L’ancien ministre de l’Intérieur, ainsi que Pierre Falcone, Arcadi Gaydamak et Jean-Charles Marchiani ont écopé de prison ferme pour leur rôle dans ce vaste trafic d’armes avec l’Angola dans les années 90.
L’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua, ainsi que Pierre Falcone, Arcadi Gaydamak et Jean-Charles Marchiani ont écopé mardi 27 octobre de prison ferme pour leur rôle dans cette vaste affaire de vente d’armes à l’Angola dans les années 90. Jacques Attali a été relaxé.
Contre Charles Pasqua, absent mardi, le tribunal a prononcé une peine d’un an de prison ferme et deux ans avec sursis et 100.000 euros d’amende pour trafic d’influence.
Pierre Falcone est condamné à 6 ans de prison ferme pour trafic d’influence, commerce d’armes et abus de biens sociaux par le tribunal, qui a suivi les réquisitions du parquet. Il est placé sous mandat de dépôt.
L’homme d’affaires Arcadi Gaydamak, déjà visé par un mandat d’arrêt international et grand absent du procès, a lui aussi été condamné à 6 ans de prison ferme pour commerce d’armes, trafic d’influence et blanchiment.
Jean-Charles Marchiani est condamné à trois ans de prison, dont 21 mois avec sursis pour complicité de trafic d’influence et recel d’abus de biens sociaux.
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Article publié le 6 octobre 2008 :
Une belle affiche pour le procès de l’Angolagate qui s’ouvre, aujourd’hui lundi, au Palais de Justice de Paris : Charles Pasqua, dans le premier rôle, son fidèle Jean Charles Marchiani, le courtier en armes, Pierre Falcone, le milliardaire russo-israélien Arkady Gaydamak, le magistrat devenu député, Georges Fenech, Jean Christophe Mitterrand, fils de François et Jacques Attali, qu’on ne présente plus. Au total, trente huit prévenus, accusés d’avoir favorisé, en 1994, l’exportation illégale d’armes vers l’Angola ! Sur fond de commissions et de prébendes.
Avec une obstination qui confine à l’entêtement, les grands avocats parisiens qui défendent une brochette de personnalités dans l’Angolagate, ont martelé la même antienne. Le pauvre juge Philippe Courroye, qui instruisait l’affaire, a tout faux, il ne connait rien au droit. Ce qui est gênant en effet pour un magistrat devenu, depuis, Procureur de Nanterre, le deuxième parquet de France. Comment accuser Pierre Falcone de trafic d’armes, proclament nos ténors du barreau, le bâtonnier Charrière en tête, alors que les dites armes, venues des pays de l’est pour être acheminées en Angola, n’ont jamais transité par Paris.
Notre illustre ministre de la défense vient de reprendre la thèse de la défense dans une missive, pure intrusion dans le débat judiciare, qui fera date. Et ces fins juristes, abondamment relayés par la presse (Lire le coup de boule, Sus au juge Courroye),de conclure : le dossier ne tient pas, il va s’écrouler à l’audience. Angolagate, titre le Canard, « Une affaire dans un piteux Etat ».
Hélas pour ce beau monde, adepte apparemment du procès de rupture plus que du respect du droit, l’instruction de Philippe Courroye n’a pas mis en examen trente huit, prévenus pour trafic d’armes, mais pour « commerce illicite d’armes et de munitions ». Lequel englobe notamment le courtage. Désuet certes, ce délit a été institué par une ordonnance de 1939. Toute personne désireuse d’acheminer des armes, depuis la France, entre deux pays tiers, doit posséder une autorisation du ministère de la Défense. Sinon, ce courtier risque deux ans de prison.
Pourquoi une telle sévérité ? Avant la dernière guerre, les communistes sont les ennemis publics ; et le gouvernement français de l’époque veut tout faire pour empêcher que des officines militantes tentent, depuis Paris, de faire parvenir des armes soviétiques aux républicains espagnols. Depuis, le monde a changé ! Sauf que la législation n’a pas évolué et que l’exportateur d’armes, Pierre Falcone, était tenu à demander une autorisation. Ce qu’il n’a pas fait. Cet homme d’affaires travaillait à l’époque avec la BNP Paribas ; et son siège social se trouvait dans le magnifique hôtel particulier que jadis, le roi espagnol Alphonse XIII avait fait construire, avenue Kleber, pour sa maitresse et qu’il avait racheté. Paris était bien l’épicentre de ses petites affaires.
