Déploiement stratégique de Jean-François Copé, entouré de quadras et de patrons, qui souhaite "travailler mieux pour gagner plus" l’Elysée.
Comme une affiche électorale de Sarkozy qu’il aurait vulgairement taguée, Jean-François Copé aime détourner les slogans présidentiels. Sa dernière trouvaille ? « Travailler mieux pour gagner plus ensemble ». Une tambouille plus très fraîche du « travailler plus pour gagner plus » assaisonné au « ensemble, tout devient possible » de la campagne de 2007. Un coup de com’ qui a servi de thème au second rendez-vous de l’année de son « think tank », Generation France, organisé lundi 28 à l’Assemblée. Pour se démarquer en douceur, et à jet continu, des rives de l’UMP.
En tête de son site, generationfrance.fr, il est écrit : « 0% petites phrases, 100% débats d’idées. » Il aurait pu y ajouter : 100% réseaux. Car son écurie ne date pas d’hier. Elle a été lancée en 2006, un an avant l’élection de Sarko et à quelques mois de son entrée dans l’un des plus importants cabinets d’avocats de France, Gide Loyrette Nouel. En tant que simple médiateur. Histoire d’étoffer un peu plus son carnet d’adresse pour ses ambitions présidentielles de 2017 qu’il ne cache même plus.
« L’objectif de ce club, c’est éclairer mon action politique, pour réfléchir ensemble aux débats présidentiels, et imaginer à quoi pourrait ressembler la France dans 10 ou 20 ans. » On ne s’étonne guère qu’il fasse bande à part à chaque université d’été de l’UMP ou il réunit ses troupes dans un coin avec quelques journalistes. Onze des députés de la majorité sont chargés de faire vivre des ateliers du club, en partie des quadras de sa génération. Pas toujours très connus. Dont : Philippe Gosselin, Valérie Boyer, Marie-Christine Dalloz, Valérie Rosso-Debord, Michèle Tabarot ou encore le benjamin Franck Riester. Bien utile pour se constituer un noyau dur d’élus à l’Assemblée. Samedi 3 juillet, il inaugurera la centième antenne à Toulon. A côté, une section « Jeunes » s’assure d’organiser le relais dans les Grandes Écoles et les facs.
Une coïncidence de voir son forum programmé deux jours avant la réception des députés UMP par Sarko ? « On sait qu’il joue front contre front avec le Président, mais sa stratégie c’est de tenir la majorité jusqu’à la présidentielle pour montrer qu’il peut être un futur grand patron » assure une huile du Palais-Bourbon. Un membre du Conseil national de l’UMP d’ajouter : « son but, c’est d’être Premier Ministre si Sarko est élu en 2012 et de griller Bertrand pour prendre les rênes du parti ».
Pas étonnant qu’il ait réuni ce 28 juin du beau gratin. Le patron de France Télécom, Stéphane Richard, la DRH non moins influente de Google Europe, Dorothée Burkel, ainsi que des chefs d’entreprises, syndicalistes et un psychiatre. Pour la grande cause évidemment : réfléchir au « rapport des Français avec le travail ». Son second dada avec la Burqa. Car, pour Copé, « Travailler moins, c’est impossible. Travailler plus, c’est inévitable », donc « Travailler mieux, c’est indispensable ! ». Une mission sur la souffrance au travail a été mise en place par sa volonté il y a un an. De quoi y entrevoir un nouveau socle idéologique à droite après la « rupture » de Sarkozy ?
Pour l’instant, rien de neuf sous le soleil : les 35 heures, un carcan qu’il faut supprimer. Le coût du travail et les dépenses publiques, trop élevés. La fonction publique, à « dégraisser ». Les syndicats français, trop dans la "confrontation politique". Petit vent de nouveauté : repenser les techniques de management, la parité dans les conseils d’administrations et la formation en entreprise.
Des pièces qui ne font pas encore un puzzle pour la présidentielle.
Gosselin et Riester sont des noms qui sont beaucoup apparus pendant le projet de (désormais) loi "Hadopi".
Pour mémoire, Riester était rapporteur et a avantageusement oublié de rapporter que le parlement européen avait statué de manière importante sur le sujet : à savoir que l’accès à internet était un droit fondamental et qu’une autorité administrative n’était donc pas qualifiée pour couper cet accès.
Quant à Gosselin, c’était l’un des plus véhéments UMP pendant la seconde lecture du texte à l’assemblée. Pour simplifier, Mr Gosselin nous servait sur un ton des plus insultants tous les raccourcis les plus éculés sur la défense des artistes quand il s’agissait en réalité d’entériner la position oligopolistique des Majors sur le monde des media francais.
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