Unie dans la rue contre la réforme des retraites, l’extrême gauche l’est moins pour formuler un programme et un candidat communs. La faute à de vieilles querelles et au système politique français.
Compromis ou compromission ? A l’extrême gauche, le sempiternel débat sur la participation ou non à un pouvoir de gouvernement (sous -entendu socialiste), semble, en apparence, contenu. Priorité à l’unité contre la réforme des retraites. Le NPA, le PCF, Lutte Ouvrière et le Parti de Gauche battent le pavé ensemble ce jeudi.
Hors des mégaphones, ça ferraille déjà dur pour 2012. Avec la hantise du spectre de la présidentielle de 2007 qui rôde toujours dans les têtes : cinq candidats d’extrême gauche au premier tour. Mais l’unité sur un nom et un programme commun, ce n’est pas pour demain. Karl Marx les a pourtant prévenus : « L’histoire se répète toujours deux fois : la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une comédie ». Alors rions-en. État des lieux.
Prenons d’abord l’ex-PS Jean-Luc Mélenchon. Qui a posé, avant la fête de l’Huma, à Martine Aubry, ses conditions : « si c’est Strauss-Kahn votre candidat, il n’y aura aucun accord possible avec nous [Parti de Gauche] ». Ni avant, ni pendant, ni après les présidentielles. D’autant que Jean-Luc, lui, se verrait bien en candidat naturel du Front de gauche, la coalition du Parti de Gauche et du parti communiste. Surtout que l’essai des élections régionales avait plutôt porté ses fruits, avec 6% des voix au national et plus de cent élus.
Mais le renégat socialiste a bien du mal à convaincre l’appareil communiste qui le voit encore « comme un vieux trotskyste rangé à la social-démocratie ». Pour calmer ses ardeurs, le député André Chassaigne a été envoyé comme missi dominici du PC. Il a déjà annoncé qu’il entamerait « un tour de France pour faire connaître ses idées » en vue de la présidentielle. L’air de dire que le vent des primaires souffle aussi à l’ouest du parti socialiste.
Mais c’est avec les trotskystes de Lutte Ouvrière et du NPA que ça se complique. C’est qu’ils ont en horreur l’idée d’un pacte gouvernemental réformiste entre PS et PC. Une vieille lune du communisme. Et une fracture originelle qui perdure dans la définition de la "stratégie révolutionnaire."
Ne leur parlez donc pas des quatre ministres cocos dans le gouvernement socialiste en 1981 ou de la gauche plurielle jospiniste de 1997 à 2002. Et encore moins des amitiés Aubry-Buffet de ces années là pour remettre le couvert si la gauche gagne en 2012. Là est la source du déclin ! En partie vérifié, puisque le PCF passe de 20 à 15% en 1981 et de 8 à 3% en 2002.
Du coup, chaque écurie trotskyste envoie son poulain au moment de l’élection. Pour LO, Laguiller pendant 25 ans et aujourd’hui Nathalie Artaud. Besancenot pour un possible troisième tir avec le NPA. La présidentialisation du régime les renforce dans ce choix. Ne pas avoir de candidat, ce serait cesser d’exister politiquement. Car contrairement au PC, qui peut se baser sur un réseau de militants constitués et un tissu d’élus locaux, ils n’ont pas de relais institutionnels et une faible base partisane. Pas de maire, pas de députés, de sénateurs et quelques conseillers régionaux et généraux. Leur structure est plutôt celle d’un parti-syndicat, dont la présidentielle constitue la matrice politique et médiatique.
Une spécificité française indépassable ? Les modes de scrutin n’aident pas à faire bouger les lignes qui favorisent le PS et l’UMP, bien accommodés de ce statu quo. La faute à une très faible dose de proportionnelle à chaque niveau d’élection qui permet une représentation plus large des sensibilités politiques (aucune pour les législatives, minime pour les cantonales et régionales).
Alors, c’est promis : en 2012, vous aurez tous votre candidat.
A lire ou relire dans Bakchich info :
"Le poids d’un parti ne se mesure pas dans les cortèges mais aux pourcentages dans les élections et aux nombres d’élus que ceux-ci génèrent ?"
Une telle question peut amener deux réponses différentes. D’un point de vue réformiste, il est clair que le poids d’un parti ne peut se mesurer qu’au niveau des élections. Mais pour tous partis d’extrême gauche voulant défendre les droits des travailleurs, qui se battent non pour avoir un maximum d’élu, mais pour permettre aux travailleurs de s’organiser indépendamment de la soumission des partis réformistes à l’économie capitaliste, regarder le pourcentage électorale n’a aucun sens. Pour de tels partis, ce n’est pas le nombre de voie qui compte, c’est l’implantation dans les usines, les entreprises, les syndicats, permettant une réelle discussion avec les premiers concernés, qui détermine l’importance et le poids d’un parti.
