Tel un jeu de dominos, l’empire Pougatchev vacille. Le journal France-Soir, récente acquisition de l’oligarque russe qui accumule les difficultés financières, sera-t-il le prochain à tomber ?
Nouvelle période d’inquiétude pour les salariés de France-Soir. Après les interrogations éditoriales qui ont suivi le remplacement de Christian de Villeneuve par Rémy Dessarts au poste de directeur de la rédaction, voici venu le temps des angoisses financières. Qu’il semble loin le temps où l’équipe du journal s’installait dans un immeuble luxueux des Champs-Élysées et que le jeune propriétaire du quotidien, Alexandre Pougatchev, annonçait vouloir vendre à plus de 500 000 exemplaires chaque jour. C’était pourtant en mars 2010.
« Aujourd’hui, on se demande si on va être payés à la fin du mois », confie un journaliste. Et les ventes sont loin d’être celles escomptées. Selon l’OJD, la diffusion France payée serait de 76 475 exemplaires quotidiens. Pas de quoi pavoiser. D’autant plus que, selon plusieurs sources, les pertes mensuelles seraient supérieures à 2 millions d’euros. L’entreprise a réalisé un résultat opérationnel négatif de 21 millions d’euros au premier semestre 2010.
Le jeune fils d’oligarque pourra-t-il assurer la continuité de l’entreprise ? Rien n’est moins sûr. Les infos venues de Moscou, indique que les finances de Sergueï Pougatchev, son père, présenté un temps comme le banquier de Poutine, sont au plus mal. À la mi-octobre, incapable de rembourser 200 millions d’euros d’obligations, la Mejprombank, détenue par sa holding OPK, a vu sa licence bancaire retirée.
Peu après, ce fut au tour de Luxe TV, une chaîne détenue par Pougatchev père, de mettre la clé sous la porte. Dans le même temps, Luxadvor, la société qui détient la chaîne, changeait de nom pour devenir Luxury Investment et l’une de ses administratrices démissionnait. À la fin août, cette même personne quittait aussi son poste au sein de Sablon International, qui avait financé la recapitalisation de France-Soir. Un signe avant-coureur ? Toujours est-il que des prestataires du journal se plaignent de ne pas avoir été réglés.
Par ailleurs, selon la Lettre A, « le jeune propriétaire de France-Soir (…) n’est plus en cour à l’Élysée ». Sarkozyste à ses débuts, la ligne éditoriale prend des accents populistes (« Ne gâchez pas nos vacances », avait titré le quotidien pendant les grèves). Un changement de ton qui, toujours selon la Lettre A, coïncide avec « l’éviction de son père (…) du contrat d’achat par la Russie de quatre navires de guerre français Mistral ». Slave qui peut ?