Nicolas Sarkozy s’est fait un petit plaisir… Créer l’événement avec un remaniement annoncé depuis des semaines. Même si certains lui ont un peu gâché la fête.
« Urgent ! Rappelez Claude Guéant ! ». En pleine réunion du groupe UMP, mardi 23 juin à l’Assemblée, le député Dominique Dord envoie ce SMS à quelques-uns de ses collègues dont Hervé Mariton, Michel Herbillon, Yves Nicolin… Certains – dont on taira le nom ! – sont gentiment tombés dans le panneau.
La journée d’hier a été marquée par toutes sortes d’intox, de rumeurs et autres bruits de couloirs. Elle a aussi été l’occasion des dernières tractations au sommet. Nicolas Sarkozy, son bras droit Claude Guéant et le Premier ministre, François Fillon, ont planché tout l’après-midi sur les dernières moutures du casting. Et pour mettre au point les surprises du chef, Fillon a tout bonnement annulé sa participation aux rituelles questions d’actualité à l’Assemblée pour mener les dernières consultations.
Dans ce jeu de bonneteau grandeur nature, le grand gagnant s’appelle Frédéric Mitterrand, neveu de François. Un Mitterrand en Sarkozie, tout un symbole, même si à 61 ans, l’intéressé n’a jamais été de gauche. En 1995, il avait même appelé à voter Jacques Chirac. À la dernière présidentielle, l’ancien présentateur de télé avait soutenu Nicolas Sarkozy. De quoi lui permettre de s’attribuer les bonnes grâces du Sarkoland.
Au saut d’obstacles, si Mitterrand est gagnant, Christine Albanel s’est pris une gamelle. Son successeur ne lui a même pas laissé les dernières 24h tranquilles en annonçant lui-même sa nomination, brûlant ainsi la politesse à l’Élysée… « Première boulette », a tranché un conseiller de Sarkozy ! Le chef de l’État est d’ailleurs furieux, que sa surprise ait été ainsi éventrée par le principal intéressé. Pas tous les jours faciles, la vie de Président.
Ah, Rachida Dati ! Même sur le départ, la ministre de la Justice aura fait parler d’elle. Ou plutôt de son ministère. Mais bon sang, qui pour lui succéder ? Nicolas Sarkozy et François Fillon ont tout essayé pendant plusieurs heures. Avant de tout chambouler à la dernière minute. Un moment attribué à Xavier Darcos, le maroquin revient in fine à Michèle Alliot-Marie, non pas qu’elle ait formulé une subite envie de porter les sceaux, mais plutôt ses réticences à rester à l’Intérieur avec le très sarkozyste Christian Estrosi, un moment pressenti pour devenir secrétaire d’État à la sécurité. En somme, MAM ne voulait pas avoir le maire de Nice dans ses pattes. La ministre la plus chiraquienne de Sarkozie – si souvent annoncée débarquée par l’Élysée – trace donc sa route et passe de la place Beauvau à la place Vendôme avec le titre de ministre d’Etat. Quant à Estrosi, il est nommé ministre de l’Industrie. Allez comprendre la logique…
Le ministère de l’Intérieur revient à Brice Hortefeux, le poste qu’il a toujours voulu. Nicolas Sarkozy lui avait refusé, il y a à peine six mois, et préféré nommer son ami de trente ans aux Affaires sociales. Objectif de la manœuvre : lui permettre de se bâtir une image tout en rondeurs, après son passage à l’Immigration, pour obtenir une carrure de Premier ministre… Dans l’affaire de ce Fillon IV, Hortefeux s’en sort donc très bien : il obtient ce gros ministère tant convoité et ne quitte pas le gouvernement. Lui qui a pourtant été élu, le 7 juin dernier, au Parlement européen, n’y siègera donc pas.
Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale qui rêvait de la Justice, est le nouveau ministre du Travail. Et sera remplacé par Luc Châtel, qui cumule son porte-feuille avec la fonction de porte-parole du gouvernement. Une sacrée promotion pour l’ex-secrétaire d’État. Tout comme Bruno Le Maire (ex Affaires européennes) nouveau ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, en remplacement de Michel Barnier parti à Strasbourg. Un poste que beaucoup avaient cru attribuer au centriste, Michel Mercier, ami de François Bayrou et trésorier du MoDem. Cette « prise de guerre » hérite d’un nouveau ministère tout beau de l’Espace rural et de l’aménagement du territoire. Quant à Rama Yade, qui n’a pas réussi à retrouver les grâces du Palais après son refus de conduire une liste UMP aux européennes, elle quitte son secrétariat des Droits de l’Homme pour s’occuper du Sport.
Jusqu’au bout, le Château s’est fait plaisir…
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Bonjour,
Article très instructif et qui a le mérite particulier de souligner la guerres des egos qui eu lieu depuis quelques semaines, un jeu où Nicolas Sarkozy, il faut le reconnaître, excelle tant il a un large choix qui se présente à lui.
L’article aurait pu d’ailleurs être titré " remaniement d’egos", le terme de remaniement pouvant être diversement compris ici.
En effet, avoir renvoyé l’ego boursoufflé Claude Allègre au profit de l’ego en souffrance du neveu Mitterrand, seul un véritable spécialiste de cette science de l’époque, j’ai nommé "l’égotisme", pouvait arriver à réussir une telle opération de substitution de deux si beaux egos !
En résumé, l’article est excellent sur le fond et la forme, et démontre que le mot "gouvernement" devrait être supprimé et remplacé par "groupement d’égos".
Cela serait plus vrai dans le fond et aussi dans la forme, car ce groupement d’egos est présidé par le plus gros de tous. Ce qui es normal et logique !
Reste le problème de savoir combien de temps un rassemblement de grands egos à la compétence limitée de la chose publique peut être supporté ou toléré par la société.
Louis XVI excellait aussi aux remaniements de ministres à grands egos, mais quand il tomba de son trône, il fut seul à perdre sa tête alors qu’il avait été la tête du royaume de France.
Mais, là, je m’égare : nous sommes en République, pas en monarchie !
Bien cordialement,
SCOOP
Le fils Mitterrand a failli être nommé Ministre des affaires africaines et pétrôlières avec Pasqua…
Sans rire, Frédéric Miterrand a bien fait de rappeler que Sarkozy était dans le gouvernement Miterrand.
Et oui à cette époque son patron était le parrain du réseau Elf, Charles Pasqua, le petit était le traître mais il travaillait beaucoup…
« Pasqua, je l’appelais chef »
« J’étais dans le clan Pasqua. Sarko, pour nous, c’était le traître, celui qui avait battu Charles à la mairie de Neuilly, je ne l’aimais pas. Mais le temps est passé, faut reconnaître qu’il bosse. Pasqua, je l’appelais chef. Il avait fait acheter par Elf le terrain d’Issy-les-Moulineaux. Il y a eu une lettre de dénonciation sur la répartition des commissions avec les noms de Fred et de Carlo. Alors, en première instance, le président du tribunal me demande : « C’est qui Fred ? » J’aurais eu mauvaise grâce à ne pas lui dire que c’était moi (rires). « Et Carlo ? », il me demande ? Voyons, je ne vois pas, ai-je répondu (rires encore). Non, je lui ai dit, je ne vois vraiment pas (rires toujours)… » « Quand Jaffré a pris la direction d’Elf, Geneviève Gomez est partie en Suisse pour trouver celui de Daniel Leandri, le fidèle bras droit de Charles. Elle ne le trouvera pas, j’avais fait le ménage. Au final, un autre a balancé, et les juges suisses ont trouvé le pauvre Daniel. »
Le ministère de l’intérieur est en général aux mains des grands voyous…
Hortefeux Estrosi, et Mam à deux postes stratégiques la justice et la police, la CIA française dans le fief de Balkany.
Dormez tranquille "braves cons", le pays est entre de bonnes mains…