Xavier Darcos rêvait de Matignon. Mais l’ex-favori de Sarkozy a loupé le coche. Aujourd’hui, il reste à l’Éducation et doit faire face à une journée de forte mobilisation. Avec un sourire de circonstance.
Xavier Darcos n’a rien de prévu, ce jeudi 29 janvier, à son agenda. En tout cas pas officiellement. Officieusement en revanche, le ministre de l’Éducation nationale devrait suivre attentivement les grèves prévues dans le primaire comme dans le secondaire. « Je n’ai pas pas d’inquiétude particulière pour ce jeudi », confiait Darcos à Bakchich en marge du Conseil national de l’UMP.
« J’aborde cette journée avec sérénité. Je ne redoute jamais rien. D’ailleurs, que voulez-vous que je redoute ? » Voyons : les cortèges d’enseignants, syndicats, parents d’élèves, lycéens et étudiants. Tous s’apprêtent à défiler contre les 30 000 suppressions d’emplois publics prévues en 2009, le contenu des programmes, le nouvel emploi du temps consécutif à la suppression du samedi matin, la mise en place du service minimum…
Des manifestants d’autant plus requinqués que Darcos s’est pris une claque élyséenne, en décembre dernier. Après les mouvements de lycéens fin 2008, la réforme de la seconde a été reportée d’un an pour favoriser la concertation. Et ce à la demande de Nicolas Sarkozy. Quelques jours plus tôt, Darcos répétait à qui voulait l’entendre qu’il ne reculerait pas sur ce dossier et se vantait de ne pas être « le ministre de l’Hésitation nationale ». Mais face à la contestation élyséenne croissante et après les « émeutes de la jeunesse » en Grèce, le chef de l’État a préféré revoir la copie. Et reprendre en main le dossier. Darcos a donc été recalé…
Dur à avaler pour l’ex-favori de Sarkozy ! Car le ministre membre du « G7 » commençait à rêver d’une promotion à Matignon qui serait venue récompenser ses dix-huit mois de gestion du « mammouth ». « Il a fait jusque-là un sans faute », expliquait un conseiller du président, avant l’épisode de décembre. Mais voilà les temps ont changé et la fin de l’année s’est corsée. « Il ne parle plus de Matignon », raconte un de ses collègues ministres.
« Darcos est défait », poursuit un autre. « Il comprend qu’il est assis sur une pétaudière. Il n’a qu’une envie, c’est quitter ce ministère. Mais pour allez où ? » Pour aller dans un bon gros ministère régalien avec de grosses responsabilités. Ça tombe bien, se dit l’entourage du ministre de l’Education, Rachida Dati va bientôt quitter la Justice. Sauf que pour l’instant, l’Élysée n’a pas l’intention de le changer de place.
Mais le poste aux yeux de Darcos n’a plus la même saveur. Car pour la nouvelle année, Sarkozy lui a fait un cadeau empoisonné : le flanquer de deux acolytes. Le premier Martin Hirsch a été nommé Haut-Commissaire à la Jeunesse, le second, Richard Descoings, a été appelé en renfort pour relancer la réforme du lycée. Un désaveu ? « Pas du tout », se défend le ministre de l’Éducation qui explique que Descoings est un ami et qu’il a proposé son nom à Nicolas Sarkozy. Ça ressemble à la méthode Coué !
Officiellement donc, aucun problème sous le soleil pour l’intéressé. « J’en vois qui écrivent que ma mission est terminée », a-t-il expliqué devant la presse le 22 janvier. Avant de se défendre : « Une lettre de mission c’est une rampe de lancement que vous donne un président. Sur cette rampe, une fusée ne s’arrête pas en cours de route parce qu’elle a décollé. Il faut continuer ». Mais sans promotion.
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