Dominique de Villepin dénonce l’esprit de cour dans une thèse au vitriol, du Moyen Age jusqu’à nos jours. Et balance sur les locataires successifs de l’Elysée.
En politique, dire des vérités sur ses pairs est risqué. Il y a quelques semaines, Martin Hirsch s’en est pris aux conflits d’intérêt qui minent la République, balançant par exemple Jean-François Copé ou Gérard Longuet. La violence en retour ne s’est pas fait attendre.
Aujourd’hui, c’est Dominique de Villepin qui dénonce, dans un livre édité chez Perrin, l’esprit de cour, une malédiction de notre classe politique ; et juge Sarkozy comme l’« un des problèmes de la France ». Bronca à l’UMP. Pour étayer sa thèse au vitriol, l’ancien Premier ministre s’essaie à la fresque historique, partant du Moyen Age jusqu’à nos jours.
C’est bien évidemment dans la partie contemporaine qu’il se montre le plus intéressant.
S’appuyant sur son expérience personnelle dans les palais de la République, il nous emmène dans l’envers du décor, sans avoir peur de donner des noms. Celui de Valéry Giscard d’Estaing, un « homme altier, étranger aux évolutions de la société française », de François Mitterrand, « premier Président de gauche à avoir incarné la dimension monarchique du pouvoir », et surtout celui de Nicolas Sarkozy. Président dépeint comme le parangon d’un système qui a survécu à la royauté : « Nicolas Sarkozy n’est pas tant le monarque, offert aux regards, que le premier des courtisans qui s’épuise dans l’art de séduire l’opinion qu’il a érigée en nouveau souverain, en lieu et place du peuple. » Plus loin, il tire : « Il a fait prospérer une cour invraisemblable de perroquets apeurés distillant en boucle les mêmes éléments de langage, (…) de roseaux plus penchés que pensants qui ne vivent qu’à travers le regard du prince. »
Inévitablement, l’essai historique chatouille le contemporain. Prend des allures de règlement de comptes, surtout quand Villepin analyse froidement son ennemi juré, à la manière d’un psy : « Il existe en lui une hypersensibilité, une fêlure affective qui ne laisse pas de m’inquiéter. »
Dominique de Villepin disait, à la rentrée, vouloir sortir de son positionnement anti-sarkozyste. Il a manifestement changé son fusil d’épaule.