En posant un buste de Jean Paul II à Nice, le maire et ministre Estrosi n’honore pas le patron des catholiques, mais le chef du redoutable et redouté Etat du Vatican. Ouf.
Après le coup de chaud sécuritaire de l’été, le ministre de l’Industrie Christian Estrosi a voulu trouvé la rédemption auprès de feu le Saint-Père Jean Paul II. Comme s’en est délectée la fort peu pieuse presse déchaînée, le maire de Nice a fait voter à la mi-septembre l’achat d’un buste de 40 cm et 7600 euros de l’ancien pape, en vue de l’installer sur la place du monastère de Cimiez dans le centre-ville.
Tout à son horrible volonté de bouffer du curé tout frais, l’opposition s’était gentiment levée pour dénoncer cette horrible atteinte à la laïcité, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la loi de 1905, etc, etc…
En guise de réponse que nul n’aurait eu l’intelligence (ou l’audace de lui souffler), le motodidacte Estrosi avait alors servi qu’il n’honorait pas bien sûr, le patron des catholiques, mais bien le chef du redoutable et redouté état du Vatican. "Le pape Jean-Paul II est une personnalité marquante du XXe siècle incarnant les valeurs universelles. Il a eu la volonté durant son pontificat -qui a été un des plus longs de l’histoire de l’Eglise- de rapprocher les religions, d’œuvrer pour la défense de la dignité humaine et de promouvoir les droits de l’Homme. Il est considéré à ce titre, comme l’un des leaders politiques les plus influents du siècle dernier " a tonné l’édile. Avant que son tandem Eric Ciotti, conseiller général extrêmement humaniste, dénonce une opposition "grotesque, médiocre et sectaire".
L’inauguration a bien eu lieu, le 23 octobre dernier. Mais à observer le carton d’invitation envoyé aux bienheureux, la nature de chef d’Etat de Jean Paul II ne saute pas aux yeux.
En route pour la rédemption ! Si l’argent des contribuables peut sauver une âme, autant faire preuve d’indulgence…
Lire ou relire dans Bakchich :
Ca faisait longtemps ! Enfin un petit article dévoreur de soutane. Ouf, Bakchich n’est pas mort !
Benh moi, je trouve Xavier Monnier plus en verve sur les aventures truculentes des bandits corses que sur cette sacrée affaire qui coûte la honteuse bagatelle de sept mille euros au contribuable niçois.
C’est finalement rassurant de voir que la laïc-attitude en soit réduite à ce genre de peccadille…
Rassurant mais triste quand-même… Triste de voir qu’il existe encore un village de gaulois irréductibles qui semblent faire exprès de tomber dans l’excès.
Parce que finalement, on parle de quoi ?
Chacun peut être croyant ou incroyant ; chacun peut apprécier ou critiquer certaines prises de position ; chacun peut même s’amuser ou caricaturer. Il n’en demeure pas moins que l’impact historique de Jean-Paul II sur l’ouverture d’une brèche dans l’empire soviétique est relativement peu discutable. Chef d’état ou chef religieux, quelle importance ?
Aujourd’hui un pape, demain une mère Teresa, un abbé Pierre ou une soeur Emmanuelle seront fusillés par un Bakchich en colère parce qu’ils ont le malheur de croire en Dieu ? C’est au-delà du ridicule. Il y a un hommage de foi que chacun peut discuter mais cela ne devrait pas empêcher un hommage historique, social, humanitaire ou autre.
L’habit ne doit pas cacher le talent du moine.
Une statue de Jean-Paul II ou de Gandhi ne sont pas des signes religieux. Ce ne sont pas des fétiches ou des reliques. Ce sont des signes de respect pour des êtres qui ont marqué positivement leur époque. Nos amis d’Europe de l’Est en parlerait mieux que quiconque.
Quant au énième commentaire sur la richesse supposée du Vatican, cela me donne une idée. Bakchich devrait enquêter. Pas forcément sur la gestion de la banque du Vatican mais sur l’état réel de ses finances. Ce serait un beau sujet. Objectif. Et sur l’utilisation de ses fonds. L’Afrique sera sans doute ravie que les "bonnes âmes" généreuses imitent le diable en soutane… Le Vatican se sentira un peu moins seul.
Je pense que ce qui dérange, outre le fait que Jean-Paul II soit un religieux, c’est qu’il ait participé à l’effondrement du bloc soviétique.
Beaucoup de nostalgiques des heureuses années 60 et 70 à l’Est ne lui pardonnent pas d’avoir été aux côtés de ce social-traitre de Walesa.
Estrosi ne respecte pas le principe de la laïcité : la liberté de conscience et la neutralité du service public à l’égard des cultes sont baffoués (article 28 de la loi de 1905, loi de séparation de l’église et de l’Etat) : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions.
Article 2 : L’ETAT NE RECONNAIT NE SALARIE NE SUBVENTIONNE AUCUN CULTE !