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Guéant, le communicant

ÉLYSÉE / jeudi 18 septembre 2008 par Marion Mourgue
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À 63 ans, Claude Guéant, ex préfet et aujourd’hui premier collaborateur de Nicolas Sarkozy, est devenu l’un des principaux rouages de la communication élyséenne. Un an après son arrivée au secrétariat général du Château, deux journalistes, Christian Duplan et Bernard Pellegrin, lui consacrent sa première biographie : « Claude Guéant, l’homme qui murmure à l’oreille de Sarkozy ».

Rien ne prédestinait cet ancien préfet et ex-Directeur général de la Police nationale à entrer dans la lumière. Ni à s’exprimer autant dans les médias. Sauf qu’il y a six ans, Claude Guéant a croisé le chemin de Nicolas Sarkozy. Et est devenu son directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur puis à l’Économie, avant de revenir avec lui place Beauvau. Et l’actuel secrétaire général de l’Élysée n’en est pas sorti indemne. Il a attrapé la « médiamania », un virus hautement contagieux qui l’a transformé en expert ès Sarkozy. Pas facile tous les jours !

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Claude Guéant, premier collaborateur de Nicolas Sarkozy depuis 2002, est devenu l’un des principaux rouages de la communication élyséenne
© Mor

D’autant que cela demande de maîtriser aussi bien la politique intérieure que l’international, l’économie ou la vie privée du président. Le tout saupoudré d’analyses de sondages… Exercice hautement périlleux ces derniers mois. Mais pour les médias, Guéant se range dans la catégorie des bons clients. Précis et bien informé, il délivre le message officiel de l’Élysée. Avoir sur un plateau ou dans les colonnes des journaux ce bras droit du président équivaut à recueillir la parole du chef de l’État. Toujours ça de pris ! Mais ne pas compter sur lui pour pratiquer le « off » et balancer des petites phrases croustillantes. L’homme, affable et courtois, adore la discrétion… Un anti-Sarko, en gros, pourtant le mieux placé pour parler de Nicolas !

Les socialistes, eux, ont senti la moutarde leur monter au nez. Dimanche 24 août, le PS s’est fendu d’un communiqué, par la voix du secrétaire national, Faouzi Lamdaoui, accusant Guéant de se conduire en « Premier ministre, alors qu’il n’est soumis à aucun contrôle démocratique devant le Parlement ou les Français ». Belle promotion pour celui qui n’est entré en politique qu’à 59 ans. D’ailleurs, dans son livre Témoignage, sorti un an avant la présidentielle, Nicolas Sarkozy parlait de lui comme d’un « ami indispensable ». Un ami que le chef de l’État envoie en Lybie, avec Cécilia, pour la libération des infirmières bulgares. Ou qu’il mandate pour recruter sa directrice de cabinet. Guéant : le fidèle du « Château »… L’un des rares que Sarko vouvoie !

Le Premier ministre a dû rire…

Mais il n’y a pas que l’opposition pour grincer des dents. François Fillon, à Matignon, n’est pas en reste. Le Premier ministre voit d’un mauvais œil cet homme de l’ombre lui voler la vedette. Et lui griller la politesse, avec le soutien de l’Élysée ! Comme il y a un an, en juillet 2007. À la veille du premier discours de politique générale de Fillon, Guéant accorde un long entretien au quotidien La Tribune. Du jamais vu en cinquante ans de Vème République !

Dans cette interview, il revient notamment sur la relation Sarko-Fillon. Pour Guéant, R.A.S : rien à signaler, tout va bien dans le meilleur des mondes. « C’est exactement le même rapport que celui qui existait entre le général de Gaulle et son Premier ministre Georges Pompidou », lance Guéant dans le quotidien. Avant de poursuivre : « Il y a une nouveauté : cette réalité est aujourd’hui assumée. Le patron apparaît comme le patron ». Sarko dans le rôle du patron… Et Fillon dans celui de l’employé ! Même Villepin, ex-secrétaire général hyperprésent sous le septennat de Jacques Chirac, ne l’avait pas faite cette blague ! Le Premier ministre a dû rire…

Et même exploser de rire quand en septembre 2007, en direct sur RTL, Guéant corrige les déclarations de la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, qui, elle, s’exprime sur Europe 1. Au « plan de rigueur » dans la fonction publique avancé par la ministre, Guéant préfère l’expression « plan de revalorisation ». Tout est dit. Comme le rappellent Christian Duplan et Bernard Pellegrin dans leur livre, le secrétaire général de l’Élysée a le pouvoir de rectifier les déclarations d’un membre du gouvernement. Guéant ou le véritable Premier ministre ?

Guéant, le multifonction

Pas toujours drôle pourtant le boulot de « secrétaire général – porte-parole - premier ministre ». En pleine présidentielle, Guéant - directeur de campagne du candidat Sarko - est envoyé au front pour répondre aux accusations d’un logement acheté, en 1997, dans des conditions supposées très favorables par le couple Sarkozy. C’est Guéant aussi, qui monte au créneau lors des vacances du président sur un yacht luxueux au large de Malte. Ou qui évoque la nationalité française de Carla Bruni, début février. Mais à devenir multifonctions, Guéant commet là sa première boulette.

