Tremblement de terre, cyclone, épidémie du choléra. Haiti est toujours debout. Mais une autre catastrophe est déclenchée : elle est politique.
À peine les résultats du premier tour de l’élection présidentielle rendus publics mardi dernier, le pays s’est embrasé. Dans la capitale, Port-au-Prince, des milliers de manifestants ont fait trembler la ville.
Manifestations, violences, les routes sont coupées par des pierres et des barricades de voitures brûlées. A Pétionville, sur les hauteurs de Port-au-Prince, des affrontements ont eu lieu entre les soldats de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haiti (Minustah) et les partisans du candidat populaire Michel Martelly, alias "Micky".
Dans un décor de ruines, au milieu des tentes de réfugiés plantées un peu partout dans la ville, les manifestants ont attaqué à jets de pierre les soldats de la Minustah qui ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes. Plusieurs blessés et au moins quatre morts dans le pays.
Haiti : Colère B from Joan Tilouine on Vimeo.
Star de la musique haïtienne, “Micky” déchante car il est écarté du second tour à 6 849 voix près, contrairement aux prévisions des observateurs de l’Union Européenne. La rue s’emporte alors contre cette “élection truquée” et fustige le président sortant René Préval d’avoir trafiqué le scrutin pour “introniser” son candidat et beau-fils Jude Céléstin. 5500 observateurs estampillés "Union Européenne" ont constaté des irrégularités. De nombreux rescapés du tremblement de terre n’ont pu se réinscrire alors que des victimes figuraient toujours sur les listes. Les morts auraient-ils voté ? Pourquoi pas, d’autant plus que des urnes électorales et non funéraires auraient été bourrées…
« Céléstin nous a payés mais on a voté Martelly », criaient les manifestants qui ont saccagé les photos de campagne de Céléstin placardées en grand nombre dans Port-au-Prince. Pour symbole, ils ont brûlé le QG national du parti au pouvoir « Inite » [1]. Le diagnostic sur les fraudes est partagé à demi-mot par l’ONU et les Etats-Unis qui ont émis des doutes sur le respect de la « volonté populaire ».
Mais ces euphémismes n’ont pas calmé les Haïtiens qui ont pris en grippe les instances étrangères, coupables de la violence militaire, voire du choléra. Au Cap Haïtien, dans le nord du pays, les casques bleus de l’ONU ont tiré et ont tué. « Si vous tirez sur nous, on fout le feu » avaient averti les manifestants. Parole tenue, les manifestants ont mis le feu partout dans le pays. Le week-end dernier, le calme est peu à peu revenu dans Port-au-Prince et les habitants en ont profité pour faire le plein de vivres redoutant une « guerre civile ».
Le 16 janvier prochain, date du second tour, Céléstin devrait affronter l’épouse de l’ancien président, Mirlande Manigat.
[1] Parti "Unité" en créole de Préval et Céléstin
"Mais ces euphémismes n’ont pas calmé les Haïtiens qui ont pris en grippe les instances étrangères, coupables de la violence militaire, voire du choléra"
Voilà un article écrit un peu vite. A vous lire, les casques bleus seraient responsables de l’épidémie de choléra.
L’écrit journalistique demande des précautions dans l’usage des modes et des temps ….
A moins que vous croyez vous aussi à cette fable qui a pour seule fondement le racisme des aïtiens à l’égard des soldats népalais.