Dans ce cadre, comment être surpris que de tel partis d’"extrême gauche" refusent la collaboration avec des partis de "gauche" réformistes au sein d’un futur potentiel gouvernement. Car ce serait finalement, valider le fait que de simples réformes vont nous permettre de sortir de l’économie capitaliste. Et d’ils sont incapables de réaliser les réformes pour lesquelles ils ont été élus, ce serait trahir la base qui les soutiens.
Tout ce réduit donc à cette réalité, peut-on réformer le système économique capitaliste ? Chacun fait son choix et en tire les conséquences nécessaires.
Et si ces partis sont divisés lors des prochaines élections présidentielles, ce sera sur de profonds désaccords politiques que l’on devrait essayer de comprendre.
Cher Louis,
L’article aborde des problèmes réels, mais l’humour qui caractérise Bakchich est ici absent.
De plus, un peu de tourisme dans la France en dehors de Paris serait bon pour revoir ses sources : le PCF n’a quasiment plus rien (même plus le 93) et sa force militante appartient à un passé que vous mettez au présent….Un coup de blues ou un regret du passé ?
Dans les cortèges en province de ce jour et du 7 septembre dernier, quelques drapeaux du PCF, pas de vrais cortèges PCF -idem du PS- : c’est un signe.
Par contre, nul besoin de bons yeux et de grandes oreilles pour voir et entendre des cortèges très actifs, de la CNT anarcho-syndicaliste à certains cortèges syndicaux aux slogans qui sont clairs, en passant par le NPA ou d’autres dits d’extrême-gauche -ADS par exemple ou Parti de Gauche.
Vous n’aviez pas visiblement pas visionné les images des centaines de cortèges de manifestants en province (laquelle représente 85% de la population).
Concernant les élus qui sont classés par vos soins à l’extrême-gauche -appellation labellisée par le triste ministre Marcellin dans les années 1960 et dans laquelle d’aucuns mettent tout et n’importe quoi -y compris ce pauvre PCF, avec ses ministres cocus de 1981 à 1984, et, qui, semblant aimer la chose, a renouvelé de 1997 à 2002 cette masochiste expérience, vous semblez ignorer que le NPA, le POI -que vous oubliez de citer- et LO ont des élus-au niveau régional (dans plusieurs régions : PG et NPA), départemental (1 Conseillère Générale dans l’Aude, du POI) et dans environ 380 communes de taille variable (du PG, POI, NPA et de LO).
Il manque les anarchistes dans votre article, Marcellin vous aurait dit que ne voyez que la partie émergée de l’iceberg.
Comme dirait l’ami Nicolas Beau avec raison, tant qu’à écrire, essayez de le faire bien et en ayant vérifié vos sources, en y joignant aussi une pincée d’humour réel.
Là, un conseil sociologique de confrère attentif : il faudrait sortir de son bureau et de la capitale afin de voir les réalités changeantes sur le terrain national dans son ensemble.
Cela évacue les lubies du microcosme parisien, isolé et souvent aveuglé par ses lubies propres.
Bien cordialement,
Cocus les ministres communistes de 81 ? Si il y a eu des cocus ce sont d’abord les salariés…puis le PCF car ou sont ils ces ministres (en dehors de Ralite) ? …au PS comme le félon hue et Gayssot bisous bisous avec fêche….
Quand à l’ "extrême" gauche soit vous ne la connaissez mal ou vous êtes patisan, car de l’ex LCR devenue "Nul Part Ailleurs"(humour)au CNT et les miettes de Mao, sa capacité de nuisance proportionnelle à ses faibles effectifs (mais pas du bruit qu’elle fait)n’inquiéte en rien le capital, bien au contraire,car comme dans les entreprises elle est là pour diviser et jouer les mouches…du coche et critiquer les syndicats.
Ce qui réjouit les patrons et les directions de boîtes.
l’histoire enseigne que l’action des "extrêmes" coupés du peuple rend plus service à ceux à qui ils se disent opposés qu’aux causes qu’ils sont supposés défendre… !
"Dans les cortèges en province de ce jour et du 7 septembre dernier, quelques drapeaux du PCF, pas de vrais cortèges PCF -idem du PS- : c’est un signe. Par contre, nul besoin de bons yeux et de grandes oreilles pour voir et entendre des cortèges très actifs, de la CNT anarcho-syndicaliste à certains cortèges syndicaux aux slogans qui sont clairs, en passant par le NPA ou d’autres dits d’extrême-gauche -ADS par exemple ou Parti de Gauche".
Le 23 et le 7 septembre 2010 sont des journées de grève et de manifestations syndicales ? la CNT anarcho-syndicaliste, le NPA ou d’autres dits d’extrême-gauche -ADS par exemple sont des partis qui s’autoproclament syndicats par leurs discours ? Le poids d’un parti ne se mesure pas dans les cortèges mais aux pourcentages dans les élections et aux nombres d’élus que ceux-ci génèrent ?