La surprise du chef de Sarkozy lors du dernier remaniement aura monopolisé les débats cette semaine. Retour sur le profil d’un dandy.
Portrait publié le 29 juin 2009
C’est le doigt sur la couture du pantalon (en satin) que Fréderic Mitterrand devient ministre de la Culture de Sarkozy. Rien de nouveau sous le soleil. En juin 2008, le neveu de « Tonton François » était déjà en odeur de sainteté du côté de l’Elysée. Il venait d’être fraîchement désigné par le mari de Carla B., qu’elle avait fait rencontrer, comme l’heureux occupant de la Villa Médicis. Domaine prestigieux objet de toutes les convoitises qui abrite depuis 1803 l’académie de France à Rome. Un amour à l’italienne était né.
Il y a un an donc, Georges-Marc Benamou, girouette mitterrandienne devenu conseiller « spécial » de Sarko en 2007, lorgnait lui aussi sur le butin romain. Le neveu Mitterrand, prestige du nom oblige, était reparti clés du palais en main. A croire que notre Sérénissime président s’est fait sienne la maxime d’Edgar Faure : « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ». Privilégiant le fils de sang au converti de la dernière heure.
Il est bien hasardeux, dès lors, de qualifier le coup de filet d’ouverture à gauche. « D’ouverture d’esprit », a minima, peut être, comme le rappelait mardi l’intéressé, prompt à annoncer lui-même sa nomination avant même l’annonce officielle par l’Élysée… Volant à Nicolas Sarkozy l’effet de sa surprise patronymique : Mitterrand ou le nom du seul président socialiste de la Vème République. Mais le neveu n’a pas sa carte au PS. Car il coule dans les veines du précieux Mitterrand bien plus de globules bleus que de globules rouges. Et ce, depuis plus de 15 ans.
Le Rubicon de la trahison du « Tonton » a été franchi dans les années 90. Après un passage éclair au MRG (radicaux centre gauche) sous la houlette de Bernard Tapie, le mirliflor se décide à voter Chirac en 1995. Avant de rééditer le coup en glissant dans l’urne le bulletin Tiberi aux municipales de 2001. Bernadette Chirac, toute émue, de dire qu’il « sera un très grand ministre de la Culture », reconnaissant que le neveu de feu le président François Mitterrand est pour elle « un ami ».
Le dandy à la voix nasillarde, tombé dans la marmite de la culture quand il était petit, a-t-il les épaules assez larges pour le poste ? Un de ses amis, après sa nomination, voulait lui envoyer comme SMS : « Bravo pour ta nomination mais tu n’es pas assez salaud ». Pas assez tueur et trop « brute de décoffrage ». Ce qui n’empêche pas de nourrir des amitiés bien placées. Par-delà même les rivages consolants de la Méditerranée.
Le plus flamboyant des compagnons du régime tunisien de Ben Ali, durant plusieurs années, fut sans conteste Fréderic Mitterrand. Son penchant pour les têtes couronnées lui a valu de commenter les funérailles de Hassan II en juillet 1999. Ce compagnon de route a rarement manqué une occasion de glorifier le régime, même si ces derniers temps le zélé Frédéric s’est fait plus discret. Amour déçu ?
À Hammamet, où il possède une fort jolie villa, depuis des siècles la mer vient lécher les remparts de la médina. Or, comme a Tunis, Bizerte, Sousse, les pouvoirs publics ont autorisé le déversement de milliers de tonnes de gravats sur le site. Le paysage est défiguré à la grande fureur de Frédéric Mitterrand, qui avait pourtant obtenu des deux derniers ministres du tourisme et de l’environnement l’assurance qu’on ne toucherait pas à sa médina. Le temps passe. « Tonton » n’est plus à l’Élysée, et Frédéric, son neveu, attiré par les fastes marocains, lorgne sur une maison à Marrakech. Clin d’œil sûrement aux villas des grands acteurs, lui, Frédéric le cinéphile, de France et d’Afrique.
Pudique, secret, l’homme se livre pourtant dans l’autobiographie, La Mauvaise Vie, qu’il écrit en 2005. Il y a raconte sa vie amoureuse, sa recherche de plaisirs homosexuels, comme en Thaïlande, avec cette phrase choc où il énonce son habitude de « payer pour les garçons ». Un chapitre qui aurait pu faire scandale. Mais la sobriété du style et la sincérité ont séduit 200 000 lecteurs.
Son éditeur Robert Laffont écrivait de lui pour présenter l’ouvrage : « Maintenant cet homme est fatigué et il pense qu’il ne doit plus se mentir à lui-même pour tenter d’obtenir que la vie qui lui reste ne soit pas aussi mauvaise ». Avant d’ajouter, interrogatif : « Mais il ne sait pas ce qu’il résultera de cet effort. » À en verser de chaudes larmes. Heureusement que Carla Bruni-Sarkozy a su choisir le bon mouchoir pour réconforter le petit Frédéric. Celui de ministre de la République.
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