2058 est l'année charnière du XXI° siècle. Un monde d'abondance, de confort et de facilité bascule dans la pénurie, la faim, la misère. Il voit les hommes sans travail, l'hiver sans feu, le jour sans pain, la nuit sans lumière, les routes sans voitures.
L'ouvrage raconte « l'année terrible » d'une famille confrontée à la tourmente, qui grâce à la prévoyance de ses aïeux, résiste à cette désolation et réussit à survivre dans un univers désespéré.
Nous découvrons dans « 2058, Survivre au Pétrole », des femmes et des hommes de caractère, avec leurs passions et leurs faiblesses, luttant courageusement contre l'adversité. Quelques-uns, plus déterminés, recherchent avec tandis que d'autres travaillent à « refaire bouger la France » et à lui rendre quelque espoir.
EXTRAIT
1Paul Lascourt dormit peu cette nuit-là. (..) Se tournant et se retournant dans son lit, il se remémorait dans une demi-veille les évènements qui, depuis la décennie 2030-2040, avaient bouleversé son univers.
Le premier dont il se souvint fut la quatrième guerre d'Irak, une terrible guerre civile qui ravagea une nouvelle fois, vers 2020, ce pays qui avait vécu dans une grande instabilité, depuis la prise du pouvoir, peu après la fin de l'occupation américaine, par la majorité chiite. L'apparent régime démocratique, installé sur la base d'une constitution établie par une assemblée de notables, ne pouvait durer qu'à la condition de respecter une certaine laïcité pour dépasser les clivages religieux ou raciaux.
Or, non seulement ce ne fut pas le cas, mais sous l'influence des voisins iraniens, ce furent des chefs religieux et des mollahs qui progressivement, exercèrent la réalité du pouvoir, imposant à toute la population la loi coranique. Au lieu de l'unité nationale nécessaire à la reconstruction du pays, l'Irak connut les pires divisions, l'émigration des cadres sunnites et pour finir, une double guerre civile : religieuse, entre les Chiites et les Sunnites et nationaliste, entre les mêmes et les Kurdes bien décidés à conquérir leur indépendance. Une intervention conjointe des Etats-Unis, de la Chine et de l'Inde imposa une paix précaire et la création de facto d'une fédération.
Non seulement l'Irak était placé sous tutelle, dépossédé une fois de plus, de sa principale ressource et démembré, le Kurdistan devenant indépendant de fait, au grand dam de la Turquie et de l'Iran, mais pendant des mois, les puits de pétrole, dévastés par les insurgés, cessèrent de produire, et lorsque les techniciens les eurent remis en route, ils ne coulèrent que pour les Irakiens et leurs tuteurs, qui se payaient sur la bête.
Il en résulta, naturellement, une grave pénurie sur le marché du brut, et une hausse des cours mondiaux qui doublèrent, triplèrent même un certain temps, entraînant les économies des PPA (Pays les Plus Avancés) dans une très grave récession et certains d'entre eux, dans un déclin sans précédent. Cependant, si la note fut salée, en puisant dans les stocks stratégiques, nous ne manquâmes pas de carburant en France.
Nous nous félicitions d'avoir modernisé notre parc nucléaire, contre vents et marées et réduit encore notre dépendance, à l'égard des pays du Golfe. Néanmoins, notre économie mit plusieurs années, à retrouver une activité normale dans les transports, le tourisme et la construction automobile et, par contagion, dans de nombreux autres secteurs. Un marasme durable fit monter le taux de chômage de plusieurs points.
Morphée, qui recouvrait le Bastion de ses ténèbres et de son silence parfois percé de quelque ululement, refusait au maître ses bienfaits. Assoupi, il revenait sans cesse à son sujet, passant en revue, les guerres ou révolutions qui avaient endeuillé la planète, sans compter les catastrophes qui l'avaient touchée ou la menaçaient.
Tour à tour, surgirent de sa mémoire des conflits déjà oubliés : l'Afghanistan, la Nième guerre entre l'Inde et le Pakistan, celle entre la Bolivie et le Chili, ou encore entre Israël et ses voisins. Défilèrent ensuite les nombreux Etats affectés par des rébellions... et derrière chacune, l'ombre du terrorisme.
C'est précisément pour enlever une justification à ce dernier, que les Américains, l'Union Européenne, la Russie et les principaux Etats d'Asie, s'attachèrent à régler le plus vieux conflit, celui du Proche Orient.
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