Après les conseillers et Haut-Commissaires, Sarkozy installe les médiateurs. Façon pour lui d’encadrer les ministres et de garder la haute main sur les dossiers.
Et un ! et deux ! et trois ! Même quatre… Quand il aime, Nicolas Sarkozy ne compte pas. Et en ce moment, ce sont les médiateurs qui ont la cote auprès de l’exécutif. Premier à ouvrir le bal, Richard Descoings directeur de Sciences-Po Paris nommé auprès du ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, pour retravailler la réforme des lycées. Deuxième, Claire Bazy-Malaurie, présidente de chambre à la Cour des comptes et spécialiste des questions universitaires, installée auprès de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, pour réécrire le décret modifiant le statut de 1984 sur les enseignants-chercheurs. Trois et quatre, Jean Bessière et Serge Lopez, tous deux directeurs du travail appelés en renfort aux côtés d’Yves Jégo. Aux yeux de François Fillon, lors de son précédent séjour en Guadeloupe, le secrétaire d’État à l’Outre-Mer avait cédé un peu vite sur une augmentation d’un montant de 200 € pour les bas salaires…
Dans ces trois « affaires », les ministres devaient faire face à des manifestations grandissantes. Avec la crainte du Château que les mécontentements finissent par s’agréger et produire un cocktail explosif… Résultat : l’exécutif a estimé qu’il y avait cafouillage et leur a retiré le dossier. Et publiquement, s’il vous plaît. En clair, au piquet ! Voire carrément recalés tant la marge de manœuvre des intéressés a réduit comme peau de chagrin. « Le travail est désormais entre ses mains », a reconnu elle-même Valérie Pécresse, en parlant de la médiatrice. Pas tous les jours facile d’être ministres en Sarkozie !
Surtout que le président a l’air de prendre un malin plaisir à leur faire avaler des couleuvres. Avant de devoir apprendre à travailler avec les médiateurs, les membres du gouvernement avaient eu le droit à une petite innovation : les Haut-Commissaires… Fallait y penser ! À l’image de Yazid Sabeg responsable de l’Égalité des chances ou de Martin Hirsch pour la Jeunesse, dont les domaines de compétences se chevauchent pas mal avec ceux de Fadela Amara et de Xavier Darcos. Maigre lot de consolation pour les ministres : les Haut-Commissaires ne sont pas autorisés à siéger à l’Assemblée nationale et au Sénat pour les questions d’actu, retransmises à la télé. Ouf, l’honneur est sauf !
En outre, ces pauvres ministres - qui ont quand même de beaux bureaux, un chauffeur et quelques avantages - doivent depuis vingt mois défendre leur pré-carré et batailler avec les conseillers de l’Élysée ! À l’image de Patrick Ouart en charge de la Justice et garde des Sceaux officieux qui n’a jamais fait grand cas de Rachida Dati. Le départ désormais acté de cette dernière, il a fallu réfléchir à son remplaçant. À l’heure actuelle, c’est la ministre de l’Économie, Christine Lagarde qui tient la corde. Patrick Ouart consulté pour ce choix a donné son accord… Influent, il est. Influent, il restera. À l’image aussi de Jean-David Levitte, réel ministre des Affaires étrangères face à Bernard Kouchner. Ou du trio François Pérol à l’Élysée, Antoine Gosset-Grainville à Matignon et Stéphane Richard à Bercy qui sont en charge de l’Économie. Même le premier des ministres, François Fillon, a son doublon-joker au Château : Claude Guéant, bras droit du Président. Le principe de libre-concurrence sur le marché n’avait jamais été autant d’actualité !
Difficile dans ce contexte de préserver sa marge de manœuvre. « Nous avons un gouvernement de médiateurs », explique un proche du Président, « pour éviter que les ministres ne soient mis dehors ». Manière de remettre les intéressés à leur place et de prévenir le hors jeu. Manière aussi de montrer qu’ils ne pèsent pas bien lourd, a fortiori en ces temps de gestion de crise. L’initiative de nommer un médiateur auprès de Darcos avait ramené le calme dans les lycées et fait retomber le soufflet. Manifestement, François Fillon espère refaire le même coup pour l’université et les Antilles. Sauf que les ministres désavoués sont aussi jugés à l’aune de leurs relations avec les médiateurs… De plus en plus compliqué, tout ça.
