demande de spiritualité semble bien être un phénomène mondial de première grandeur .
- A- Les équilibres: Dans les années 80,la préoccupation mondiale était assez largement centrée sur l'inflation et, avec elle,toute une série de politiques économiques d'ajustement du déficit budgétaire ou extérieur .La préoccupation récente,manifestée depuis 1992 ,est de nouveau celle de la croissance.
1)Une premiere condition consiste à faciliter l'internationalisation par la réussite des négociations commerciales de l'Uruguay Round et le bon fonctionnement de l'Organisation Mondiale du Commerce.
2)Une deuxieme consiste à coordonner les politiques monétaires entre Europe d'une part,USA et Japon d'autre part.
3)une troisieme condition réside dans l'intégration croissante des pays de l'Est et du Sud aux réseaux d'échanges internationaux,intégration par le droit mais aussi par les flux d'importations et d'investissements.
4)la quatrieme condition impose le renouveau de l'effort d'épargne des ménages occidentaux en chute rapide depuis vingt ans.
- B- Les structures: Au delà du fonctionnement courant des flux d'échanges ou d'activités ,le systeme mondial ne peut se désintéresser des structures:
L'histoire du siècle est celle d'une formidable réduction des inégalités au sein des nations industrielles et d'un élargissement tout aussi considérable des inégalités entre les nations elles-mêmes. Pourtant, aujourd'hui il apparaît que deux processus distincts sont à l'ouvre : le rattrapage des pays en voie de développement et une nouvelle dynamique des inégalités au sein des pays riches. La nouvelle révolution de l'informatique, la déqualification produisent deux phénomènes distincts : des inégalités et des exclusions entre nations et à l'intérieur de chaque pays mais qui ne se traitent pas de la même façon. Il faut réfléchir à une nouvelle régulation sociale.
- 2) la gestion raisonnable du stock de ressources naturelles et de l'évacuation des déchets.A y regarder de plus pres,la question des déchets n'est pas seulement un probleme pour écologistes en mal d'élections locales.
Le monde en effet se demande que faire des emballages jetables,des produits jetables,des technologies jetables,des pays insolvables et jetables, des immigrants rejetables,des quinquagénaires éjectables, des officiers de l'Armée Rouge jetables,des fusées nucléaires jetables...
Le contribuable finance la surproduction de biens dont il finance aussi les conséquences écologiques ou sanitaires. On se demande alors s'il est raisonnable dans les pays occidentaux de pousser les consommateurs à se procurer sans délai des produits périssables dont ils n'ont pas vraiment besoin, qu'ils ne peuvent pas se payer et pour lesquels ils endetteront leur avenir (emprunt plutot qu'épargne) ou leur nation (financement du déficit extérieur) ou les deux .
Sans penser que le développement de leur nation, le confort de leurs vieux ages, la sécurité de leurs rapports avec les pays moins favorisés implique de revenir au taux d'épargne (ou de moindre consommation) que nous connaissions naguere sans nous trouver pour autant plus malheureux.
3) Rôle de l'entreprise
Après le discours moralisateur des années 80 sur la culture et la morale d'entreprise, le management se consacre à la rentabilité. Si la vocation prioritaire de l'entreprise est seulement de «gagner de l'argent », elle entre en concurrence avec d'autres institutions sans contraintes (mafias, fonds de pension, création financière) ? si elle est de fournir des biens et services, quels sont les services , marchands ou non marchands, effectivement souhaités par les populations? Ou de survivre et se développer dans un contexte très compétitif ? Si c'est le cas, comment « humaniser » l'entreprise ? Quel compromis trouver, dans une compétition économique très vive, entre actionnaires, emploi, salaires et retraites.
- C) les relations NORD-SUD; EST -OUEST: Gouverner l'économie mondiale ?
Une économie mondiale pacifique et prospère ne peut exister sans une gestion raisonnée de l'interdépendance entre nations. Le champ de la gestion collective s'étend (sécurité alimentaire, évolution climatique..), ce qui la rend plus complexe. Monnaies, finances, commerce, investissement : autant de défis à relever, de règles à instituer.
- L'interdépendance entre états nations: L'équilibre et la croissance d'un pays, notamment ses ressources extérieures, dépendent souvent d'initiatives prises par des tiers: baisse de commandes, obstacles aux échanges, concurrence efficace, modification des taux d'interet ou de change etc...
- La globalisation et le risque systémique: L'existence d'un marché mondial, pas seulement international, avec ses mécanismes et ses acteurs spécifiques, se fait sentir en dehors de l'action des états. Dans les domaines financier, monétaire, énergétique ou technologique, les décisions, les impacts et les crises ont souvent un caractere systémique pas forcément imputable à un acteur isolé.
- Le mondialisme volontariste:
C'est la globalisation plus ou moins volontariste résultant d'une vision du monde telle que la démocratie de marché ou le développement supportable. La diffusion de la démocratie, ou de l'économie de marché, ou de la préoccupation écologique, ou encore de l'intervention humanitaire ne sont pas sans effet sur les entreprises de tel ou tel pays.
- la gestion combinée des ensembles
- a) la crise du post-communisme:
- b) la crise du développement:
- c) la crise des capitalismes
Monde unipolaire, ou multipolaire ?
Les Etats-Unis, superpuissance unique, voient se développer - avec encore beaucoup de condescendance - des alliances pour un monde multipolaire : Russie-Chine Russie-Inde (Inde-Chine ?). La France joue à la fois la solidarité occidentale et l'encouragement au concept multipolaire. Le phénomène est encore à ses débuts, mais va sans doute se développer.
