Dans l’environnement géopolitique actuel, la perméabilité est croissante entre défense et société, les hommes et femmes qui les composent et les enjeux auxquels elles sont confrontées constituant un élément fédérateur puissant.
D’abord, la culture stratégique d’un pays permet de visualiser les divers points de vue : on se place ainsi au niveau des États en analysant les rapports de leurs bases politiques et sociales avec le phénomène guerrier.
Ensuite, l’opinion publique, de plus en plus consultée, fait l’objet de nombreux sondages et bénéficie ainsi d’un poids décisif dans la prise de décisions politiques.
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Table de la société
Guerre psychologique :
Éthique des affaires internationales :
Opinions:
Union européenne et opinions : |
I. Les cultures de la Défense
Deux cultures peuvent être opposées, l’une étant plus portée sur la sécurité et la défense du pays, l’autre se caractérisant par la « retenue ». Dans le premier cas, les États-Unis sont la société moderne la moins « débellicisée » ; dans le second, le Japon et l’Allemagne, par réaction contre leur passé violent, avaient commencé par adopter une position hostile à tout engagement militaire extérieur, pour se rapprocher, à la fin du siècle de la position occidentale moyenne.
1. Culture de guerre : l’exemple des États-Unis
La culture américaine de défense est tout d’abord hostile aux guerres limitées : après une lente préparation et le soutien inconditionnel de l’opinion publique, l’offensive doit être brève et violente, avec des moyens concentrés et une puissance massivement projetée (le rôle de la technologie est primordial).
Ensuite, on remarque que la débellicisation de la société américaine, malgré quelques progrès perceptibles ces dernières décennies, est moins développée qu’en Europe. En effet, on observe un certain nombre de caractéristiques propres aux Américains qui expliquent ce phénomène : le goût des armes avec l’idée générale qu’il faut préparer la guerre pour avoir la paix, même au niveau local ; l’assentiment donné à un budget de défense élevé, avec des stationnements permanents et de multiples déploiements de troupes dans le monde entier ; la vigueur du nationalisme, caractérisé notamment par le grand nombre de drapeaux devant les habitations.
Enfin, la question de la guerre « zéro mort » (zero death war) constitue le pilier fondamental de la culture stratégique américaine : il s’agit de mener un type de conflit avec un coût minimal en vies humaines. On peut analyser cette conception de deux manières différentes : soit elle affirme la toute puissance militaire des États-Unis qui se donnent les moyens nécessaires pour réduire ses pertes ; soit elle représente le refus des interventions armées non essentielles aux yeux des Américains, qui ne se sont probablement pas encore remis du « syndrome vietnamien ». Les États-Unis ont cherché depuis toujours à réduire leurs pertes au combat ; mais dès lors que l’intérêt national est en jeu, les Américains soutiennent dans l’ensemble leurs dirigeants.
2. Culture de la retenue : les exemples japonais et allemand
Le Japon a adopté une Constitution « pacifiste » en 1946 : ainsi, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays n’a jamais eu recours à la force et s’est constamment résolu à ne pas devenir une puissance militaire. En effet, la politique de défense du Japon demeure exclusivement défensive, comme le montrent encore aujourd’hui l’envoi de contingents dans l’Océan indien ou en Irak pour des opérations strictement non combattantes.
Toutefois, la classe politique et l’opinion publique nippones tendent ces dernières années à une volonté de reconstruction et de retour à la normalité, tout en rejetant le principe d’un militarisme agressif.
On observe un phénomène similaire en Allemagne. Ainsi, à la suite des conséquences graves du militarisme allemand durant la période nazie, une culture antimilitariste a pris racine dans le pays. Cette réticence allemande à employer la force est longtemps restée une caractéristique majeure de sa singularité. Cependant, à partir des années 90 et en réponse aux demandes de contributions militaires dues aux pressions de l’environnement géopolitique mondial, les décideurs ont réagi en façonnant un discours public et en élargissant la portée des déploiements militaires, caractérisé notamment par l’envoi de forces dans le cadre européen de sécurité et de défense.
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Mythes et réalités du « zéro mort » :
Culture stratégique américaine
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II. Défense et opinion publique
- 1. Les sondages d’opinions
Divers sondages sont réalisés dans des cadres nationaux et internationaux en vue de refléter les points de vue de l’opinion publique en matière de sécurité et de défense.
Ainsi, l’Eurobaromètre publié par la Commission européenne, les enquêtes réalisées par Ipsos sur l’Europe et ses moyens de défense, ou encore les multiples rapports effectués par les ministères montrent un intérêt croissant des Européens pour les questions sécuritaires. Aujourd’hui, conscients de vivre dans un monde menaçant (terrorisme international, prolifération d’armes de destruction massive, montée des extrémismes, crime organisé), près de 80 % des Européens souhaite que notre continent ait la capacité d’intervenir indépendamment des États-Unis en plaidant pour une autonomie politique et technologique européenne.
- 2. La communication : les rencontres Nation – Armées
En France, on observe un rapprochement entre le monde de la Défense et celui de l’Éducation nationale qui contribue à favoriser le renouvellement de l’esprit civique. Un effort dans l’action d’information est poursuivi depuis une vingtaine d’années et permet ainsi de gagner l’adhésion de l’opinion publique. Un certain nombre d’institutions, comme l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale (IHEDN), rassemblent des représentants de la société civile et du monde militaire afin de favoriser le dialogue et la compréhension réciproque. Enfin, les centre de recherche et de réflexion offrent aux universitaires et aux industriels, civils et militaires, la possibilité de travailler de concert.
- 3. Le pacifisme
Le pacifisme s’est adapté à un environnement nouveau et a adopté de nouveaux objectifs, moins utopiques : il semble aujourd’hui plus capable de peser sur les décisions politiques en matière de sécurité et de défense, d’autant que le courant belliciste connaît une forte régression. Dans le cadre de missions de maintien de la paix, militaires et organismes non gouvernementaux travaillent ensemble, tout en bénéficiant du soutien d’intellectuels et de défenseurs des droits de l’homme.
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Livre Blanc sur la Défense (1994) :
L’enseignement de Défense à l’école :
Rapport « Opinion publique et défense européenne en Allemagne, en France et en Italie »
sondage Ipsos sur Europe et ses moyens de défense
Eurobaromètre
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