Comment informer les gens sur la réalité de l'énergie nucléaire ? La question n'est pas seulement technique, elle aborde le domaine des peurs sociales et individuelles, elle s'attaque de front à des superstitions. On se souviendra toujours de l'énorme choc provoqué par Hiroshima et Nagasaki, des 40 années "d'équilibre par la terreur", puis de l'accident de Tchernobyl....Le livre de Georges Charpak et Richard L.Garwin, "Feux follets et champignons nucléaires" (O. Jacob) veut affirmer que le nucléaire fait aujourd'hui partie du patrimoine scientifique, il est le plus efficace et le moins dangereux des moyens pour produire l'énergie nécessaire à nos sociétés !
La guerre et ses séquelles.
La science nucléaire est le fleuron de l'intelligence scientifique E =Mc2 la plus simple de toutes les formules ouvre à la maîtrise de l'univers d'un geste élégant. Pourtant le savant est effrayé par la bêtise, les passions, les haines séculaires. "Je suis terrorisé par les armes nucléaires"! La détention de 45.000 têtes nucléaires par les Russes et de 30.000 par les Américains, "c'était idiot". 3000 têtes (voire 500 comme en France) auraient suffi ! Cette sottise est le résultat des intérêts de corps, de la suffisance des conseillers et l'activité inconsidérée de centaines de milliers de personnels...Même après Start 2 qui devrait réduire l'ensemble des têtes stratégiques à 12.000 et les armes tactiques à quelque 6/8000 pour les Russes et les Américains, on voit la Douma saisie de crainte refuser de signer. Tandis que l'Inde caresse d'ambitieux projets. Pourquoi ces 20.000 têtes nucléaires en 2003, pourquoi donc et pourquoi faire ? Sans compter les problèmes de la dénucléarisation particulièrement aigus pour les Russes, dans la région de Mourmansk par exemple. Sans doute les militaires, pourront-ils obéir à un pouvoir politique en cours de restauration, mais nul ne sait ce que pourraient fomenter des sectes ou des illuminés.
L'atome et la vie quotidienne.
Pour inquiétantes que soient les séquelles de la guerre froide, l'équilibre des forces nucléaires a probablement sauvé notre monde d'une expérience horrible, et l'on est en droit d'espérer des temps où la préoccupation majeure deviendrait la maîtrise du nucléaire à des fins civiles. A cet égard, l'ignorance du public est profonde. Ici où là des expériences éducatives sont tentées (USA, Hongrie, France...) pour familiariser les gens sur l'atome
Or nous baignons depuis la nuit des temps dans la radioactivité : naturelle interne au corps humain avec 10.000 désintégrations par seconde venant du potassium contenu dans notre corps (1/3 des doses reçues en moyenne par an), radioactivité naturelle externe due aux rayons cosmiques et aux radiations telluriques (venues du sol), plus fortes si ce sol est granitique comme en Armor, Auvergne ou Corse que s'il est calcaire (1/3 des doses reçues). A cette radioactivité naturelle s'ajoute une radioactivité artificielle: médecine nucléaire, radiographies et radiothérapie (1/3 des doses reçues). Ces trois tiers constituent le "bruit de fond" naturel auquel nous sommes obligatoirement soumis. Il serait possible de réduire le troisième tiers (abus des radios répétées sur les jeunes enfants) : c'est à de telles dérives que devraient s'employer Greenpeace et ses émules plutôt que de fomenter des actions spectaculaires et chimériques. Sait-on que les effets de Terchnobyl, en dehors du site lui-même sont au maximum de l'ordre de 30.000 victimes du cancer en 50 ans à comparer aux innombrables autres causes de cancer qui contribuent à la mort de 20% de la population mondiale. Une partie importante de celles-ci est due aux autres formes de production d'énergie. Il faut donc dénoncer la démagogie des dénonciateurs patentés. La vraie question est la lutte contre l'ignorance et la maîtrise des abus.
Bienfaits et méfaits du nucléaire.
L'effet de serre naturel donne à notre planète une température agréable de 15° en moyenne, mais si nous nous obstinons à émettre inconsidérément du gaz carbonique, du méthane, de la vapeur d'eau, etc... il se produira un réchauffement qui dans une centaine d'années pourrait être de 4° avec le seul charbon chinois (2 fois plus de gaz carbonique) avec comme conséquences : avancée des mers, tornades, déluges et sécheresses. Pour lutter efficacement contre l'accroissement de l'effet de serre, il n'y a pratiquement pas d'autre moyen que de développer l'industrie nucléaire.
Pour l'instant, c'est la fission de l'uranium (et d'un combustible mixte le MOX), qui fonctionne de façon satisfaisante, elle produit 18% de l'énergie mondiale et 80% en France. La surgénération (Superphénix) devait permettre d'accroître de façon considérable le combustible nécessaire. La présence sur le marché d'une quantité immense de Plutonium militaire à éliminer lui enlève tout intérêt économique. Mais des innovations majeures sont attendues grâce aux recherches du Cern, pilotées par Carlo Rubbia qui propose de remplacer l'uranium par du thorium beaucoup plus abondant et de coupler les nouveaux réacteurs avec un accélérateur de particules. Cette recherche place dans l'ombre la fusion (le combustible sera alors l'hydrogène). La recherche porte aussi bien sur le problème de l'élimination des déchets dont la durée de vie est extrêmement variable, de quelques mois à plusieurs millions d'années, par chance la nocivité est en général à l'inverse de la durée. Faut-il enfouir, comme le pensent les Américains, faut-il retraiter comme le font déjà les Français, qui avec l'usine de La Hague ont une forte avance sur les autres pays ? On sait que l'enfouissement soulève aussi des réactions passionnelles, on sait aussi que le volume des déchets nucléaires est extrêmement faible comparé à celui d'autres déchets industriels ou ménagers
Une hiérarchie des risques montre que le risque de mortalité par le nucléaire est tout à fait négligeable comparé à d'autres risques couramment pris par les hommes : circulation, alcool, tabac, etc.. "Le bon sens ne pouvant se représenter la structure des atomes", les savants devront consacrer beaucoup de temps à la communication pour combattre l'ignorance et la superstition.
Résumé de Jacques Bourdillon et d'Henri Douard .Déjeuner-Débat du 15 Mai 1997
Lettre d'Alerte aux réalités internationales août-septembre 1997
"De Tchernobyl en Tchernobyls" par Georges Charpak, Richard Gardwin, Venance Journé. Ed. Odile Jacob 2005, 568 pages
Pour répondre à l'augmentation de population mondiale, nous devons recourir à l'energie nucléaire.
Cependant le contexte a évolué:
- usage croissant des énergies fossiles dans les pays émergents accentue le réchauffement climatique
- le démantèlement de l'arsenal soviétique peut conduire au nucléaire terroriste
- la privatisation de l'industrie nucléaire peut privilégier les bénéfices au détriment de la sécurité
Il est nécessaire que les opérateurs du nucléaire résistent à la mondialmisation et à la baisse systématique des coûts (rapport confidentiel de l'Association mondiale des opérateurs nucléaires).La fuite du centre de retraitement de Sellafield (Royaume Uni) est restée inaperçue.
Il faut établir une organisation internationale de contrôle dotée d'un pouvoir de coercition sur toutes les centrales de la planète.
Négligences françaises après l'accident de Tchernobyl : il aurait fallu distibuer de l'iode pour éviter les cancers de la thyroïde. Suppression injustifiée du Collège de prévention des risques technologiques créé par le gouvernement Rocard.
Batailler pour la révison du traité de non-prolifération des armes nucléaires.
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