Si les proches du Président estiment que Darcos a bien mis en avant Richard Descoings, malgré son peu d’envie de lui laisser de la place, Valérie Pécresse, elle, en aurait trop fait. En même temps, la médiatrice n’est nommée que depuis quelques jours. Quant à Jégo, qui en a deux pour le prix d’un, on lui souhaite bien du courage. D’ailleurs, le secrétaire d’État les a laissés sur place et a dû entré en métropole ! Le soir même, vendredi 13 février, au 20H de France 2, c’est Jégo qui s’est retrouvé en plateau. Pour le assurer le service après-vente des médiateurs.
À trop vouloir diriger ses ministres, le président a fini par les assommer. Et dû dans le même temps multiplier les béquilles pour essayer de les soutenir. D’autant plus que les couleuvres à gober se multiplient. Et en public, s’il vous plaît. Les médiateurs, comme les conseillers, ne se cachent pas. Ils sont même carrément mis en avant. Le 30 janvier, lendemain de la journée de mobilisation qui a réuni entre 1,5 et 2 millions de Français dans la rue, c’est le conseiller social de Sarko, Raymond Soubie, qui est l’invité de RTL pour décrypter le mouvement. Lui, plutôt que Brice Hortefeux, ministre du Travail, ou Laurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’emploi. Pas bête la guêpe, à RTL : aller à la source des infos étant donné que c’est Soubie qui gère le dossier. Et finalement, pourquoi s’en cacher ?
Car depuis son arrivée au Château, Nicolas Sarkozy a poussé ses conseillers à intervenir dans les médias… histoire de bien souligner que les décisions se prennent avant tout à l’Élysée. Sauf qu’à compter leurs interventions dans les médias, ces conseillers censés au départ éclairer la parole du Président, ont fini par donner leur avis sur tous les sujets - à la manière d’Henri Guaino - et à reléguer François Fillon au rang de « collaborateur »… Instaurant de facto, et en parallèle du premier, un gouvernement bis. Aujourd’hui, avec les médiateurs se construit le troisième cercle. Auquel il fait rajouter les multiples commissions installées depuis un an et demi sur à peu près tous les sujets…
Ministre en Sarkozie… ça commence à devenir l’enfer !
Ce proche de Nicolas Sarkozy et fondateur de la société Image et Stratégie a été nommé en conseil des ministres, le 16 avril 2008, délégué interministériel pour la communication et propulsé à la tête Service d’information du gouvernement (SIG). Sa mission : mettre en valeur la politique du gouvernement et éviter les couacs de communication après le dossier des OGM, du paquet fiscal… Et mettre donc de l’huile dans les rouages. Alors que SIG était jusque-là sous la tutelle de Matignon, Nicolas Sarkozy a décidé de le placer sous son autorité.
Pourtant, sa communication a fait pschitt. Aucun des ministres - comme il en était pourtant convenu - ne se réfère à lui avant de prendre la parole. Sa campagne de pub lancée en juillet dernier, avec pour slogan « Vous êtes impatient ? Nous aussi » a fait un flop. Et coûté quand même 4 millions d’euros ! Quant à son projet de campagne sur le RSA, estimé à 3 millions d’euros, on n’en entend plus parler.
Nicolas Sarkozy a donc tranché : il ne fait jamais appel à son viel ami. Il a même décidé de nommer un autre publicitaire, Jean-Michel Goudard, conseiller à l’Élysée. Quant à Fillon et son entourage, ils n’apprécient guère Saussez. Voire, il s’en méfie. Un beau succès de communication !
À lire ou relire sur Bakchich.info :
Lisez plutôt cela d’un roman que l’on m’a offert pour mon anniversaire ? un "classique" que je n’avais pas encore lu . Mais quelle ne fût pas ma berlue devant cette page ! :: :: :: ::
Mais voici la question qui me préoccupe : si Dieu n’existe pas, qui donc gouverne la vie humaine, et, en général, l’ordre des choses sur la terre ?
