Depuis que le groupe Bakchich a déposé le bilan, le téléphone ne cesse de sonner. Les grands médias, qui ont pourtant repris les scoops de l’hebdo et du site, semblent découvrir notre existence. Un peu tard, non ?
Le 14 décembre, Bakchich.info publiait un petit scoop sur la détérioration des relations sociales à TF1. L’inspection du travail alertait le parquet et signalait que la première chaîne avait « mis en danger » la vie d’un de ses salariés. Une première. Pourtant, pas un média ne s’en est fait l’écho.
Quelques jours plus tard, Lepoint.fr et l’AFP y allaient d’un article sur le sujet, mais sans nous citer. À la mi-janvier, Bakchich dépose le bilan. Des fuites sur la situation financière du journal alimentent des articles dans Mediapart ou dans Presse News. Depuis, le téléphone ne cesse de sonner. Les articles se multiplient sur le Web et ailleurs. Deux poids, deux mesures. Et l’histoire qui bafouille.
Il y a un an, alors que Bakchich était placé en redressement judiciaire, la presse se faisait l’écho d’elle-même en reprenant des informations erronées annonçant son dépôt de bilan. À croire que la mort d’un titre, c’est bon pour les statistiques.
Il faut dire, à leur décharge, que, en quatre années d’existence, nous avons mis une énergie certaine à railler – toujours avec le sourire – leurs petites compromissions et leurs grands dérapages. Plans com, copinages, censures, conflits d’intérêts : autant de faits d’armes dont la publicité dans nos colonnes n’a guère plu.
Bakchich a critiqué, Bakchich a été critiqué. Quoi de plus sain ? Mais, pour avoir dénoncé ces travers, parfois de manière virulente, Bakchich a rarement eu l’honneur des revues de presse. Et non, Philippe Val, directeur de France Inter, n’est pas l’unique coupable. Une publicité nécessaire mais pas suffisante pour un média comme le nôtre, qui n’y aura eu droit que trop rarement.
Et au final, un constat, déjà établi auparavant par Bourdieu, Carles, Maler ou Schneidermann : celui qui critiquera les médias sera ostracisé ou, plus insidieusement, ignoré. Et l’on se demande, à dix-huit mois de la présidentielle, quand les grands médias s’interrogeront enfin sur les raisons de leur déclin.
La fin de Bakchich, même si elle s’explique par mille autres raisons, est un élément de réponse.
PS : Si Jean-Marc Morandini.com recrute, je suis disponible dès la mi-février.
PPS : Si je suis embauché, je cherche un(e) stagiaire à plein temps.