Tout condamné qu’il soit, le ministre de l’Intérieur continue à chercher des noises judiciaires à ceux qui critiquent sa politique contre les sans-papiers.
Condamné deux fois, pour « injure raciste » et « atteinte à la présomption d’innocence », Brice Hortefeux croit toujours en la justice de son pays. La preuve, il continue à chercher des noises judiciaires à ceux qui critiquent trop vertement sa politique à l’égard des sans-papiers.
Le 6 janvier, les militants de RESF et Soif d’Utopie, cités à comparaître devant le tribunal correctionnel de Tours pour « diffamation contre une administration » par le ministre de l’Intérieur, seront peut être enfin fixés sur leur sort.
Pour avoir comparé l’attitude des préfets vis-à-vis des enfants sans-papiers aux heures sombres du régime de Vichy (lire ci-dessous), notamment à travers l’utilisation du fichier base-élèves susceptible selon ces militants d’aider à la traque de leurs parents, ils encourent une amende de 45 000 euros.
"Baleiniers ! Ces chasseurs de mammifères marins, pour arriver à leurs fins, s’en prenaient parfois aux baleineaux pour attirer à eux “’les parents baleines”. Cette technique de chasse aux enfants a eu son heure de “’gloire’” pendant une des périodes les plus sombres de notre histoire contemporaine.
Les nervis de Vichy ont en effet utilisé les enfants pour pouvoir aider à la déportation de ces derniers et de leurs parents. Il semblerait que certains fonctionnaires préfectoraux, particulièrement zélés, s’inspirent de nouveau de la chasse à la baleine."
Lors d’une première audience, début décembre, l’avocate des militants de RESF a soulevé plusieurs exceptions de nullité sur lesquelles le tribunal doit trancher le 6 janvier. Il décidera soit la relaxe soit la poursuite du procès sur le fond.
« Un an de procédure, ça commence à faire long, confie l’une des prévenues Muriel El Kolly. Nous voulions un procès sur le fond. Nous voulons que la justice tranche pour savoir si oui ou non on a le droit d’avoir de la mémoire et de faire des comparaisons historiques ».
Reporté une première fois, le procès pourrait bien ne jamais avoir lieu sur le fond. Comme dans le procès du Berry Ripoux, journal satirique cité à comparaître pour avoir fait le même type de comparaison, la justice, bien embarrassée par ces procédures, pourrait profiter de ces recours en nullité pour éviter un débat éminemment politique. Voire une vraie "pagaille". Au plus grand soulagement d’Hortefeux.
"Lors d’une première audience, début décembre, l’avocate des militants de RESF a soulevé plusieurs exceptions de nullité sur lesquelles le tribunal doit trancher le 6 janvier. Il décidera soit la relaxe soit la poursuite du procès sur le fond.
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Nous voulions un procès sur le fond"
Il semble que les clients et l’avocate ne se soient pas bien compris …
S’ils veullent à tout prix un débat sur le fond, il ne faut pas soulever des nullités qui risquent de les priver du fameux débat !
Ce n’est pas logique tout ça.