Chez les écolos, il n’y a pas qu’Eva Joly. Puisque se négocient en ce moment même, avec les socialistes, des sièges en vue des sénatoriales. Petite revue des futurs nominés.
Cela vous avait peut-être échappé, mais Cécile Duflot est un éminent esprit. Le 34e d’un classement mondial de cent noms établi par le journal anglais Foreign Policy. Un très haut degré d’intelligence qui se diffuse, par contagion, chez ses compères du nouveau parti Europe-Ecologie Les Verts (EELV). Tout heureux de se congratuler par mail des négociations menées avec le PS pour les prochaines élections sénatoriales en septembre 2011.
Et les bons EELV de voir espérer tripler le nombre de sénateurs verts : de cinq aujourd’hui à quinze au printemps, qui leur donnerait droit de former un groupe politique au Palais du Luxembourg. Une première ! Le « point d’étape » de Jean-Marc Brûlé, un des missi dominici écolos en pourparlers avec les socialistes, laisse entrevoir le miracle : « Les premières propositions du PS sont un premier pas en vue de l’objectif : avoir un groupe au Sénat, faire basculer la majorité au Sénat, préparer l’alternative de 2012. » Mais pour l’instant, « Le PS nous propose 11 places sûres, ce qui n’est pas encore suffisant. »
Un bonheur n’arrive jamais seul, les chargés des élections au parti ont vite trouvé les nouvelles têtes pour occuper les positions éligibles : eux-mêmes ! Ainsi de Jean-Vincent Placé, mécano des Verts, en Essonne. De André Gattolin, plume de Cohn-Bendit, en Isère, dont la consigne était de trouver « une candidature extérieure ». Traduction, de la mouvance Europe Ecologie (EE). Ou encore de Pascal Durand, délégué général d’EE, dans les Hauts-de-Seine. Lui qui refusait jusque là l’éventualité d’être élu sénateur. Côté vieille gloire, Dominique Voynet, maire de Montreuil, sera également en lice pour rempiler en Seine-Saint Denis bien que les statuts du parti refusent en théorie tout cumul des mandats. Marie-Christine Blandin est reconduite dans le Nord, tout comme Jean Desessard et Alima Boumediene Thiery à Paris. Cette dernière s’était fait connaître lors du procès de sa campagne de boycott des produits israéliens, moins lorsqu’elle avait été condamnée en appel à verser 7500 euros pour licenciement abusif de son assistante parlementaire en octobre.
Du beau linge en tête d’affiche au prix de quelques concessions. A savoir un soutien actif des Verts-Europe Ecologie au PS dans six départements « car la gagnabilité des places n’est pas assurée. » Avec, en arrière-pensée, l’idée « d’y revendiquer une place de suppléant et une campagne commune. »
Bref, une stratégie politique qui n’empêche pas à son auteur, Jean-Marc Brûlé, de s’envoyer de jolies fleurs. Ainsi de cette élégie sur l’art de la négociation : « cette pratique subtile, faite de discrétion, d’un certain sens tactique et relationnel. Il y a donc aussi du professionnalisme dans cette affaire. Il faut du champ pour explorer des pistes, prendre des contacts informels, faire jouer les différentes facettes d’une négociation réussie : rapport de forces (ce terme n’est pas synonyme d’affrontement…), comprendre les besoins et ressorts de celui d’en face, bien connaître son sujet, même et d’abord d’un point de vue technique, etc. »
Second conseil du maître Shaolin : « La discrétion et la solidarité sont de mise. En particulier, il est totalement contre-productif d’intervenir publiquement (ex : dans la presse) pour critiquer une négociation, sa forme et son résultat, alors même que celle-ci n’est pas finie ; c’est même commettre une erreur de base… » Bakchich se charge de garder le secret.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
L’UMP avait dimanche 4 juillet les yeux rivés vers le sud des Yvelines. A Rambouillet (10e circonscription), où se rejoue une législative partielle serrée entre le parti majoritaire et Europe Ecologie.
Le précédent scrutin, entaché d’irrégularités, (…)
Sans présager de la sincérité de l’engagement de ses militants, EELV, parti "à la mode", appelé à se développer et à promouvoir des ambitions personnelles, est depuis quelques années la cible d’ambitieux pour qui l’éthique portée par le mouvement est et restera un détail sans importance…
Malheureusement, ces commensaux, (pour ne pas écrire parasites), utilisent des méthodes scandaleuses qui desservent la nécessaire écologie politique, et qui ont dégoûté beaucoup de fédérations PS.
A Nantes par exemple, les Verts, tout en exigeant une place éligible aux Sénatoriales, entretiennent une manifestation permanente devant le siège du PS local, et sont présents dans le comité anti-aéroport tout en étant en situation de cogestion dans tous les exécutifs ayant voté son budget ! Et pour maximiser leurs gains, leur stratégie est simple : se présenter à la fois avec le PS, et contre lui dans une liste non officiellement EELV, mais composée de ses ambitieux militants…
Face à ces comportements malhonnêtes, la mansuétude des partenaires des Verts commence à s’étioler. En Loire-Atlantique, Jean-Marc Ayrault demandait un vert second de liste. Les militants l’ont imposé troisième, une place gagnable, mais pas gagnée… Et autant le dire tout de suite, la circonscription du député de Rugy, offerte par le PS aux Verts, ne survivra probablement pas à 2012…
Malheureusement, toutes ces magouilles ne font pas avancer l’écologie…
Tourniquet (passage du témoin au suivant à mi-mandat) qu’ils disaient
Faire de la politique autrement qu’ils disaient !
Pas de notables qu’ils disaient !
Pas de cumul qu’ils disaient !
C’est quoi cette conception de la démocratie qui fait de vous un pré-élu parce que vous êtes bien placé sur une liste, suite à des magouilles de partis, grâce la bienveillance de « grands ( ?) électeurs » qui, pour certains, se contrefoutent de l’écologie, y compris dans leur vie quotidienne.
C’est quoi cette conception de la démocratie qui fait de vous, suite à des magouilles de partis, l’électeur d’un vieux croûton socialiste qui en est à son quatrième mandat ?
Si encore, à côté de rares admirables exceptions, il n’y avait pas de tristes arrivistes éGologistes.
On ne le répètera jamais assez. : « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire » (Feu Alain Etchegoyen, ex-commissaire général au Plan dans « La démocratie malade du mensonge » )