Depuis plusieurs dizaines d’années l’usine à produire le Médiator, l’Isoméride et autres cochonneries est aussi le paradis des barbouzes, d’abord celles du SDECE puis de la DGSE.
Parallèlement à la promotion d’une chimie dosée à coups d’effets secondaires, le laboratoire Servier a toujours été un ami de l’ordre. Depuis plusieurs dizaines d’années l’usine à produire le Médiator, l’Isoméride et autres cochonneries est aussi le paradis des barbouzes, d’abord celles du SDECE puis de la DGSE. On ne compte plus les officiers de haut rang, colonel ou généraux qui ont figurés sur la liste des salariés du laboratoire, comme, par exemple, Bernard Gruet qui fut directeur du renseignement à la « Piscine » avant d’en être débarqué de façon bien rapide.
A Neuilly-sur-Seine, la bonne commune de Nicolas Sarkozy où Servier s’est installé, la boîte à barbouze n’a pas été directement mise en rayon dans les locaux du labo. Discret, l’immeuble où travaillent les espions est à quelques rues des cornues des chercheurs. C’est ici que, pendant des années on a coordonné la guerre industrielle voulue par le patron, Jacques Servier lui-même.
Enquêtes sur un collaborateur à recruter ou sur un salarié déjà en place : d’anciens fonctionnaires espions sont là pour ça. Investigations sur la concurrence et mise en place, s’il le faut, de traquenards qui retardent la marche des affaires : nos anciens sont toujours là pour ça. Si un membre d’un cabinet ministériel, ou d’une commission d’habilitation, se montre (l’imbécile) hésitant à adorer un produit Servier, il n’a pas intérêt à tromper sa femme ou son mari, être un homosexuel caché ou proche d’une secte, sûr que les limiers de Servier vont découvrir le pas beau. Mieux, tels nos amis du KGB qui, naguère, tendaient des filles aux longues jambes en travers du passage des diplomates étrangers, nos barbouzes savent aussi organiser cela avec la vidéo qui va avec. Heureusement que le bon monsieur Servier, si moral, n’a jamais rien appris de tout cela… D’autant qu’une discrète fondation située au Luxembourg permettait de financer tout cela sans laisser trop de traces.
La porosité entre la « Piscine » et le labo était telle que les sous de l’industrie pharmaceutique ont parfois financé (à son insu ?) des opérations de politique étrangère. Cocorico. Un ancien des services se souvient : « On m’a remis un passeport et des documents faisant de moi un chercheur chez Servier, puis je suis parti au Maghreb pour y accomplir une mission qui n’avait rien à voir avec une molécule »…
Comment s’étonner, avec un tel flicage, que des méthodes militaires aient été utilisées pour la gestion du personnel ? En 2000 notre brave CNIL, à la suite d’un contrôle fait au labo de Neuilly, s’inquiétait de l’existence « d’un fichier manuel contenant 50 000 fiches personnelles de candidats au recrutement ». On lit ici des observations comme « issue d’une famille honorablement connue, apolitique et non inféodée à une idéologie quelconque » ou aussi « bien élevée elle est non-politisée ni revendicatrice », candidat « orthodoxe, ne semble pas politisé », n’a « pas d’implications politiques ou syndicales ». Selon Servier, « ne pas être politisé » veut dire voter de droite.
Pour motiver le rejet de candidats, la CNIL a noté des appréciations comme « un peu mémère », « profil pas clair », « difficilement intégrable, taille physique », « immature », « nunuche, mais pas bête », « pas le profil (homosexuel) ». Ce filtre passé, les barbouzes prenaient le relais de l’enquête sur le candidat, afin d’être bien sûr qu’un homo ou un coco ne viennent pas polluer le gentil labo.
Pourtant, comme pour le Médiator, en dépit du coup de gueule de la CNIL, Servier n’a pas été sanctionné. Toujours la chance qui a accompagné la famille du PDG jusque dans sa vie privée. En 2000, alors que la fille du patron a tué son mari à coups de hache, elle n’écope que de cinq ans de prison au motif qu’elle a agit « sous l’emprise de psychotropes ». Une peine légère qui va déclencher un communiqué de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme se félicitant de la prise en compte « du rôle des psychotropes dans le passage à l’acte des meurtriers »… Vous reprendrez bien un peu de Médiator, pour la route.
oh m’sieur Bourget c’est quoi c’taffaire ?
MOi, MONSIEUR je lis La Recherche Decembre 2010 edito L.Ferry et double page avec photo du bon Doc. Servier chaque ligne est à savourer ,entourée d’une légion de seraphin,c’est trop beau. Juste pour Noel, encore merci Docteur !