Alors que certains luttent pour ne pas partir à 62 ou 67 ans, d’autres, discrètement planqués, s’appliquent à conserver leurs généreux acquis. Revue de troupes.
En moyenne, les militaires prennent leur retraite à 43,8 ans. Soit 51,3 pour les officiers, 45,8 pour les sous-officiers et 32,2 pour les bidasses. Alors que les fonctionnaires de l’État quittent leur poste à 58,8 ans après 33,6 années de cotisation. Ainsi, après vingt-six années de service, un militaire touche une pension équivalente à celle d’un fonctionnaire civil ayant bossé pendant trente-trois ans. La Cour des comptes a constaté que nos frères d’armes touchaient 72 % de leurs six derniers mois de salaire.
Là où la bande molletière blesse, c’est que 63 % des militaires quittent l’armée avant de satisfaire les conditions du droit à la retraite. Ces « déserteurs » sont alors reclassés dans le régime des fonctionnaires non titulaires. Sachons enfin, cerise sur le calot, que, dès qu’un soldat voyage hors des frontières, qu’il tire un coup de fusil, monte en avion, en hélico ou plonge en sous-marin, c’est-à-dire fait son boulot, il rabiote du temps de retraite avec, quoi qu’il arrive, un bonus : le cinquième du temps de service offert ! Total : 8,6 milliards d’euros pour 565 465 pensionnés militaires, contre moins de 6 milliards pour 1 695 256 civils… Nos bidasses sont comme Bazaine, des as de la retraite. - J.-M.B.
Pour leurs vieux jours, des patrons du CAC 40 ont découvert, en lisant la loi, une délicieuse oasis : le cumul emploi-retraite. Depuis 2009, le dispositif permet de faire couler à haute pression les deux robinets : toucher une pension complète et un salaire sans plafonnement. Double jackpot à la clé ! Conséquence : un tiers d’entre eux y ont recours, contre à peine 2 % sur l’ensemble des retraités. Parmi les gros bonnets, de jolis noms. L’ex-PDG de L’Oréal Lindsay Owen-Jones, qui, en plus de ses 3,4 millions d’euros de pension de retraite annuelle s’est vu accorder un petit cadeau de 2 millions d’euros en 2009 en tant que coprésident du conseil d’administration. Du haut de ses 72 printemps, Henri Lachmann, ancien patron de Schneider Electric, est un cumulard survitaminé : une retraite à 548 000 euros, selon le journal l’Expansion, un poste au conseil de surveillance de la boîte à 560 000 euros et à celui de Vivendi pour plus de 150 000 euros. Assis à ses côtés, le bon Jean- René Fourtou, a, lui, doublé la mise : 1 million pour ses années passées à Aventis et un autre pour les services qu’il rend aujourd’hui à Vivendi. Sans oublier la vitrine médiatique, Henri Proglio, PDG d’EDF et retraité de Veolia, pour une somme rondelette de 1,5 million d’euros au total. Autant de cas qui confirment une spécificité française révélée dans une étude américaine de Heidrick & Struggles l’année dernière. Celle d’avoir le plus d’anciens grands patrons devenus présidents non exécutifs à l’échelle européenne. Comme on lit dans les manifs, « pour la France d’en haut des couilles en or, pour la France d’en bas des nouilles encore » ! - L.C.
Comme en 1995, où les cheminots avaient conduit une grève mémorable de trois semaines fragilisant le régime chiraquien, beaucoup attendaient que les troupes du rail embrayent avec une grève reconductible et jouent, contre la réforme, les « locomotives », selon l’expression de Didier Le Reste, l’homme du chemin de fer à la CGT. Et pour cause : eux aussi sont dans le collimateur, puisque, au-delà de 2017, le texte défendu par Woerth pourrait aligner totalement les cheminots sur le régime général.
En décembre 1995, les seigneurs du rail avaient gagné la sympathie de l’opinion, qui applaudissait à la défense d’une SNCF surendettée que le gouvernement Juppé voulait mettre au régime sec. Les cheminots, un brin roublards, avaient aussi réussi à faire enterrer la réforme de leur système de retraite concoctée par le même gouvernement Juppé. Un régime spécial hérité des temps difficiles des machines à vapeur et des escarbilles. Ce système assure aux cheminots un départ à la retraite d’office à 55 ans, ramené à 50 ans pour les conducteurs, le tout avec une pension calculée sur les dernières périodes de travail. Un statut pépère, d’autant que les métiers pénibles ne sont pas les plus nombreux à la SNCF. Devant des gouvernements marqués par 1995, la digue cheminote a tenu treize ans, jusqu’en 2008. Il y a deux ans, est entrée en vigueur une réforme des régimes spéciaux (gaziers, électriciens, agents SNCF et RATP) élaborée par François Fillon. Avec 160 000 employés actifs à la SNCF pour environ 300 000 retraités ou veuves, ce régime que l’État doit équilibrer finit par coûter très cher. Objectif : réduire d’ici à 2017 l’écart de l’âge de départ en retraite des agents SNCF par rapport à celui des voyageurs qu’ils trimballent dans leurs trains. Les cheminots devront attendre d’avoir 57 ans pour partir, au lieu de 55 ans, mais à condition d’avoir cotisé quarante-et-un ans.
Quoi qu’il en soit, les cheminots ne s’en tirent déjà pas si mal. La réforme 2008 coûte à la SNCF « chaque année 128 millions d’euros en mesures d’accompagnement », comme l’a détaillé le DRH de l’entreprise, François Nogué, devant la presse. Explication de ce terme pudique : pour que les cheminots poursuivent leur carrière au-delà de 55 ans, il a fallu créer, par exemple, de nouveaux échelons dans la grille salariale. Avec des augmentations générales supérieures à celle des prix (+ 3,6 % en 2010), les seniors finissent par peser lourd dans la masse salariale de la boîte. Et comme la SNCF a déjà du mal à faire des économies, ce surcoût, il faut bien le répercuter quelque part. Am, stram, gram… le client sera-t-il touché ? Vu que le prix des billets de train augmente plus que l’inflation, il y a de quoi s’interroger. - E.B.
