Le tout nouveau chef de l’UMP, Jean-François Copé fait table rase du passé. À commencer par l’héritage de son prédécesseur, Xavier Bertrand.
Ce fut une belle réunion… RPR. Eh oui, le conseil national de l’UMP, réuni samedi dernier porte de Versailles à Paris (un lieu symbolique : Chirac y prit le pouvoir en 1976 et Sarkozy y annonça sa candidature en 2007), avait des vieux airs des grand-messes gaullistes d’autrefois. La photo des illustres anciens et la moquette en moins. Et pour cause : le nouveau secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a montré du doigt des « dépenses excessives » et a voulu revenir aux fondamentaux : le débat, rien que le débat, tout le débat.
Enfin, ça, c’est vite dit. Car depuis l’arrivée de Copé à la tête du parti présidentiel, il est souvent question d’« ouvrir les portes et les fenêtres » (la phrase fétiche du secrétaire général), mais on se demande si ce n’est pas pour y jeter les importuns. Premier en date des exclus de ce samedi : Xavier Bertrand. L’ancien secrétaire général, redevenu ministre du Travail, où il semble d’ailleurs s’épanouir, a eu droit à une place au premier rang pour ne rien perdre du triomphe de son successeur, mais pas plus. Il aurait pourtant bien voulu causer et avait même demandé un temps de parole à la tribune pour dire que « l’UMP n’est pas une page blanche ». Mais il n’a pas eu le droit de parler. Seulement d’écouter et d’applaudir. C’est vrai que Bertrand n’a pas brillé à l’UMP, mais tout de même.
Depuis qu’il l’a remplacé, Copé ne loupe d’ailleurs pas une occasion de dresser l’inventaire, forcément négatif, de son prédécesseur. Il commence par enlever les photos où Bertrand apparaît dans les locaux de la rue de La Boétie. Puis il ricane sur l’objectif de 500 000 adhérents, car, dit-il, on ne sait même pas comment est calculé le nombre d’encartés à l’UMP. Pourtant, sur le site du parti présidentiel (www.u-m-p.org), on comptabilisait, au 13 décembre, 238 164 membres. Il a bien fallu que quelqu’un les compte, à moins qu’il ne s’agisse de chiffres bidons ? Enfin, Copé a enterré le « mouvement populaire », qui était l’autre nom donné à l’UMP par Bertrand. « Il n’y a que Xavier qui l’appelle ainsi », avait-il ricané. Le nouveau boss du parti présidentiel a aussi balancé par la fenêtre Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, qui devaient travailler sur le projet 2012. Ils ont été remplacés par Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture et ex-villepiniste. Un comble !
Bref, Copé n’y va pas de main morte. Il est en terrain conquis, il sait tout, les autres n’ont qu’à suivre au garde-à-vous. À commencer par ses deux secrétaires généraux adjoints, le libéral Hervé Novelli et le centriste Marc-Philippe Daubresse, tous deux anciens ministres, qui semblent avoir fait voeu de silence depuis qu’ils encadrent (sur les photos) Jean-François Copé. Un autre libéral, Gérard Longuet, déjà excédé de s’être vu promettre par Nicolas Sarkozy un maroquin ministériel qui lui est passé sous le nez, n’a pas non plus parlé porte de Versailles, contrairement à ce qui était prévu. Problème de timing… Du coup, se sont succédé à la tribune Christian Jacob, Bernard Accoyer, Gérard Larcher, Copé lui-même et François Fillon. Une belle réunion RPR, vous dit-on.