À 83 ans, Charles Pasqua risque de payer cher ses frasques. Impliqué dans des affaires de détournement de fonds publics alors qu’il occupait la fonction de ministre de l’Intérieur, il est jugé par la Cour de justice de la République.
"Décidément, monsieur le juge, vous y allez un peu fort." Le 29 novembre 2000, la perquisition rondement menée au conseil général des Hauts-de-Seine vient de s’achever. Patron de l’assemblée départementale, Charles Pasqua est dans une colère noire. Sans états d’âme, le juge Philippe Courroye lui annonce son intention de faire un tour à son domicile. L’affaire dite de « l’Angolagate » débute.
Une bataille judiciaire féroce s’engage entre l’un des monstres de la politique française, Charles Pasqua, le vendeur de Ricard devenu ministre d’État, et Philippe Courroye, brillant magistrat instructeur nommé, depuis, avec l’onction de l’Élysée, procureur de Nanterre. Dix ans après ce bras de fer, les condamnations devant les tribunaux ordinaires pleuvent contre le malheureux Pasqua. Octobre 2009 : trois ans de prison, dont un an ferme, pour avoir reçu des fonds des Angolais. Avril 2010 : dix-huit mois définitifs, dans un dossier de financement de la campagne des européennes de 1999.
Durant son instruction sur les liens troubles entre le clan Pasqua et l’Angola, le juge Courroye découvre d’autres malversations, autrement plus graves, puisque commises alors que Charles Pasqua était ministre de l’Intérieur, entre 1993 et 1995 : attribution suspecte du casino d’Annemasse à ses amis corses, versements illégaux de commissions lors de passation de marchés par une société d’État, la Sofremi, ou encore pour l’acquisition d’un siège social à GEC Alstom. Autant de pots-de-vin versés, deux fois sur trois, via son ami Étienne Leandri.
Les trois dossiers sont jugés, à partir du lundi 19 avril, devant la Cour de justice de la République, composée de douze sénateurs et députés. Exceptionnelle, la procédure n’a été utilisée de façon décisive que dans l’affaire du sang contaminé contre les anciens ministres socialistes Laurent Fabius, Edmond Hervé et Georgina Dufoix, tous trois relaxés. Cette fois, et sur la base de dossiers accablants, Charles Pasqua risque dix années de prison. Sauf si, entre truculence et menaces, il arrive, une fois encore, à mettre les rieurs de son côté. Il lui faudra bien du talent.
Un dossier complet et inédit à lire cette semaine dans Bakchich Hebdo, en vente chez tous les marchands de journaux. 1 euro
A lire ou relire sur Bakchich :
Révélations opportunes pour faire oublier les frasques de son nabot de successeur dans les Hauts de Seine et à l’Intérieur, voire plus !
On notera toutefois deux différences sensibles entre les deux "profils" :
1°) Le "poids lourd du Gaullisme" a tout de même rendu de vrais services à la République pendant les périodes "sombres" de 1942 à 1944 et en 1961 … (ce qui n’exclut pas les critiques dont il peut faire l’objet par ailleurs - on n’est jamais ministre de la répression et des élections sans se salir les mains)
2°) Il est intéressant de noter que Ch. Pasqua est frappé de la même procédure que L. Fabius, avec le même acharnement judiciaro-médiatique … On se souvient que les deux hommes, bien que d’horizons très éloignés, s’étaient retrouvés au "coude à coude" pour défendre la République face aux kollabos de la "Gross Europa" pendant la campagne du référendum de mai 2005.
A l’époque, ils faisaient partie des rares politiques à avoir pris cette position très majoritaire dans le peuple mais très minoritaire chez les "professionnels" de l’espace médiatique. (Chevènement avait de son côté du "s’éteindre" provisoirement au Val de Grâce)
Les Maîtres du Monde ont décidément la fâcheuse habitude d’euthanasier ceux de leurs chiens de garde qui osent, une fois seulement, refuser la gamelle qu’on leur présente.
Il y a longtemps que ce mec devrait être en tôle comme ses principales relations politiques.
Et la France se porterait mieux si on avait expulsé la mafia politicienne corse.
Mais selon que vous serez puissant ou misérable …
Il n’ai pas en tôle et ses complices non plus, et c’est injuste et ça incite aux crimes notre jeunesse
Pasqua bénéficie de l’immunité sénatoriale et l’impunité grâce à Sarkozy dont tout le monde a pu remarqué la probité irréprochable, basée sur la quintessence des valeurs de ses mentors : Chirac, Pasqua, Balladur, …. !!!!
http://citoyen.eu.org/doc/Pasqua-Chirac-Sarkozy.php
Pour s’assurer une nouvelle immunité, l’ex-ministre de l’Intérieur, élu dimanche, a su faire jouer ses réseaux. Sarkozy et Chirac compris.
Par Antoine GUIRAL et Thomas LEBEGUE, pour Libération
Il fallait sauver Pasqua. Pour une fois, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont tombés d’accord. Et le résultat ne s’est pas fait attendre : trois mois après avoir perdu son siège de député européen et son immunité parlementaire, Charles Pasqua, 77 ans, a été facilement élu au Sénat, dimanche, dans les Hauts-de-Seine. Nul doute que l’ancien ministre de l’Intérieur saura d’abord remercier Sarkozy qui, malgré ses dénégations, a beaucoup contribué à son retour dans la Haute Assemblée. Au mois de mars, Pasqua avait eu l’habileté de lui céder son canton de Neuilly-Nord, puis la présidence du département le plus riche de France (1,7 milliard d’euros de budget). En retour, Sarkozy l’a fait élire président d’honneur du conseil général. Et, depuis dimanche, sénateur pour six ans.
Hommage.
Avant même de récupérer la forteresse des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy avait rendu un puissant hommage à son prédécesseur. La scène se déroule le 19 janvier, dans l’immense salle de réception du conseil général. En haut de l’escalator, Charles Pasqua et madame accueillent un à un les 2 000 participants, qui ne manqueraient pour rien au monde cette cérémonie des voeux. Au milieu de la soirée, devant un orchestre philharmonique, Pasqua adoube Sarkozy. Rien n’est encore officiel, mais, dans l’assistance, chacun sait que le « président Pasqua » s’est trouvé un successeur à sa taille. « Merci à Charles Pasqua parce qu’il a été pour nous une référence, lance Sarkozy. Nous n’avons pas oublié. » Un hommage public qui n’a pas échappé aux centaines d’élus locaux présents ce jour-là.