Philippe Courroye, qui a instruit l’Angolagate, témoigne devant le tribunal. L’occasion pour les avocats de Pasqua, Marchiani ou Falcone de tirer à vue.
Rarement un magistrat aura fait l’objet de tant d’hostilité que Philippe Courroye, le juge d’instruction du célèbre dossier de l’Angolagate. Peu importe les gigantesques flux de corruption, générés par les 970 millions de dollars de contrats de ventes d’armes entre la France et l’Angola. Peu importe que la politique étrangère de la France ait été ignorée, bafouée par Charles Pasqua et ses amis pour quelques menus avantages ! L’homme à abattre pour ces avocats, grands humanistes devant l’éternel, est Philippe Courroye.
Relayés par des journalistes sans curiosité excessive, les influents avocats du procès de l’Angolagate ont instruit le dossier, depuis plusieurs années, du juge Courroye, devenu depuis Procureur à Nanterre. A lire certaines gazettes ces jours-ci, on a le sentiment que les Pasqua, Marchiani, Falcone, Sulitzer, Attali seraient juste les victimes de l’acharnement d’un juge pervers et fanatique nommé Courroye.
Pas un mot, en revanche, chez nos excellents confrères, sur les enveloppes de billets, les virements sur les comptes clandestins, les rétro-commissions au profit du président Dos Santos, via un compte ouvert au Panama et la très belle machine de corruption mise en place, au cœur de l’Etat français, par Pierre Joseph Falcone, qui commença sa carrière dans le commerce des fruits exotiques. D’où son surnom, « la banane ».
Ce mercredi, le procès anti-Courroye devrait être instruit sur deux thèmes : les relations supposées d’Yves Bertrand, l’ancien patron des RG, et de Philippe Courroye ; la disparition inexpliquée, dans le dossier, d’une note de la Dst. Ah les belles âmes ! Avec à la tête de ctte croisade anti-juge, Airy Routier du Nouvel Obs et Louis-Marie Horeau du Canard Enchaîné.
Premier scud de la défense, les fameux carnets d’Yves Bertrand, saisis dans le cadre de l’affaire Clearstream et versés à la procédure de l’Angolagate, font apparaître, parmi mille autres, le nom de Courroye à plusieurs reprises. Ce qui est exact, c’est que les deux hommes se sont croisés dans le bureau du juge à propos du dossier des casinos concédés aux amis de Pasqua. Ce qui est vrai aussi, c’est que l’ancien patron des RG, chiraquien pur jus, suivait de près les ennuis judiciaires de Charles Pasqua. En effet, un Charlie plombé arrangeait bien les affaires de Jacques Chirac qui ne voulait à aucun prix de concurrence à droite pour la présidentielle de 2002. A ce titre, les intérêts du flic et du juge convergeaient objectivement.
Rien ne prouve, pour autant, que le juge Courroye ait rencontré à de multiples reprises le patron des RG . Et l’eut-il fait, cela ne constitue pas nécessairement une faute procédurale. Quotidiennement, les juges d’instruction rencontrent, le plus normalement du monde, des flics, des politiques et des journalistes pour orienter leurs enquêtes. A la condition, bien sûr, que leurs interlocuteurs ne soient pas mis en cause dans la procédure judiciaire qu’ils conduisent. Or Yves Bertrand n’a, à aucun moment, été mis en cause dans les innombrables gâteries évoquées dans le dossier de l’Angolagate.
Deuxième grief invoqué par nos vertueux avocats à l’encontre du juge Courroye, ce dernier n’aurait pas versé au dossier une note de la DST. Laquelle, plaide la défense, était favorable à Arcadi Gaydamak, un milliardaire russe aujourd’hui en fuite en Israël qui prétend, contre toute vraisemblance, avoir joué un rôle clé dans la libération des pilotes français en Serbie.
Cette note aurait-elle été égarée ? Peut être, mais la procédure ne comprend pas moins de cent cinquante tomes, ce qui peut expliquer une telle faute…vénielle. De toute façon, l’auteur de cette note et ancien de la DST, Raymond Nart, a écrit un long témoignage en faveur de son ami Gaydamak qui, lui, figure bel et bien au dossier.
En septembre 1997, lorsque la célèbre affaire de l’Angolagate débute, Philippe Courroye vient d’intégrer le pôle financier de la rue des Italiens. Homme de droite, rigoriste et catholique, le juge est un bosseur. Du genre, par ses marches à pied dans Paris, à épuiser les deux gardes du corps qui vont l’accompagner durant les longues années d’instruction de l’Angolagate, en raison des menaces reçues. Du genre aussi à travailler en équipe avec les flics financiers, ce qui n’est pas si fréquent chez des juges d’instruction souvent trop solitaires.
Déjà tombeur dans une vie antérieure de Michel Noir, à l’époque maire de Lyon, et d’Alain Carignon, ancien édile de Grenoble, Philippe Courroye va conduire, à Paris, une des plus gigantesques instructions financières de ces dernières années. La procédure principale de l’Angolagate a en effet provoqué l’ouverture d’autres instructions parallèles, de l’affaire de la Sofremi à celle des casinos et d’Alstom, pour lesquelles Charles Pasqua est poursuivi devant la Cour de Justice de la République, qui se hâte avec lenteur.
Infatigable, Courroye enquête également sur le dossier Pétrole contre nourriture, où on retrouve, encore et toujours, un certain Pasqua. L’instruction est toujours en cours.
Si l’Angolagate est une affaire d’Etat, c’est en raison des petits arrangements entre amis, à l’ombre de la République et de la Françafrique, qu’a révélés l’instruction de Philippe Courroye. Mais il y a plus grave.
Sur le plan d’une certaine éthique de l’Etat et de son fonctionnement, la démarche de Pasqua, Marchiani, Falcone et autres Jean-Christophe Mitterrand pose problème. Elle consiste à encourager des exportations d’armes vers des pays tiers, sans que le gouvernement, notamment le Quai d’Orsay et le ministère de la Défense, n’ait donné leur accord. Or Pasqua à l’époque est ministre de l’Intérieur et ministre d’Etat. Pour quelques prébendes, Charlie s’est cru autorisé à mener sa propre politique étrangère parallèle, comme s’en est étonné, devant le juge Courroye, Alain Juppé, ministre des Affaires Etrangères dans le même gouvernement.
Un peu comme Bernard Kouchner qui, quelques années plus tard, semble avoir confondu, lui aussi, ses intérêts financiers et la politique étrangère de la France.
A lire ou relire sur Bakchich.info, le dossier sur l’Angolagate
Le Procureur a requis 3 ans de prison, dont 18 ferme contre Marchiani libéré lundi, grâce à une grâce sur mesure concoctée par NICOLAS SARKOZY ex Ministre de l’intérieur et Président de la République voulant incarcérer les fous, les mineurs de 12 ans, l’instigateur des pleines planchers remplissant les prisons de voleurs de poules
C EST UN SCANDALE !