Alors quoi, que les cheminots partent à 50 ans même si les locomotives à vapeur n’existent plus ? Tant mieux pour eux, car en partant tôt, des jeunes prendront leur place tôt. (…) S’attaquer aux cheminots est une énorme sottise qui pointe "nos amis". Pour qu’un train roule, il y a des milliers de gens au service de la collectivité 24 heures sur 24. Qui aimerait faire les 3 huit ? Ces 170000 salariés sont encore le dernier bastion de la conscience ouvrière de cette république de pacotille. Ils se sont battus pour garder ce régime qui leur permet de partir encore debouts et pas cassés, comme tel est le cas hélas pour beaucoup d’autres. Ou est le mal ?
Si le plus grand nombre des esclaves salariés morflent comme des larbins tout en pleurnichant sur leurs minables vies, ils n’ont qu’à se ressembler ! Imaginons des centaines de milliers d’ouvriers du bâtiment ressemblés dans une convention collective protectrice. Il n’y aurait plus d’accidents du travail et ils partiraient aussi à 50 ans voir plutôt et en bonne santé. Voici un sujet pour un article concernant un vrai "régime spéciale" qui est celui des professeurs des universités : pour une centaine d’heures de cours par an en plus des heures de recherche selon leur dévouement et ardeur à la tâche ils touchent 4000 euros mensuels au bout de 25 ans. Cette élite passe leur vie à cumuler sans faire les trois huit comme les machinistes Paris Ventimiglia, ni les réparateurs de caténaires et tous ceux triment dur pour que les trains ne déraillent pas. Et si la conduite des locomotives est moins pénible je vous dis que tant mieux pour eux.
Vous n’avez pas remarqué que parmi certains experts du bla bla qui apparaissent dans les médias, il y a ceux qui inventent des concepts, des expressions, des théories et formes de penser destinées à polluer les cerveaux encore bons ? Beaucoup de ces individus, si nécessaires à la domestication des esprits enseignent dans des multiples endroits, écrivent des bouquins et des articles, font des expertises, font de la politique et j’en passe. Ils ont la possibilité de cumuls car d’une manière ou une autre ils peuvent être les fers de lance de l’aliénation collective. Voilà pourquoi un tel "régime spéciale" des professeurs d’élite même si dedans il y a des gens très bien qui font avancer les connaissances humaines dans toutes ces variantes. Votre article suggère que les travailleurs du rail seraient des privilégiés, alors qu’ils sont un bel exemple d’association collective permettant le développement des conditions de travail et retraite dignes.
Votre article oublie que eux aussi on veut les privatiser au nom de la concurrence et managements sauvages. Le travail actuel est un dogme né à l’époque de la renaissance cupide de conquête planétaire. Des esprits habiles et avides de pouvoir ont forgèrent un modèle basé dans l’obsession pour le travail cadré dans la criminelle action d’exploitation et utilisation d’autrui. Eh bien, cette aliénation est une hécatombe de masses qui tue chaque année des dizaines des milliers de travailleurs de part le monde ; qui provoque autant des mutilés et des infirmes ; qui à feu lent anéantie la vie d’autres millions leur creusant une tombe d’ennui et de désespoir tout le long de l’existence.
Avec cette reforme des retraites les oppresseurs enfoncent le clou supprimant une toute petite période d’espoir à avoir une fin de vie un peu chouette et de surcroit la plus longue possible, nettement pour les plus modestes. Combien auront joui réellement d’un taux de retraite digne, qui couplé à un allongement de la vie ont pu fuir de l’exploitation à 60 ans tout en ayant un système de sécurité sociale correct ? Ça n’a dure qu’une poignée d’années ! Ces "profiteurs" nés autour de la deuxième grande boucherie mondiale et qui commencèrent à bosser en 1945 se la "coulèrent douce" jusqu’en 1993. Autrement dit, ce n’est rien dans l’échelle du temps ! Voilà pourquoi vive la protection dont bénéficient encore les cheminots et que vive la retraite à 50 ans ! Ou encore mieux : à bas le salariat aliénant qui préconise le travail pour faire n’importe quoi rien que pour le profit de quelqu’un d’autre. Il faut produire l’indispensable dans les domaines de la santé, l’alimentation, le logement, l’éducation, la connaissance, etc. Le tout doit être destiné à forger des gens gaies, sains de esprit, créatifs, partageurs et non violents. Travaillons tous seulement une petite poignée d’heures par jour après avoir produit le vrai nécessaire. Pourquoi ne pas travailler comme les professeurs des universités. Pour ceux qui vous diront que cette d’élite, en dehors des 92 heures de cours par an consacre le reste du temps à la recherche, répondons-les que nous aussi, en dehors des 2 ou trois heures par jour de production des choses utiles et pérennes, rechercherons aussi un sens vrai à nos vies. Vive le droit à la saine paresse ! - Vivito (lecteur -pas cheminot- de Bakchich)
… et pourtant !
Les informaticiens, aujourd’hui, les patrons sont tellement c*** qu’ils ont créé des OS dans ces jobs. Et justement, les plus mal payés sont ceux qui font tourner le système, ceux qui ont la clé.
Plus fort que les routier, les cheminots et l’EDF réunis, s’ils étaient moins c*** … (je suis informaticien ;-)
Note : En moins d’une heure ces gars la arrêtent un pays :
logistique
banque
transport
etc.
Peut être qu’un jour …