Depuis la pantalonnade de l’EPAD, Jean Sarkozy faisait profil très bas. Mais le fils du président n’a pas renoncé à la présidence du Conseil général des Hauts-de-Seine. Quitte à humilier Devedjian, sarkozyste historique.
Rien n’a été épargné à Patrick Devedjian, pourtant fidèle d’entre les fidèles de Nicolas Sarkozy, capable de monter pour lui les coups les plus tordus. En 2007, cet avocat, élu à Antony, rêve du ministère de la Justice. Il doit se contenter de la présidence du Conseil général des Hauts-de-Seine.
Mais ce beau jouet (c’est le département le plus riche de France), Patrick Devedjian ne va pas le conserver bien longtemps. En novembre, il est débarqué de son ministère en charge de la relance. Et dès le lendemain, il perd la présidence de l’UMP dans les Hauts-de-Seine, écrasé par Jean-Jacques Guillet, un fidèle de Charles Pasqua, par 319 suffrages contre 180.
Au lieu d’avaler sa rancœur dans son coin, Patrick Devedjian, âgé de 66 ans, décide d’attaquer le président de la République et son fils, en dénonçant dans « Le Monde », « une campagne orchestrée contre lui ». Cet ancien militant d’extrême droite sait qu’on va lui faire la peau. Non seulement il va perdre la présidence du Conseil général en 2011, mais Nicolas et Jean Sarkozy cherchent même à le faire battre dans son canton d’Antony, renouvelable l’année prochaine…
Pourquoi tant de haine ? Depuis son élection comme conseiller général de Neuilly Sud à l’âge de 22 ans en 2008, Jean Sarkozy ne cesse de défier Patrick Devedjian. Son ambition n’a pas de limite, le prince Jean se voit président du conseil général en 2011, et député en 2012.
On écarte même Patrick Devedjian de l’EPAD, l’établissement public qui gère la Défense, pour y installer Jean Sarkozy, qui triple alors sa deuxième année de droit. Mais le scandale est si énorme que l’Elysée est contraint de faire machine arrière. « On en a parlé jusqu’en Chine ! Jusqu’alors, personne ne savait ce qu’était l’EPAD. Rarement campagne de publicité pour un établissement public aura été aussi efficace, et pour un coût très modeste », sourit Patrick Devedjian.
Le ministre du Plan de relance rend coups bas pour coups bas. Il encourage des candidats à se présenter contre Jean Sarkozy, qui défend son poste de délégué UMP de la circonscription de Neuilly-Puteaux. Mais Charles Ceccaldi-Raynaud, 85 ans, ancien maire de Puteaux, et toujours conseiller général, confie que l’élection a été truquée. Jean Sarkozy est facilement réélu avec 85,62 % des suffrages.
Nicolas Sarkozy ne supporte pas que l’on puisse toucher à un seul cheveu de son fiston. Personnellement, il appelle les élus des Hauts-de-Seine pour qu’ils débarquent Patrick Balkany de la présidence de l’UMP du département. Sur le terrain, Jean Sarkozy est appuyé par le couple Isabelle et Patrick Balkany, amis de trente ans de Nicolas Sarkozy.
« Ce sont les mêmes méthodes qu’en 2009 pour l’EPAD. Si un élu osait dire que Jean Sarkozy n’était pas un génie, on était menacé de perdre son boulot ! Cette fois, on devait répéter partout que Devedjian n’est plus crédible, qu’il a pété les plombs », explique un militant UMP. Il est vrai que Patrick Devedjian, avocat brillant, est un écorché vif, particulièrement cassant. Il n’a pas beaucoup d’amis.
Curieusement, pour contrer Devedjian, le chef de l’Etat ne met pas en avant un jeune loup de droite, comme Thierry Solère, élu de Boulogne-Billancourt, et qui dirigeait la campagne Internet de Sarkozy en 2007. Il choisit un vieux cheval de retour, le pasquaïen Jean-Jacques Guillet, maire UMP de Chaville.
Que va-t-il se passer maintenant ? Il serait médiatiquement néfaste en 2011, à un an de la présidentielle, d’imposer Jean Sarkozy pour remplacer Patrick Devedjian au fauteuil de président. Mais un intérimaire ferait parfaitement l’affaire. Soit « Mamie » Balkany, 63 ans, déjà vice-présidente, et qui obtiendrait ainsi son bâton de maréchal. Le problème, c’est qu’Isabelle Balkany n’est pas très populaire non plus, et surtout pas présentable.
Autre candidat, le terne Alain-Bernard Boulanger, 61 ans, l’actuel premier vice-président, élu de Villeneuve-la-Garenne. Ensuite, si Nicolas Sarkozy est élu président en 2012, la doublure démissionnerait aussitôt, cédant la place au Prince Jean. « Patrick Devedjian est aussi un méchant, surtout qu’il n’a plus rien à perdre. Il peut lui aussi pousser des candidats pour faire battre Isabelle Balkany », raconte un militant UMP.
Si peu sure d’être réélue dans le canton de Levallois-Nord, Isabelle Balkany lorgne sur le canton voisin de Levallois-Sud. À Neuilly-Nord, la protégée de Nicolas Sarkozy, Marie-Cécile Ménard, est menacée par Jean-Christophe Fromantin, le maire divers droite de Neuilly, adversaire résolu de la famille Sarkozy.
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