Contrairement à ses lieutenants, sortis euphoriques des élections européennes, l’Elysée ne croit pas que la partie soit gagnée pour les régionales, en 2010. Avec 27,9 % des voix, l’UMP a peu de réserves.
Quatre régions « gagnables » (Basse-Normandie, Champagne-Ardenne, Pays de la Loire, Lorraine), six autres régions « jouables » (Bourgogne, Centre, Franche-Comté, Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Rhône-Alpes). Le cri de guerre poussé en milieu de semaine par Alain Marleix, en charge des élections à l’UMP, n’a pas réjoui Nicolas Sarkozy. Il l’a plutôt exaspéré. « Regardez ce qui s’est passé dans toute l’Europe : presque partout, c’est la droite qui a gagné. En France aussi, on a voté à droite avant de voter pour l’UMP », a-t-il remarqué.
Le président de la République constate que l’ouverture ne lui a finalement pas apporté de voix supplémentaires, au contraire. En 2007, il avait dépassé 30 % des suffrages au premier tour. Depuis, il a récupéré la quasi totalité des lieutenants de François Bayrou et quelques figures emblématiques du Parti socialiste. Malgré cela, l’UMP allié au Nouveau Centre et à deux groupuscules socialisants (créés par Eric Besson et Jean-Marie Bockel) n’ont recueilli que 27,9 %.
Faut-il pour autant cesser de débaucher d’autres socialistes, des responsables du MoDem et des radicaux de gauche « qui ne demandent que ça » ? Absolument pas. Nicolas Sarkozy est toujours favorable à l’ouverture, « qui démoralise l’adversaire », mais n’a pas souhaité donner de noms à quelques-uns de ses fidèles réunis autour de lui et de Claude Guéant.
Pour les élections régionales, l’Elysée entend mettre le paquet sur l’Ile-de-France. Afin, d’une part, d’éviter que les socialistes continuent à mettre des bâtons dans les roues de son rêve de Grand Paris. D’autre part, Sarko compte asseoir la notoriété de Valérie Pécresse. Présidente de cette région, cette dernière deviendrait une postulante pour les élections présidentielles de 2017… et donnerait du fil à retordre à Jean-François Copé et à Xavier Bertrand.
Le château redoute que dans la bagarre qui oppose le patron du groupe UMP à l’Assemblée nationale et le secrétaire général de l’UMP, l’un prenne le dessus sur l’autre avant 2012. À trois candidats, la lutte devient plus indécise. Et Sarko peut continuer à diviser pour régner.
S’il conseille à ses troupes de « verdir » leurs thèmes de campagne pour les élections régionales, en revanche, le Président ne croit pas à une franche percée des écologistes. « Cohn-Bendit est un bon candidat mais pas un bon dirigeant. Il n’a jamais su gérer un parti. Il faut sans cesse aller sur le terrain, remotiver les militants, promouvoir ceux qui travaillent, écarter ceux qui ne foutent rien. Les écolos ne savent pas faire ça », commente le château.
En revanche, Nicolas Sarkozy se méfie des socialistes. Si au niveau national, ils mettront, selon lui, une décennie à se relever, en revanche, au niveau régional, local, il risque de se créer de redoutables baronnies de la rose. « Comme le Parti communiste, mais en beaucoup plus grand. Le PCF n’existe plus, mais vous avez toujours des députés, des maires qui continuent à bien résister chacun dans leurs coins. Les élections européennes viennent d’en donner la preuve. Le Front de gauche a finalement devancé le NPA ».
L’UMP a donc reçu comme priorité d’entamer sa révolution Internet. En s’appuyant sur le modèle mis en place par l’équipe de Barack Obama qui, grâce à sa base de données, réussissait pendant la campagne électorale à envoyer des messages personnalisés à 15 millions d’Américains.
Un exemple de ce que veut faire l’UMP : quand le gouvernement décidera de prendre une mesure qui touche les médecins, tous les docteurs adhérents au Mouvement populaire ou sympathisants recevront un mail ou un sms pour leur demander leur avis. Il sera ensuite donné des réponses à leurs messages. « Il n’y a que l’UMP qui a les moyens et le temps de se lancer dans cette révolution Internet. Les socialistes sont dans une telle merde qu’Internet reste le cadet de leurs soucis », souligne-t-on dans l’entourage du Président.
Or, une fraction de plus en plus importante de la population française passe maintenant davantage de temps devant son ordinateur que devant la télévision. Les grandes émissions politiques sont rares et ne drainent plus guère que 2 à 3 millions de personnes. En revanche, de courtes vidéos peuvent être vues, chaque fois, par des dizaines sinon des centaines de milliers d’internautes. Et ces derniers ont l’habitude d’en faire, ensuite, profiter leurs amis.
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