- A- DES MONDES SEPARES ?
- 1°) Une fragmentation stable?
a) par faiblesse du mouvement intégrateur
b) éloignement par aires géoculturelles
- 2°) Une fragmentation instable?
a) Comme en 1919: Nations contre nations?
b) Comme en 1914: Empires contre empires ?
- B- DES MONDES HIERARCHISES ?
- 1°) Comme en 1945,l'ordre mondial piloté par l'Amérique?
a) La puissance américaine: L'Amérique,comme au bon vieux temps? parce qu'elle est la premiere puissance économique et militaire mondiale? parce que personne n'a interet à un réajustement de son pouvoir d'achat et d'emprunt?
b) Les relais européens et japonais
c) Les relais des ONG
- 2°) Une confrontation bipolaire ou multipolaire?
a) Confrontations Nord-Sud?
*richesse et pauvreté
*mondialisme et identité
*modernité occidentale et traditions: Islam-Asie-africanité.
b) Confrontations Nord-Nord?
*retour de la confrontation Ouest-Est?
*confrontation Occident-Extrême-Orient
*Amérique-Europe?
c) Confrontations Sud-Sud?
Arabes et non-arabes( Juifs, Turcs, Iraniens)
Musulmans et non-musulmans( Inde, Pakistan, Caucase et Turkestan, Asie du Sud-Est, Chine); musulmans et laïques un peu partout.
Chinois et non-Chinois
les autres Asiatiques entre eux( Indochine...)
les Africains entre eux
les Latino-américains entre eux
1°) Coopérations entre états:
Objet: "Tout ce qui est suffisamment important pour concerner le monde"
a) Les accords de coopération entre états:
b) Les négociations entre blocs: Notamment les trois poles de l'OCDE entre eux, les relations avec les pays de l'ancienne URSS, les relations avec les pays endettés du Sud,ou avec les pays pétroliers. Le groupe des grandes puissances:le G7
Ses instruments:la gestion concertée de la monnaie et du crédit.
- c) Le rôle des OIG et du droit international
Qui assure ,qui doit assurer la définition et la régulation du systeme d'échanges et de relations? Un gouvernement économique mondial de type ONU? roles de l'OMC, de la CNUCED, du FMI et des institutions non-gouvernementales telles que la Chambre de Commerce internationale ou le Club de Londres bancaire.
2°) Coopérations entre sociétés civiles:
"Tout ce qui est trop important pour être contrôlé par les états"
a) L'intégration des sociétés:
b) Le rôle des ONG et de l'opinion internationale
* Les fondements:
- le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
- les principes modérateurs
- les solidarités planétaires:
En matiere de sécurité:prévention de la violence entre états et aide à la résolution des conflitsla solidarité humanitaire: devoir d'assistance et droit d'ingérence évoqué pour la premiere fois à propos des Kurdes puis à Sarajevo. Les objets de l'assistance: la faim, la maladie, l'enfance, la catastrophe naturelle ou technologique (centrales nucléaires, pollutions), les réfugiés, la guerre civile ou étrangere.
La gestion du patrimoine commun: les ressources naturelles (eau, energie, plantes..)la notion de patrimoine vivant(especes, genes); les zones à protéger: air, espace, océan...,
* les instruments:
l'ordre des Nations-Unies
La Charte des Nations Unies contient les principes nécessaires au respect d'une paix acceptable. Le probleme a toujours été celui de l'application, faute de moyens peut-être mais surtout comme suite à l'affrontement des Deux Grands pendant la Guerre Froide.Les conditions assez exceptionnelles du consensus mondial dans la Guerre du Golfe ne seront pas toujours faciles à réunir: on l'a déjà vu dans l'affaire bosniaque.
l'ordre des Etats-Unis:
Le reste de puissance économique américaine, la puissance militaire accumulée, l'implosion de l'Union Soviétique et le ralliement d'une partie du monde à la démocratie de marché, tout ceci positionne les Etats-Unis comme seule super-puissance. La tentation pourrait être d'abuser de cette situation pour rechercher des avantages par voie multilatérale (au G7 ou au GATT) ou dans les rapports bilatéraux avec l'Europe, le Japon ou d'autres .
Les Etats-Unis veulent-ils et peuvent-ils assurer leur "special destiny"? Entre l'infarctus de super-puissance et la leucémie de l'isolationnisme. On constate une évidente difficulté des Etats-Unis à assumer les tâches de gendarme du monde: parce que le monde demande vraiment trop? parce que la population américaine, toujours marquée par le Vietnam, exige une stratégie de "zero death".
l'ordre de tous les états et de toutes les nations?
Il n'est guère réaliste de craindre ou d'espérer une paix mondiale surveillée par l'ONU ou par un super-grand. La vérité consiste probablement dans un mélange de regles internationales acceptées (reglement des conflits, limitation des armes de destruction massive), d'accords régionaux de sécurité, d'influence régionale ou lointaine des Grands: Etats-Unis, Europe, Japon, et bientôt de nouveau la Russie voire la Chine.
- A- LES SCENARIOS D'EQUILIBRES HARMONIEUX ?
1°) Les equilibres régionaux et interrégionaux:
2°) Les équilibres société-économie-politique
- B-LES SCENARIOS DE DESEQUILIBRES GENERALISES?
1°) Montée des perturbateurs
2°) Implosion d'acteurs
- C- LES SCENARIOS D'EVOLUTIONS REGIONALISEES?
1°) Systemes régionalisés d'évolution:
2°) Variantes avec ou sans conflits
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