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STRATÉGIES DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE |
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:Auteur:Jean-François Heimburger Décembre 2006 |
L’environnement géopolitique actuel, caractérisé par l’incertitude des crises et le drame des conflits, exige que l’on dispose d’une structure d’observation des événements et d’outils d’analyse des situations. Telle est la fonction de la pensée stratégique dans le monde. |
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I. La stratégie : acteurs et moyens
1. Évolution du concept
Selon le général Poirier, la stratégie est « l’ensemble des opérations mentales et physiques requises pour calculer, préparer et conduire toute action collective finalisée, conçue et développée en milieu conflictuel ».
Le concept apparaît à la fin du XVIIIe siècle et est voué à l’art militaire (principes de commandement).
Après la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide, la fin du XXe siècle voit une redéfinition de la stratégie en raison de l’évolution particulière de l’environnement conflictuel : en effet, les conflits militaires ne sont plus caractérisés par l’affrontement de deux armées, et les guerres dites « classiques » font de plus en plus place aux guerres non-militaires (civiles, culturelles, économiques, etc.).
En outre, et contrairement aux idées reçues, le rapport du Human Security Center intitulé « Guerre et paix au XXIe siècle » révèle que le nombre de conflits armés a été réduit de 40 % depuis 1992. Moins nombreuses, les guerres sont aussi moins meurtrières.
Le but de la stratégie est donc de comprendre les crises, les réalités, et d’établir de nouvelles règles politiques.
Cependant, il ne faut pas confondre stratégie et tactique, cette dernière étant tournée vers l’action alors que la première est plus liée à la politique. Ainsi, la stratégie, instrument privilégié de la prise de décision, vise à réaliser des buts politiques ; les objectifs stratégiques, quant à eux, conditionnent la tactique.
Enfin, la notion de « sécurité collective » s’impose aujourd’hui pour décrire le monde et favorise, contrairement à la notion de « défense » qui rappelle trop la sphère strictement militaire, la prise en considération d’éléments politique, éthique, économique, technologique, environnemental, etc. Le concept de « sécurité » englobe donc l’ensemble des réalités conflictuelles, en incluant notamment le concept de « défense ».
2. Les acteurs stratégiques
Le cadre stratégique s’est élargi au cours des dernières décennies en s’ouvrant à une multitude d’acteurs qui interviennent à côté des États. Ainsi, on trouve l’organisation des Nations unies et ses filiales, les organisations non gouvernementales (ONG), les sociétés multinationales, les médias, les associations, sans oublier les mafias, sectes, cartels et autres sociétés secrètes. On arrive à un foisonnement d’acteurs qui représentent autant de projets s’appliquant à plusieurs niveaux (du local à l’international).
3. Les moyens de la stratégie
Trois principaux moyens permettent une actualisation et un renouvellement de la pensée stratégique.
D’abord celui de la formation, avec des centres, des écoles et universités spécialisés dans lesquels le phénomène conflictuel est étudié et mis en perspective.
Les organismes étatiques encouragent également la réflexion stratégique, mais ce n’est pas toujours le cas.
Enfin, la communication, enjeu majeur du monde contemporain, joue un rôle primordial dans le système stratégique.
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Human Security Centre « Guerre et Paix au XXIe siècle »
Les États voyous
Stratégies mondiales
liste des guerres
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II. La stratégie française de Défense
L’objectif central de la politique stratégique française est la sécurité et la défense de ses citoyens et de leurs intérêts sur le territoire comme à l’extérieur (ressortissants). La France entend faire respecter un certain nombre de conditions : la préservation de son autonomie de décision et d’action, le maintien de son influence dans les alliances, le développement des outils et savoir-faire technologiques.
Les grandes fonctions stratégiques françaises s’articulent autour de quatre idées, inscrites dans le Livre Blanc de la défense (1994) : dissuasion, prévention, projection et protection.
1. Dissuasion
La doctrine de dissuasion nucléaire française est destinée à dissuader toute agression contre les intérêts vitaux du pays et s’adresse à tous les États, y compris à ceux ne disposant pas d’un armement nucléaire. Tout comme le Royaume-Uni, la France conserve souverainement la maîtrise de son arsenal nucléaire et exclue ainsi son emploi par d’autres États européens.
2. Prévention
Il s’agit d’anticiper et d’apprécier les situations, en surveillant systématiquement les risques de crises. Divers organismes bénéficient de leurs propres réseaux de renseignement et réalisent leurs propres synthèses des questions stratégiques : la DGSE, le CAP (Centre d’analyse et de prévision), la Direction des Affaires stratégiques des Affaires étrangères, la DRM, etc., sans compter les multiples cabinets privés. L’échange d’informations entre eux est satisfaisant.
La diplomatie préventive se fonde sur l’accompagnement des actions diplomatiques par des pré-positionnements, voire des déploiements ou des mises en alerte de forces, dont l’objectif est d’inciter les adversaires potentiels à la modération.
Les activités de coopération militaire sont importantes comme le montrent les plans de coopération et d’action au niveau interministériel, ainsi que les directives du CEMA (Chef d’État-major des armées).
