Un peu de droit syndical dans les très petites entreprises ? C’est la nouvelle gueguerre Woerth vs Copé
Pour parler d’autre chose, on peut s’intéresser à la petite guerre que mène le gouvernement contre la Chambre des députés, et plus exactement le ministère du Travail contre la commission des affaires sociales de l’Assemblée. Autrement dit – on n’y échappe décidément pas –, Woerth versus Copé. Depuis plusieurs mois, le gouvernement (c’est à son honneur) veut introduire un peu de droit syndical dans les très petites entreprises, et, depuis aussi longtemps, les députés de droite ne le veulent pas.
Bien que toute entrave au pouvoir syndical me paraisse odieuse, je donne raison à Copé car, en l’espèce, il épargne aux Français une fracture sociale supplémentaire et particulièrement schizophrénique. La notion de très petite entreprise concerne surtout, en effet, ces autoentrepreneurs dont le gouvernement vient de préciser les statuts. L’autoentrepreneur est une espèce d’artisan devenu le patron de lui-même, et qui bénéficie de certains avantages fiscaux. Or le fier génie très français de l’aubaine a derechef inventé une optimisation des règles : beaucoup d’entreprises ont sur le champ licencié leur personnel, demandant à leurs salariés (souvent dans le nettoyage) de devenir auto-entrepreneurs. On refait appel à eux ensuite, et pour le même travail, mais en tant que prestataires de services.
L’employeur n’a plus à payer les charges, c’est le nouvel auto-entrepreneur qui doit s’en acquitter avec le salaire sec qu’on lui donne. Imagine-t-on que, par-dessus le marché, notre auto-entrepreneur ait à compter avec un syndicaliste revendicateur qui ne pourrait être que luimême. « Cher M. Dupont (ou Mekloufi), augmentez-moi ! – Mais mon pauvre M. Dupont (ou Mekloufi), vous marchez sur la tête ! Nous sommes déjà au taquet ! » « M. Dupont (ou Mekloufi), mes RTT ! – Et aux Indes… Vous croyez qu’ils en ont, aux Indes, des RTT ? » « M. Dupont (ou Mekloufi), j’ai une grippe carabinée, je ne peux pas travailler aujourd’hui – Et les Chinois ? Ils travaillent malgré la grippe asiatique, les Chinois. Vous n’aviez qu’à vous faire vacciner ! » Autrement dit : « Cher UMP, accordezleur des droits syndicaux – Mais, mon pauvre UMP… leur accorder des droits ? Où irions-nous ! »
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