Difficile pour Falcone de ne pas organiser ses petites affaires ailleurs qu’en France. Et pas question, pour autant, de demander l’autorisation au ministère de la Défense. Son titulaire à l’époque, François Leotard, est très proche de l’UNITA, le mouvement d’opposition à Dos santos, pour qui Falcone travaille. Pour contourner la difficulté, notre ami Falcone s’est rapproché de Charles Pasqua, sans complexes pour défendre l’ex marxiste Dos Santos. Comme dit Charlie élégamment : « ce ne sont pas les premiers Américains qui ont débarqué en Normandie qui ont baisé les premiers les parisiennes ». Au delà, il fallu à notre ministre d’Etat bien peu de scrupules pour cautionner ainsi une politique étrangère parallèle, sans en référer jamais au gouvernement auquel il appartenait.
Le quai d’Orsay, à l’époque dirigé par Alain Juppé, avait choisi d’interdire toute exportation d’armes vers l’Angola. Pour un homme comme Pasqua qui se gargarise de l’Etat et de la Nation, c’est au moins surprenant !
L’Angolagate est une affaire d’Etat dans la mesure où, pour quelque menue monnaie, un ministre d’Etat, Charles Pasqua, a mené une politique contraire aux intérêts de la France.
L’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel détaille les larcins, les gâteries et autres prébendes du clan Pasqua et de quelques uns de ses compagnons de route. Seuls échappent au tribunal les proches de Dos Santos qui avaient bénéficié de rétro-commissions. Le Parquet de paris a obtenu qu’ils échappent aux poursuites. Un gage donné au pouvoir angolais par un gouvernement légitimement inquiet de voir lui échapper de gros contrats d’or noir, l’Angola étant un paradis pétrolier.
Ainsi, rien de surprenant de voir surgir dans cette affaire un Jean Christophe Mitterrand, fils de François, qui a croisé en Afrique le chemin de Pierre pasqua, le fiston de Charles. Au fil de son enquête, le juge Courroye a soulevé d’autres pierres. Autant de dossiers détachés de l’affaire de l’Angolagate, qui concernent un organisme étatique de commercialisation de matériel de sécurité, la Sofremi, le groupe Alstom ou le casino d’Annemasse ; autant d’affaires, déjà jugées, qui ont déjà clairsemé les rangs des pasquaiens. Jean Charles Marchiani a écopé tout à tout de un et trois ans de prison ferme et est aujourd’hui incarcéré. Pierre Pasqua vient de voir confirmée sa peine de un an ferme par la Cour de cassation. Des ventes d’armes aux commissions sur les casinos, les enquêtes de Philippe Courroye ont mis à jour, entre truculence et magouilles, les frasques de l’ancien vendeur de Ricard et de ses amis.
Fondateur du Sac, Charlie a toujours opéré à l’ombre de l’Etat, ce qui lui a donné longtemps un sentiment d’immunité. Lequel a été renforcé par la lenteur avec laquelle la Cour de Justice s’est saisie des trois dossiers des casinos, d’Alstom et de la Sofremi, où il avait agi comme ministre de l’Intérieur. Disons que le procès qui s’engage aujourd’hui, avec force publicité, devant le tribunal de Paris risque de ramener le Sénateur des Hauts de Seine à la réalité sonnante et trébuchante de ses engagements républicains…
Qui pourrais m’expliquer comment Pasqua, condamné, peut-il être encore en liberté et accorder des interviews ?
C’est quoi cette justice ? Même si l’on fait appel, on ne relâche jamais le coupable ? Ou alors (je n’y connais rien) es ce que tout les coupables, de meurtre, de viol, de trafic de drogues, trafic d’armes, trafic d’influences…peuvent faire appel et être relâchés dans la nature ?
Par avance merci de m’expliquer le procédure magique ! Je ne suis pas allé loin à l’école et je n’ai jamais appris le droit et tous les journaux parlent chinois pour les néophytes de mon espèce !!!