C’est l’homme qui gouverne ! se hâta de répondre le poète courroucé, bien que la question, il faut l’avouer, ne fût pas très claire.
Pardonnez-moi, dit doucement l’inconnu, mais pour gouverner, encore faut-il être capable de prévoir l’avenir avec plus ou moins de précision, et pour un délai plus ou moins acceptable. Or - permettez-moi de vous demander -, comment l’homme peut-il gouverner quoi que ce soit, si non seulement il est incapable de la moindre prévision, ne fût-ce que pour un délai aussi ridiculement bref que, disons, un millier d’années, mais si, en outre, il ne peut même pas se porter garant de son propre lendemain ?
"Tenez, imaginons ceci, reprit-il en se tournant vers Berlioz. Vous, par exemple. Vous vous mettez à gouverner, vous commencez à disposer des autres et de vous-même, bref, comme on dit, vous y prenez goût, et soudain…hé,hé… vous attrapez un sarcome au poumon…(En disant ces mots, l’étranger sourit avec gourmandise comme si l’idée du sarcome lui paraissait des plus agréables.) Oui un sarcome…(répéta-t-il en fermant les yeux et en ronronnant comme un chat) et c’est la fin de votre gouvernement !
"Dès lors, vous vous moquez éperdument du sort des autres. Seul le vôtre vous intéresse. Vos parents et vos amis commencent à vous mentir. Pressentant un malheur, vous courez voir les médecins les plus éminents, puis vous vous adressez à des charlatans, et vous finissez chez les voyantes. Tout cela, ai-je besoin de vous le dire, en pure perte. Et les choses se terminent tragiquement : celui qui, naguère encore, croyait gouverner, se retrouve allongé, raide, dans une boîte en bois, et son entourage, comprenant qu’on ne peut plus rien faire de lui, le réduit en cendres.
"Mais il peut y avoir pis encore : on se propose, par exemple - quoi de plus insignifiant ! - d’aller faire une cure à Kislovodsk (l’étranger lança un clin d’oeil à ,Berlioz), et voilà, nul ne sait pourquoi, qu’on glisse et qu’on tombe sous un tramway ! Allez-vous me dire que celui à qui cela arrive l’a voulu ? N’est-il pas plus raisonnable de penser que celui qui a voulu cela est quelqu’un d’autre, de tout à fait neutre ?
Et l’inconnu éclata d’un rire étrange.
Berlioz avait écouté avec une attention soutenue la désagréable histoire du sarcome et du tramway, et maintenant une idée inquiétante le tourmentait ; "Ce n’est pas un étranger…ce n’est pas un étranger…pensait-il. C’est, sauf le respect, un type extrêmement bizarre…Mais qui cela peut-il être ?…"
Extrait de : "Le Maître et Marguerite" Mikkaïl Boulgakov
Considéré comme son chef-d’œuvre,il écrit ce roman entre 1928 et 1940, année de sa mort. Il s’agit d’un conte ou allégorie sur le séjour de Satan à Moscou, regard critique sur le régime soviétique. Cet extrait situé au tout début du livre est un peu le postulat de l’action qui va suivre. Mais on ne peut s’empêcher de penser à Sarkozy et son action insoutenable et légère, voire burlesque dans la conduite des affaires de notre pays. D’ailleurs Boulgakov fait constamment référence au burlesque et au cirque dans son roman pour contourner la censure soviétique.
Donc en fait, si j’ai bien compris…on garde ces ministres inutiles juste dans le cadre du plan de relance, afin de ne pas augmenter les chiffres du chômage, c’est ca ? pratique. Comme ça on a comme effectif total employés, un tas de ministres d’un côté et, de l’autre, un tas de médiateurs. 2 voire 3 pour un même poste, fallait y penser ! Et ces emplois ne coutent rien (ou si peu) ! Avec toutes les économies faites avec les diminutions du nombres de fonctionnaires, on peut bien se payer 2-3 doublons !
Sans côté que la réserve est inépuisable : parce qu’avec toutes les réformes mal foutues, faites à la hâte et sans objectif réels, le métier de médiateur est la formation d’avenir. Ami chômeur lecteur de Backchich, tu sais ce qui te restes à faire !