Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
FILOUTERIES

Avec Jean-Charles Marchiani, la libération d’otages est devenue une industrie

Grace / lundi 15 décembre 2008 par Nicolas Beau
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

D’ici le 31 décembre, Nicolas Sarkozy graciera cinquante détenus, en raison de leurs « mérites ». En tête, le préfet Marchiani, grand libérateur d’otages devant l’éternel !

Bras droit de Charles Pasqua et aujourd’hui en détention pour avoir tapé dans les caisses publiques, Jean-Charles Marchiani aura toujours été un touche à tout talentueux, notamment en matière de libération d’otages. Proche du sinistre Sac (Service d’action civique) et chrétien intégriste, cet aimable corse débuta sa carrière à dix-neuf ans au Sdece, l’ancêtre des services secrets français – qui s’appellent maintenant la Dgse.

Hélas, il en fut évincé en 1970. Ce qui fut toujours pour lui un souvenir douloureux. Au point de tenter, durant la cohabitation 1993-1995, d’être nommé, avec l’appui de Charlie, patron de la Dgse. Hélas, ni Mitterrand, ni Léotard, alors respectivement chef de l’Etat et ministre de la Défense, ne voulurent de lui.

Marchiani à l’ombre - JPG - 35.9 ko
Marchiani à l’ombre
© PieR

Libérons le libérateur

.

En lot de consolation, l’ami Marchiani obtint, toujours grâce à Charles Pasqua, le titre de préfet, avant de devenir, après 1995, l’interlocuteur privilégié des hommes du président Dos Santos, Falcone et Gaydamak. Ce qui lui vaut de comparaître aujourd’hui, mais déja détenu dans d’autres dossiers, sur les bancs des accusés dans le dossier de l’Angolagate. Ame damnée de Pasqua, Marchiani a toujours maintenu le contact avec Jacques Chirac. Préfet dans le Var après 1995, il protégeait les sorties privées de Chirac, lorsque ce dernier voulait, discrètement, échapper à un face à face un avec Bernadette. Des services qu’on n’oublie pas.

Joli parcours, et l’ami Jean-Charles a toujours mis en avant le rôle qu’il aurait tenu dans les dossiers les plus sensibles, dont plusieurs libérations d’otages. Ce sont ces missions discrètes qui expliqueraient, selon lui, l’existence des discrètes cagnottes qu’il posséda longtemps en Suisse.

C’est aussi à ce titre, grand serviteur de l’Etat et amoureux des causes les plus nobles, qu’il demande aujourd’hui son élargissement. Son fidèle parrain en politique, Charles Pasqua, a fait, ces dernières semaines, le siège de l’Elysée pour plaider sa cause. « Jean-Charles a rendu des services immenses à la France », aime à répéter Charles Pasqua.

Disons de façon plus réaliste que Marchiani n’a pas son pareil pour taper l’incruste dans les affaires d’otages et s’attribuer ensuite le premier rôle. On découvre notre préfet sirotant, un jour, le thé avec les bédouins et le lendemain, havane au bec et chemise rose, parcourant le monde à bord d’un jet. Cet héros moderne tient de Lawrence d’Arabie et Max la Menace, plus proche du second que du premier.

Un baptème du feu à Beyrouth

En 1988, la libération des otages français par le gouvernement Chirac, à la veille des élections, fut le premier fait d’armes dont il s’est glorifié. Mais une remarquable enquête de Pierre Péan, dans son livre Manipulations Africaines ( Plon), montre à quel point cette action d’éclat était entourée d’un halo de mystère et de tromperie.

Dans les années 80, la France, qui soutient l’effort de guerre irakien, s’attire l’hostilité des mollahs de Téhéran. En 1985, plusieurs Français, dont le journaliste Jean-Paul Kauffmann, sont enlevés à Beyrouth par des groupuscules aux ordres de Téhéran. Arrivé à Matignon en 1986, Chirac confie à Marchiani le soin de négocier.

Mais le véritable négociateur sera le cheikh Zein, patron de la communauté chiite de l’Afrique de l’Ouest. C’est le dignitaire religieux qui, rencontrant Pasqua en juillet 1987, lui livre les clefs du compromis financier qui a été savamment élaboré.

Naturellement, c’est Marchiani qui apparaîtra sur la photo, le jour de la libération. Pas un mot de Pasqua et son second sur le rôle décisif du pauvre cheikh, dont l’émissaire est chassé manu militari par Marchiani de la voiture qui convoyait les otages. Apparemment, toujours d’après Péan, une rançon est négociée avec les Iraniens qui n’en verront jamais le premier sou.

Cette fois, il faut admettre qu’en plein Beyrouth livré aux bandes armées, le préfet Marchiani mouille sa chemise et vient cueillir les otages. C’était en 1988, voilà vingt ans.

Sur le front de moines de Tibhérine

Lors de la prise en otages des sept moines du couvent de Tibérine en 1995 et 1996, Marchiani s’agite, prend contact avec les Algériens, et reproche à Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, d’avoir fait capoter la remarquable opération qu’il avait montée pour sauver les religieux. Sauf que l’ancien patron de la Dst, Yves Bonnet, proche des services algériens et parfaitement au courant de cet épisode des relations entre Paris et Alger, qualifie Marchiani d’ « escroc du renseignement » et son rôle d’ « invraisemblable ».

