La demande d’entraide judiciaire envoyée par le procureur Philippe Courroye en Suisse ne concerne ni Liliane Bettencourt ni Eric Woerth…
Le 25 août dernier, le Département fédéral de Justice et Police (DFJP) reçoit une demande d’entraide judiciaire. « Cette demande a été sommairement examinée et elle satisfait aux exigences de forme. Nous l’avons transmise dès le lendemain à l’autorité compétente, à savoir le canton de Genève », précise Folco Galli, porte-parole de l’Office fédéral de la Justice.
De son côté, le juge d’instruction genevois Jean-Bernard Schmid, en charge du dossier, confirme que cette demande d’entraide judiciaire « ne contient pas de volet fiscal ». En clair, le procureur de Nanterre n’enquêterait pas sur les sommes que Liliane Bettencourt aurait pu placer en Suisse, sans les déclarer aux impôts en France. Il n’est pas question non plus d’Eric Woerth, dont l’épouse, Florence, a été au service de l’actionnaire principale de L’Oréal pendant près de trois ans. La curiosité de Philippe Courroye a des limites.
En revanche, Philippe Courroye s’intéresse à l’île d’Arros, aux Seychelles, gérée par une fondation au Liechtenstein, et dont on ne discerne pas véritablement qui en serait le véritable propriétaire. Appartient-elle à Liliane Bettencourt ? À son protégé, le photographe François-Marie Banier ? Ou à d’autres personnes physiques ou morales ?
Des écoutes téléphoniques révèlent que la femme la plus riche de France aurait versé 20 millions d’euros pour l’entretien d’Arros, mais qu’aucune facture ne serait honorée depuis des mois. Quant à François-Marie Banier, il proposerait que Liliane Bettencourt lui rachète l’île qu’elle lui a donnée… « La justice française cherche à savoir s’il y a eu du blanchiment, de l’abus de confiance, de l’escroquerie autour de cette île des Seychelles », commente un proche du dossier à Genève.
Une perquisition a eu lieu le 31 août au cabinet de l’avocat genevois René Merkt, qui s’est occupé en 1997 de l’achat de l’île d’Arros pour 18 millions de dollars au neveu du Shah d’Iran. « Si la vente avait été officielle, Madame Bettencourt n’aurait pas eu besoin d’un avocat suisse », s’amuse René Merkt.
Toutefois, depuis 2006, le dossier de cette île des Seychelles a été transféré à un autre avocat genevois, Edmond Tavernier. Ce dernier ne confirme pas si son étude a été également perquisitionnée.
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