Poursuivi pour escroquerie, abus de confiance, corruption, faux et usage de faux, Marc Francelet est soupçonné d’avoir perçu, sans raison, 575 000 euros de la part de la Galerie du Léman, à Genève.
Le réquisitoire aux fins de requalification et de renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris, daté du 28 septembre 2010, et que Bakchich a pu se procurer, ne contient pas moins de 38 pages. Il est vrai que le principal inculpé, Marc Francelet, 63 ans, est un personnage hors du commun.
Les publications françaises les plus gentilles l’appellent « Marco les bons tuyaux ». Bakchich a préféré titrer récemment sur « La chute du voyou qui avait infiltré la presse ». Ami du gang des frères Zemour, inculpé dans le cadre du dossier irakien « Pétrole contre nourriture », Marc Francelet est poursuivi pour avoir perçu des fonds importants afin d’obtenir la publication, dans la presse parisienne, d’articles complaisants sur des personnes désireuses de soigner leur image.
On lui reproche également d’avoir extorqué des millions d’euros à plusieurs chefs d’entreprise. Dans ce cadre, la justice française aimerait comprendre pourquoi la Galerie du Léman, une société de droit suisse, lui a remis le 27 juillet 2004 la somme de 574 769, 90 euros. Le tribunal de grande instance de Paris constate que l’objet social de la Galerie du Léman, « la vente de tableaux, était sans lien avec les activités de Marc Francelet ». Ce dernier a aussitôt versé l’argent sur un compte en Suisse ouvert sous le pseudonyme de « Dimi ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les explications des différents protagonistes sont particulièrement floues. Alors que Francis Fhal, le responsable de la filiale française de la Galerie du Léman, parle d’un « prêt consenti à Marc Francelet », le comptable de la SA Galerie du Léman à Genève affirme que la somme de 575 000 euros « apparaissait, en comptabilité, comme une opération d’achat de tableau en date du 22 juin 2004 ». Marc Francelet évoque, de son côté, un prêt…
Depuis, Francis Fhal est revenu sur sa déclaration, assurant que cette somme devait financer « une partie de la fabrication des produits Von Dutch ». Une chose est sûre : pour la justice française, il est clair que ce versement ne correspond à aucune prestation de Francelet en faveur de la Galerie du Léman.
Cette société, créée le 20 février 2001, spécialisée dans le commerce d’antiquités et d’œuvres d’art, « y compris l’exploitation de galeries et d’arcades », était d’abord domiciliée rue du Léman, à Genève, avant de s’établir chemin du Daru, à Plan-les-Ouates.
Si l’affaire remonte à 2004, elle n’a eu des répercussions sur les bords du lac qu’en 2008. Le 25 janvier, l’organe de révision de la Galerie du Léman démissionne en évoquant une « convocation par la police dans le cadre de cette société ». Yves Python, d’Actora SA, ajoute dans son courrier au registre du commerce : « Il y a tout lieu de croire que des événements ou faits se sont passés sans que nous n’en ayons été avisés. »
Quant à Olivier Koenig, administrateur unique de la Galerie du Léman depuis le 30 mai 2008, il n’a pas souhaité répondre à nos questions. À Paris, Marc Francelet sera jugé dans cette affaire pour « recel d’abus de confiance » et Francis Fhal pour « abus de confiance ».