Il explique, sur Europe 1, que « quelqu’un qui épouse une personne de nationalité française devient automatiquement français ». Pourtant, selon la loi, le mariage n’exerce pas d’effet automatique sur la nationalité. Et il faut attendre quatre ans, à compter du mariage, pour l’acquérir. Mais Sarko l’aime trop et lui redit toute sa confiance, dans Le Figaro, un mois après : « Qu’il y ait eu quelques erreurs, c’est certain. Je note qu’elles n’ont pas été commises par Claude Guéant. Il a toute ma confiance et mon amitié ». Et un bon point pour Guéant !

Tout, tout, tout, Guéant sait tout !

Encouragé à continuer, le secrétaire général s’exprime dans Le Parisien après la mort de dix soldats français en Afghanistan et le choc que l’annonce produit dans l’opinion publique. Le président « était très ému, oui, très affecté », commente Guéant. Avec l’aval du « Château ». « Il a eu la conscience physique de la responsabilité présidentielle dans l’engagement des forces armées. » Phrase à rallonge… Guéant prendrait-il goût à l’explication de texte ? Peut-être. En tout cas, Sarko laisse son conseiller prêcher la bonne parole.

Guéant a aussi fait la tournée des radios (RTL, Europe 1…) et des plateaux télé pour parler de la franchise médicale, de la Société générale, de la croissance de l’économie française ou des relations entre la France et la Syrie. Tout, tout, tout, Guéant sait tout ! Sur tout. À en faire pâlir quelques proches du président. Car c’est lui que l’on voit à la fin du Conseil des ministres, briffer quelques ministres avant leur sortie sur le perron de l’Élysée et leurs déclarations devant les caméras. Lui encore qui a le bras long sur les affaires diplomatiques, quitte à marcher sur les plates-bandes du quai d’Orsay et du conseiller diplomatique de l’Élysée, Jean-Daniel Levitte. Tout contrôler, jusqu’au bout…

L’homme de l’ombre, lui, est de plus en plus à l’aise dans l’exercice médiatique. À croire qu’il y prend goût… Il y en a deux qui vont être contents : Sarko et Fillon. Mais pas pour les mêmes raisons. Être secrétaire général n’est pas un métier facile. Y renoncer non plus…

Claude Guéant, l’homme qui murmure à l’oreille de Sarkozy

« Claude Guéant est vraiment un homme politique à part. » C’est fort de ce constat que Christian Duplan et Bernard Pellegrin, respectivement journalistes à Marianne et à l’AFP, ont entrepris d’écrire la première biographie du bras droit de Sarkozy. « Il nous plaisait de tenter de percer le mystère de celui que certains surnomment le vice-président mais écrire un livre sur Claude Guéant semblait une gageure. » Affable et policé, le conseiller du président ne se confie pas, même s’il a reçu, avec une grande ponctualité, les deux journalistes à sept reprises à l’Élysée. « Vous allez écrire ce livre, alors autant que je participe », explique Guéant aux deux journalistes qu’ils a vus pendant trois mois, généralement le samedi matin. Et même si le secrétaire général est l’envers exact du président - « austère, réservé, calme presque jusqu’à l’ennui, sage au-delà de la sagesse » - personne, racontent les biographes, ne conteste son pouvoir, son influence dans cet étrange couple que tout sépare. Tout est dit. L’effacé tient fermement les rênes essentielles du pouvoir. C’est lui qui veille au respect des engagements et des promesses formulés par Nicolas Sarkozy. Au point de ne pas se faire que des amis et de créer quelques jalousies chez les sarkozystes de la première heure…

Le 18 septembre en librairie, Édition du Rocher, 197 pages, 19€.

À lire ou relire sur Bakchich :

A l’épreuve du media-footing, le très visible secrétaire général de l’Elysée se montre très endurant. Il en oublierait presque qu’il n’est pas là pour délivrer sa bonne parole.
Un ancien de la mairie de Paris va être nommé à la tête de La Défense, le plus grand quartier d’affaires en Europe. Philippe Chaix a été adoubé bien sûr par le patron du département des Hauts-de-Seine, mais aussi par le bras droit de Sarkozy. Tous deux ont (…)

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8 MESSAGES
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Forum

  • Guéant, le communicant
    le vendredi 19 septembre 2008 à 00:11, Evariste a dit :
    Attention la Libye n’est pas la Syrie Merci pour elles
  • Le bon tremplin
    le jeudi 18 septembre 2008 à 23:26, Keloglan a dit :
    Rappelez-moi donc la fonction qu’occupait Pompidou avant de devenir Premier ministre ?
  • Guéant, le communicant
    le jeudi 18 septembre 2008 à 14:17, yoye2000 a dit :

    Après avoir lu cet article, je ne comprends toujours pas à quoi il sert, finalement, ce Guéant ?

    Il décide de tout, c’est ça ?