3. Projection
En ce qui concerne la projection de forces, la France, tout comme le Royaume-Uni, domine la scène européenne. On distingue habituellement la projection de puissance (emploi d’un armement) de la projection de forces (déploiement d’unités sur le terrain).
4. Protection
La protection du territoire national, des personnes et des institutions est une mission permanente des forces armées et un objectif constant de la politique de défense française.
Ainsi, face au terrorisme, la protection est assurée par un certain nombre d’actions : les plans gouvernementaux (Vigipirate), la vidéosurveillance, la protection des réseaux de transport, la gestion des avertissements et des recommandations aux voyageurs, les mesures protégeant les communautés françaises vivant à l’étranger, la préservation des infrastructures vitales et des systèmes informatiques sensibles, etc.
De plus, la France coopère avec ses pays voisins et alliés : par exemple, le groupe du Conseil de l’Union sur les affaires consulaires a réorienté ses priorités sur les questions de sécurité des ressortissants de l’UE dans les États tiers.
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Stratégie française :
La France et le nouvel environnement stratégique
Ministère français de la Défense :
Livre Blanc sur la Defense 1994
Allocution de M. Chirac sur la dissuasion (2006) :
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III. La stratégie européenne de Défense
1. La Stratégie européenne de sécurité
Une Stratégie européenne a été adoptée en 2003 par le Conseil européen : intitulée « Une Europe sûre dans un monde meilleur », elle constitue une étape décisive dans le processus d’intégration et est aujourd’hui omniprésente dans le discours européen.
L’objectif prioritaire mentionné dans la Stratégie est la prévention des conflits et des menaces par l’analyse de leurs causes profondes. D’autres points sont mis en avant, tels le multilatéralisme (construction d’une société internationale plus forte et développement d’institutions internationales efficaces) et la gestion de crise. Bien entendu, l’UE est déterminée à consolider sa coopération avec les Nations unies pour répondre aux différentes menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales.
Aucun pays n’étant en mesure de faire face, seul, aux problèmes complexes de notre temps, l’Europe s’est ainsi donné les moyens de modeler les politiques mondiales et constitue inévitablement un acteur international majeur.
2. La PESD
En 2005, un Collège européen de sécurité et de défense est créé et a pour objectif, à travers son réseau d’instituts, de collèges et d’académies, de fournir une formation dans le domaine de la PESD (Politique européenne de sécurité et de défense) au niveau stratégique, destinée à tous les acteurs (civils ou militaires) traitant de ces questions. Rappelons ici que les missions de la PESD consistent à prévenir les conflits, à gérer les crises, à renforcer le partenariat transatlantique et à approfondir l’intégration de l’UE.
Toutefois, si l’on observe les politiques de défense au niveau étatique, la vision qu’ont les Européens en la matière est assez pessimiste. Ainsi, la majorité des pays européens se désinvestissent, à quelques exceptions près (France, Royaume-Uni), ce qui ne joue pas en faveur du projet de défense commune. |
Stratégie européenne :
Strategie européenne de sécurité(2003)
Stratégie navale :
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IV. La stratégie américaine de Défense
1. Les documents de stratégies
Conformément au titre 10 du US Code, le président des États-Unis doit préciser sa stratégie nationale de sécurité durant la première année de son mandat : il s’agit de la National Security Strategy, document fondamental qui détermine l’orientation de la politique étrangère et de défense du pays. C’est à partir de ce document qu’un certain nombre de services (ministère de la Défense, président du JCS (Joint Chiefs of Staff), les chefs des principaux commandements américains, etc.) prépare la Quadrennial Defense Review (QDR), c’est-à-dire la vision stratégique du Pentagone.
Quatre priorités sont énoncées dans la version 2006 : vaincre les réseaux terroristes, assurer la défense du territoire national, empêcher l’acquisition ou l’utilisation des armes de destruction massive, et influencer le choix des pays qui se trouvent à la croisée des chemins stratégiques.
2. La QDR et l’Europe
Une des convergences avec la vision de l’UE en la matière, réside dans le fait que le rapport américain accorde une importance à la question des alliés et des partenariats (cela représente une nette évolution par rapport à la QDR 2001).
Cependant, on observe plusieurs divergences : alors que la QDR met en avant le concept de « longue guerre contre le terrorisme », l’Europe et la France réfutent ce terme pour privilégier celui de « lutte » ; en outre, les États-Unis poursuivent toujours leur volonté de suprématie globale et totale.
3. Les spécificités américaines
C’est aux États-Unis que sont nées les grandes théories de politique internationale et le débat intellectuel américain est devenu écrasant à partir de la fin de la guerre froide. Parmi les grands théoriciens qui ont influencé, et continuent de le faire, la politique extérieure du pays, on peut citer Francis Fukuyama, Joseph Nye, Samuel Huntington, Zbigniew Brzezinski, ou encore Robert Kagan. Enfin, des acteurs privés interviennent de plus en plus dans les affaires politico-stratégiques et l’influence des think tanks est devenue décisive en matière de décision : ces cabinets de conseil conçoivent des stratégies, reprises par les politiques, en fonction des analyses des situations géopolitiques qu’ils effectuent. |
Stratégie américaine :
US Department of Defense
War on Terror :
La doctrine Bush :
La Révolution dans les affaires militaires :
La QDR : |
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