François Bayrou contre Dominique Paillé : les deux ex-amis règlent des comptes par livre interposé. Enjeu, leur vision de Nicolas Sarkozy.
« Il faut mesurer quel viol est ainsi imposé à la France républicaine », la charge est violente, le ton est donné. Dans son douzième livre, Abus de pouvoir, François Bayrou, président du Modem règle ses comptes avec Nicolas Sarkozy, à la veille du deuxième anniversaire de son élection à l’Élysée, le 6 mai 2007. Le titre est éloquent, Abus de pouvoir, et rappelle le Coup d’État permanent que François Mitterrand avait signé contre de Gaulle, en 1964.
Retour en 2009 à un mois des élections européennes. Un scrutin qui constitue un test pour le Président du Modem s’il veut peser en 2012 et qui explique le calendrier de cette publication accompagné d’un gros plan médias. Pour contrer l’effet Bayrou et ne pas le laisser grimper trop rapidement les marches du pouvoir, la Sarkozyie a répliqué. Vite fait, bien fait. En déployant un pare-feu. Avec quelques jours d’avance sur la date de parution, Dominique Paillé, ex-centriste et ancien ami de François Bayrou, aujourd’hui encarté à l’UMP, a dégainé son opuscule : Les Habits neufs des faux-centristes. Objectif : démonter l’entreprise politique de Bayrou en démontrant sa faiblesse électorale. « Depuis qu’il a pris le centre, il a réduit sa famille à peau de chagrin », « son Modem n’est pas un parti politique mais une sorte de secte », écrit Paillé, porte-parole adjoint de l’UMP.
Deux livres, deux lectures d’un homme : Sarkozy. Sous prétexte de dresser un bilan accablant de la gestion par Bayrou du mouvement centriste, Paillé se livre à un panégyrique de l’action de Sarkozy, « un Président à l’écoute du Centre ». Vision diamétralement opposée pour Bayrou qui définit le chef de l’État comme un « enfant barbare », un être « puérile » et qui « aime se mettre en scène comme un surhomme » pour Bayrou.
Selon l’ex-candidat à la présidentielle, « ce qui me sépare de Nicolas Sarkozy, ce sont les valeurs. Dans mon esprit, chacun le comprend bien, les valeurs, c’est plus grave que le programme ». Avant d’ajouter : « J’ai parfois l’impression que tout ce que j’aime, il le déteste, et tout ce qu’il m’aime m’insupporte ». Pas faux.
Dans un pamphlet au vitriol, en forme de réquisitoire contre le président, Bayrou s’en prend donc à la personnalité de son adversaire politique et au régime qu’il a instauré, selon lui. Ni « monarchie », ni « dictature », la France serait, selon Bayrou plongée dans une « égocratie ». Un néologisme inventé pour désigner une société caractérisée par « un abus de pouvoir, un abus de position dominante. (…) L’arbitraire est jouissance ».
« Pour tenter de devenir le premier opposant de France, François Bayrou franchit souvent la ligne blanche », réplique Paillé. « Européen convaincu, Bayrou n’a même pas salué l’exercice réussi de la présidence française de l’Union européenne ». Pas sympa, là, Bayrou ! « Pourtant, rarement la France aura pesé d’un tel poids sur la scène mondiale et le président de la République a relancé la machine européenne », affirme celui qui était conseiller à l’Élysée, il y a peu.
Difficile parfois de savoir si l’on parle bien du même homme… Car pour Bayrou, Sarkozy « nous conduit là où la France a toujours refusé d’aller » et « il le fait sans mandat ».« Le peuple français n’a jamais opté », affirme l’agrégé de lettres, « pour les choix qui depuis dix huit mois ouvertement ou subrepticement sont faits en son nom ». « C’est un abus de pouvoir, un abus de position dominante. (…) Pour ceux-là, l’arbitraire est jouissance ».« C’est cela qui appelle la résistance des citoyens »
Paillé, adjoint de Frédéric Lefèbvre à l’UMP et à bonne école pour le tir des gâchettes, pointe l’obsession de Bayrou pour l’Élysée. Ainsi consacre-t-il tout un chapitre à cet « imprécateur et faux centriste », « un monomaniaque du pouvoir présidentiel » qui publie un « mauvais remake du Coup d’État permanent de Mitterrand » et qui « mène désormais une aventure personnelle » pour servir un « objectif obsessionnel : la présidence de la République ». Rappelons donc que les deux hommes étaient amis…
Dans ce contexte, Bayrou qui se définit lui-même comme « insupportable » s’installe dans le rôle qu’il affectionne : celui de premier opposant au Président. « J’ai juré de ne rien lâcher, en votre nom ». Vu le ton du livre, on le croit. L’ex-candidat à la présidentielle fixe déjà rendez-vous en 2012 : « c’est cet archipel de résistance qui va gagner » contre celui qui est désigné non pas comme « un ennemi personnel » (inimicus en latin), que comme un « ennemi à qui on fait la guerre » (hostis).
On aurait pourtant cru le contraire…
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en 2007, je répétais à qui voulait m’entendre :
" 5 ans de malheurs, quinze ans pour s’en remettre ! "…
Aujourd’hui, je suis passé à 50 ans… et encore, si jamais on arrive à s’en remettre (tout augmente… sauf notre pouvoir d’achat) !
Pas à dire, la vie des états-nation comporte des haut et des bas : après 30 ans de grandeur, 30 de décadence (le Busher du Texas, le fringant espion P[o]utine et nabot Léon alias Sarko[na !]zi, pas à dire on est gouvernés…)