    Ceci dit, si c’est lui qui doit déminer les conneries que dit Sarkozy et sa clique, il n’a a pas trop de risques pour la démocratie, ils (notre DG et son conseil d’administration)en font assez pour occuper 10 Guéant à plein temps…

  • Mensonge et Vantardise… c’est ça le socialogaullisme…
    le jeudi 18 septembre 2008 à 14:13, PauLo a dit :

    Une redevance d’épargne pour l’économie de la consommation d’eau et d’énergie, c’est la proposition du Collège Anarcho-Patriote…

    Le système socialogaulliste est caractérisé par « toujours plus » de fonctionnaires, de dépenses et donc de dettes et d’impôts et « toujours pas » d’actions concrètes pour économiser l’eau et l’énergie, deux biens environnementaux des plus précieux.

    « Parlottes et dettes » socialogaullistes (pour paraphraser le titre du livre savoureux et décapant « Parlottes et fêtes » de Michel de Poncins) renvoient simplement sur les générations futures la charge de leur inaction.

    Or il est grand temps, peut-être juste encore temps, de traiter sérieusement la recherche et la réalisation d’économies de consommation d’eau et d’énergie.

    > Pas par des mesures coercitives du type de celles parfois prises par le régime socialogaulliste, par exemple « la tolérance zéro de la vitesse autoroutière » obtenue au moyen de radars coûteux et surtout destinés à rapporter encore davantage de fric à l’État, surtout pour que rien ne change.

    > Par une mesure simplement incitative et innovante, ne rapportant ni ne coûtant au contribuable ou à l’État, mais amenant les particuliers et professionnels, propriétaires ou exploitants, à investir pour réduire sérieusement et durablement la consommation d’eau et d’énergie sur leurs terrains ou dans leurs bâtiments.

    > Pas en interdisant l’arrosage par aspersion des cultures, imbécile et dispendieux que préconisent la « politique agricole commune européenne » et « l’agriculture productiviste » favorites des socialogaullistes. Mais en incitant les vrais paysans à revenir (et aussi les « exploitants » agricoles qui n’en connaissent pas les bienfaits, à venir) à l’arrosage par immersion, efficace et économique comme peuvent en témoigner les paysans des pays pauvres qui, eux, privés les pauvres ! des directives et subventions des « politiciens », « technocrates » et « experts » de Bruxelles, des Ministères, tous aussi budgétivores qu’inutiles, de l’Agriculture, de l’Environnement et du Développement Durable et des Directions Départementales de l’Agriculture ou de l’Environnement, le pratiquent avec bonheur comme leurs ancêtres leur ont appris à le faire de toutes les ressources rares.

    > Pas en interdisant « le tout électrique » dans l’habitat, imbécile et dispendieux promu par la politique néfaste des responsables de l’industrie socialogaullistes. Mais en incitant les propriétaires à investir dans l’isolation et la régulation thermiques de leur bâtiment et peut-être opter pour un autre mode de chauffage efficace et économique.

    C’est l’objet de la RECE proposée : « redevance d’épargne pour l’économie des consommations d’eau et d’énergie ».

    > Redevance certes mais restituable sur 5 ans sous forme de diminution voire de totale exonération de TVA à qui investit pour économiser sa consommation d’eau et/ou d’énergie.

    > Pas une mesure gérée depuis Paris, d’un palais de gouvernement, par un(e) ministre fan ou coqueluche des médias. Non, une mesure déléguée aux départements ou territoires, fixée et mise en œuvre en fonction des conditions locales d’approvisionnement, d’environnement et de climat. Donc modulée selon l’habitat et les usages de construction locaux.

    > Et en sus, une émulation dynamisante entre les départements et une incitation forte pour leurs finances visant à les faire agir dans le bons sens.

    > Une mesure de développement pour l’artisanat et les petites et moyennes entreprises du bâtiment, c’est-à-dire un retour favorable à l’économie locale.

    Bref, une mesure tout différente des pratiques socialogaullistes.

  • Guéant, le communicant
    le jeudi 18 septembre 2008 à 10:32, Fil Vert a dit :
    C’est un peu le cardinal de Richelieu ! Mais effectivement où est la démocratie et la séparation des pouvoirs entre le gouvernement et les conseillés du Président ? On peut de toutes façons être sûr que la concentration des pouvoirs a de beaux jours à filer !
    • Guéant, le communicant
      le samedi 20 septembre 2008 à 16:08
      c’est vrai que la démocratie est à l’agonie avec ce genre de comportement peu républicain… patience et longueur de temps….le peuple s’organise, la vindicte populaire se met en place contre l’arbitraire, l’injustice, la dictature en quelque sorte et ….les français, lorsqu’ils sy mettent vraiment croyez moi ça n’est pas pour du beurre…..ça peut même être sanglant… voir l’histoire pour s’en convaincre…
    • Guéant, le communicant
      le jeudi 25 septembre 2008 à 13:52, georges MANDEL a dit :
      cardinal de Richelieu, faut rien exagérer, c’est un flic qui n’a pas plus d’importance que ça !!!!!
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