Encore raté ! Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Alors que Nicolas Sarkozy poursuit sa politique d’ouverture, le socialiste Jack Lang n’a toujours rien obtenu.
« S’il y a des talents à gauche qui doivent servir leur pays, mon devoir de président de la République c’est de faire appel à leur talent », a lancé hier Nicolas Sarkozy à Evian, lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet franco-britannique. « La stratégie politique du gouvernement français de l’ouverture ne s’arrêtera pas parce que la France a besoin de mobiliser toutes ses énergies et tous ses talents dans une situation aussi grave ».
Hier, l’Élysée a justement annoncé la poursuite de cette stratégie, avec la nomination de deux ex-Premiers ministres, Alain Juppé et le socialiste Michel Rocard, à la tête d’une commission de réflexion sur le futur emprunt national. Nicolas Sarkozy avait annoncé cette mesure, lors de son intervention devant le Congrès du Parlement à Versailles le 22 juin. Ce lundi, il a chargé les deux hommes de lui faire des propositions avant le 1er novembre, « sur le choix des priorités que le gouvernement arrêtera ensuite », a souligné le Palais dans un communiqué. En somme, l’emprunt va constituer l’un des gros sujets politiques de ces prochains mois. Et c’est Michel Rocard, grand rival de François Mitterrand dont il était pourtant le Premier ministre, qui rafle la mise…
Il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il y aurait des nominations surprises. C’est chose faite. Mais « Djack » s’est encore fait devancer. « Jack Lang a déjà une mission », explique un conseiller de Nicolas Sarkozy, allusion faite à son étiquette d’émissaire spécial pour la relance du dialogue politique et la coopération entre la France et Cuba. Un hochet accordé, fin février, au député socialiste du Pas-de-Calais et qui n’a pas donné grand-chose pour le moment.
En plus, l’excuse tient difficilement : Michel Rocard détient lui aussi une mission. Fin février, l’ex-Premier ministre socialiste avait été nommé ambassadeur itinérant pour les pôles. Officiellement, sur demande de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Officieusement, sur instruction de l’Élysée, comme le soulignait à l’époque, un membre du Quai d’Orsay dans Bakchich. Et au final, un partout pour Rocard et Lang qui ont chacun une mission à l’autre bout du monde.
Au plan national, Rocard prend l’avantage même si Jack Lang n’a pas ménagé ses efforts pour montrer qu’il était « socialo-compatible » en Sarkozie : vote de la réforme des institutions souhaitée par le Président mais dénoncée par le PS, l’été dernier, participation au comité Balladur sur la réforme des institutions, soutien au projet de loi Hadopi…
Sauf que ces derniers jours, Jack Lang a quelque peu agacé le Palais. Quand Claude Guéant lui a proposé, lors du dernier remaniement, le poste de ministre de la Culture qu’il avait déjà occupé sous Mitterrand, l’ex-ministre a essayé de faire monter les enchères : son entrée en Sarkozie contre le ministère des Affaires étrangères. Que nenni, a répondu en substance Claude Guéant, sur instruction de Nicolas Sarkozy. Et Bernard Kouchner a été maintenu à son poste.
Lorsque Jack Lang a fini par donner son accord pour la rue de Valois, il s’est vu répondre une fin de non recevoir par le bras droit du Président : « Trop tard, la place est prise… par Frédéric Mitterrand », a simplement commenté Claude Guéant. Se faire piquer la vedette par le neveu de l’ex-Président, qui avait déjà un très beau poste à la Villa Médicis et qui n’a d’ouverture que le patronyme… Dur à avaler pour ce ministre si symptomatique des années Mitterrand !
Dans son livre Demain comme hier, paru fin avril, Jack Lang avait d’ailleurs ce commentaire sur la politique de l’ouverture « Nicolas Sarkozy n’a pas encore réussi à capter ce qu’on appelle de “gros poissons” » . Le message est passé…
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Védrine lui aussi a été dragué mais si j’en crois cet article, il a décidé de faire un autre choix :
http://www.lepost.fr/article/2009/07/08/1612112_hubert-vedrine-candidat-a-la-presidentielle-de-2012_1_0_1.html