La Ville de Paris n’a rien négocié avec Chirac, assure le premier secrétaire fédéral PS de la capitale. Mais il y a mieux : c’est l’intérêt de la ville de ne pas être "soumise aux aléas des audiences".
Un tranquillisant et au lit ! Les militants socialistes parisiens peuvent désormais dormir sur leurs deux oreilles. Depuis qu’on leur a expliqué tout le bienfait de l’accord secret passé entre Delanoë et l’UMP pour essuyer les plâtres des derniers restes de la Chiraquie, dans le procès des emplois fictifs de la Ville de Paris.
C’est le premier secrétaire fédéral PS de Paris, Rémi Féraud, qui s’y est collé dans une lettre aux militants. « Cher camarade, Contrairement à certains commentaires, la réalité des faits montre qu’il n’y a eu aucune négociation entre la Ville et Jacques Chirac pour aboutir à un protocole prévoyant le remboursement intégral par J. Chirac et l’UMP de la somme correspondante. » Soit 550.000 euros pour le premier et 2,2 millions pour le second.
Une ligne de défense qu’ont pourtant abandonnée les parties prenantes de l’affaire depuis les révélations du Canard Enchaîné. Xavier Bertrand, président de l’UMP, s’est même dit sur Europe-1 « persuadé que dans le jours qui viennent, la mairie de Paris sollicitera le mouvement populaire pour savoir s’il compte intervenir et prendre en charge une partie des frais liés à ces emplois ».
Qu’importe. Rémi Féraud, trop soucieux d’exposer toute la vérité à ses militants, revient dans sa lettre sur « les faits » au moyen d’une « approche claire, exposée publiquement et à plusieurs reprises par le passé ». Ainsi écrit-il que « depuis 2001, sous l’impulsion de Bertrand Delanoë, la Ville de Paris n’a jamais rien lâché. Elle a été quatre fois en appel, deux fois en cassation. Cette bataille juridique a été conduite jusqu’au bout, dans l’intérêt supérieur des Parisiens ».
C’est oublié, comme l’a révélé Bakchich par le passé, que le maire de Paris a donné des consignes à l’avocat de la mairie, Jean-Pierre Mignard, d’y aller mollo dans l’enquête contre Chirac. Puisque la procédure met en cause un proche collaborateur de Delanoë, Eric Ferrand, ancien adjoint chargé de la vie scolaire entre 2001 et 2008.
En 1984, ce proche collaborateur de Georges Sarre, alors « opposant officiel » de Chirac à Paris a bénéficié d’un contrat de chargé de mission de la ville, entièrement fictif. Entendu par les enquêteurs, Ferrand a dû avouer qu’il avait son bureau à la permanence électorale de Georges Sarre dans le XIème arrondissement. Il n’a toutefois pas été mis en examen par la justice. Émargeant à 9 685 francs net mensuel, il avait démissionné de son poste fictif en mars 1989.
« C’est l’intérêt de la Ville – et du contribuable – que de privilégier cette démarche sans être soumis aux aléas des audiences » conclut le cadre socialiste. En voilà un qui sait protéger les siens tout en faisant confiance à la justice de son pays.
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