Au moment où la perspective d’un remaniement se dessine, les yeux se tournent vers le parti radical de gauche de Jean-Michel Baylet, très convoité par Nicolas Sarkozy.
« Nicolas Sarkozy parle peu du remaniement », confie un conseiller de Nicolas Sarkozy, « mais il y pense ! » Suspense, suspense… Une chose est sûre, pourtant : un remaniement aura bien lieu après les élections européennes du 7 juin - dont l’ampleur dépend en partie du résultat du scrutin - et l’ouverture se poursuivra. Si celle-ci ne rapporte aucune voix, elle a au moins le mérite, aux yeux du Président, de déstabiliser l’opposition.
Après avoir attiré dans ses filets, quelques socialistes, Sarkozy a une nouvelle cible politique en ligne de mire : le parti radical de gauche (PRG) de Jean-Michel Baylet, à qui le Président fait de plus en plus les yeux doux. Dernière attention en date : l’abaissement du nombre de députés requis (de 20 à 15) pour constituer un groupe à l’Assemblée nationale. Le cadeau aux radicaux de gauche qui siègent aujourd’hui avec les socialistes n’est pas gratuit. Il vient récompenser le vote-soutien des radicaux de gauche, en juillet dernier, à la réforme de la Constitution souhaitée par Nicolas Sarkozy. « Les radicaux de gauche nous ont filé un coup de main », raconte un responsable de la majorité, « à nous de leur faire un petit geste ».
Si le nom du député radical de Haute-Corse, Paul Giaccobi a circulé un moment comme possible candidat au gouvernement, rien ne garantit qu’il sera choisi in fine. Les équilibres politiques locaux pourraient avoir raison de ce choix… « Ça ne plairait pas à Camille de Rocca Serra [député UMP de Corse-du-Sud], qu’il faut conforter avant les régionales, car nous n’avons que deux régions ! », s’amuse un baron de la droite.
Dès lors qui mettre ? Pourquoi pas un sénateur du PRG, une espèce politique très convoitée depuis que l’UMP a perdu la majorité absolue au Sénat en septembre dernier. Depuis son élection, fin 2008, le nouveau Président, Gérard Larcher, n’a eu de cesse d’envoyer quelques signaux aux parlementaires du parti radical de gauche pour rassembler au-delà de son camp traditionnel. En jeu : la présidence du Sénat en 2011 que la droite cherche, par tous les moyens, à conserver. « Il nous manque cinq ou six grands électeurs », calcule déjà un proche de Nicolas Sarkozy. « Gérard Larcher s’en occupe, flirte avec les radicaux de gauche, quelques socialistes et en mettant tout ça bout à bout, on espère gagner dans deux ans ».
« La prochaine majorité sénatoriale dépendra beaucoup de la position que nous prendrons. Ce qui est loin de nous contrarier », savourait Jean-Michel Baylet, mi-mai dans Le Monde. Le président du Parti radical de gauche et sénateur du Tarn-et-Garonne n’est visiblement pas mécontent de profiter de la fenêtre politique qui s’offre à lui pour faire monter les enchères !
Dans ce contexte, Jean-Michel Baylet, dont le parti ne présente pas de candidat aux européennes, a clairement affirmé qu’il n’appellerait pas à voter PS, le 7 juin, pourtant son allié traditionnel. De quoi faciliter une intégration au gouvernement ?
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