Tout aussi invraisemblable est l’importance que se donnent Marchiani et son pote, le milliardaire russe Arkadi Gaydamak, dans la libération des pilotes français détenus en Serbie à la fin de 1995. Cette fois, c’est le général Gallois, qui, à la demande de la Dst et en raison de ses sentiments pro-serbes, rencontre le général Mladic, chef à l’époque de l’enclave serbe en Bosnie. Les deux hommes se connaissent bien, et Galllois obtient un engagement du chef serbe de libérer les pilotes. A condition, toutefois, qu’un signal fort vienne de Paris.

Au retour de sa mission, le général Gallois transmet son rapport au numéro deux de la Dst d’alors, Raymon Nart, qui venait expliquer à l’auteur de ces lignes : « Marchiani a toujours fait de la gonflette ». Et d’ajouter : « Avec lui, c’était les emmerdes assurés ».

Le signal fort demandé par les Serbes à Gallois sera la rencontre à Pale du chef français de l’armée de l’air, le général Douin, et le général Mladic. Mais c’est Marchiani qui, une fois encore, apparaît sur la photo. C’est lui qu’on verra, triomphant, accompagnant Jacques Chirac lors du retour des otages à la base militaire de Villacoublay.

« Les victoires ont beaucoup de pères et les défaites sont toujours orphelines », dit un proverbe serbe. En matière de captation d’héritage, Jean-Charles Marchiani est devenu un as !

Lire ou relire dans Bakchich les articles sur le préfet Marchiani :

Trente huit prévenus, parmi lesquels Charles Pasqua, Jean-Christophe Mitterrand, Jacques Attali ou Arkady Gaydamak, se retrouvent ce lundi pour l’ouverture du procès dit de l’Angolagate. Vaste trafic d’armes présumé pesant quelque 790 millions de (…)
Les quatre ex-otages français au Liban, à la fin des années 80, ont chouiné samedi 8 mai. Implorant une grâce présidentielle pour le Jean-Charles Marchiani, ex-bras droit de Charles Pasqua et aussi dit le préfet « Boum » . Un vibrant plaidoyer auquel « (…)
C’est le temps de rappeler les copains et de remémorer ses services. Marchiani joue à sauve-qui-peut et demande en même temps sa grâce, histoire de…
Longtemps considéré comme le bras droit de Môssieur le Sénateur Charles Pasqua, Jean-Charles Marchiani n’a pas son pareil pour se « taper l’incruste » dans les histoires d’otage et s’attribuer le premier rôle. Petit récit illustré de ses deux plus (…)
En 1987, en pleine cohabitation, la bande à Pasqua s’agitait sur le front des questions internationales. En particulier Marchiani, en mission à Téhéran, pour sauver des otages. Mais Tonton, bien sûr, veillait au (…)
Le préfet Boum-Boum a l’habitude de passer entre les gouttes des procédures aussi diverses qu’amusantes.

AFFICHER LES
11 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Avec Jean-Charles Marchiani, la libération d’otages est devenue une industrie
    le lundi 22 décembre 2008 à 11:03, michel-j a dit :

    Sorti des otages, et les armes qui sont souvent sa monnaie d’echange, rappelez-nous un peu quel est la principale ressource a l’exportation du Liban ?

    Il me semblait qu’un autre Corse celebrissime et tout aussi affairiste, ardent supporter de l’agriculture locale, tenait assises dans les environs du casino de Beyrout… Une coincidence, sans doute ? Les cercles ont tellement tendances a se cristaliser autour d’un meme centre… ou milieu ?

  • Avec Jean-Charles Marchiani, la libération d’otages est devenue une industrie
    le vendredi 19 décembre 2008 à 14:47, Fedor a dit :
    Spécialistes des entourloupes, formé à l’école Pasqua, Marchiani a toujours su se placer dans tous les coups foireux qui pouvaient lui rapporter quelque argent ,Il considère vraisemblablementque les otages sont une marchandise comme une autre.Pour un préfet de la République son manque de probité est stupéfiant Ce serait risible qu’aprés une grâce présidentielle il retourne en prison suite à ses démélés dans l’"Angolagate".
  • Avec Jean-Charles Marchiani, la libération d’otages est devenue une industrie
    le mardi 16 décembre 2008 à 12:18
    Selon l’article 17 de la Constitution, le président de la République dispose du « droit de faire grâce à titre individuel ». Un privilège rarement utilisé, puisque le dernier cas remonte en 1996. Jacques Chirac avait réduit la peine du jardinier Omar Raddad, dont l’implication dans le meurtre de Ghislaine Marchal était controversée.
  • La République bananière !
    le lundi 15 décembre 2008 à 19:30, CASUS BELLI a dit :
    C’est ça la République des coquins et des copains. Vivement la Révolution pour briser l’échine de l’oligarchie.
  • Avec Jean-Charles Marchiani, la libération d’otages est devenue une industrie
    le lundi 15 décembre 2008 à 17:47, Linda Chergui a dit :
    Le Mali est devenu un pays receleur d’otages enlevés par les groupes terroristes islamistes qui ont fait du Nord de ce pays leur bastion, au vu et au su de toute la communauté internationale. La pauvreté ne doit nullement justifier ce genre de comportement criminel, ni au mali ni en Somalie.Linda Chergui
    • Avec Jean-Charles Marchiani, la libération d’otages est devenue une industrie
      le vendredi 26 décembre 2008 à 17:14, sergio a dit :
      rappellons de meme que c est marchiani qui a detourné l argent des otages francais au liban et ce pauvre cheich zein qui a failli y laissé sa vie en aidant pasqua et marchiani ds ce dossier .
0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte