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Drogue et crime, la croisade Costa

Experts / mercredi 28 avril 2010 par Woodward et Newton
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Le rapport annuel de l’agence des Nations Unies contre les drogues et le crime fait froid dans le dos. Son patron Antonio Mario Costa constate que l’Afrique occidentale devient un "paradis pour le crime organisé".

Le rapport annuel 2010 de l’UNODC (en français, l’Office des Nations Unies contre les drogues et le Crime), est franchement déprimant.

Son patron, Antonio Mario Costa n’a jamais manifesté une propension très marquée pour la langue de bois. Fidèle à lui-même, il n’y va pas de main morte dans la présentation de l’ouvrage de 74 pages sobrement titré « Pour la promotion de la santé, la sécurité et la justice – contre la drogue, le crime et le terrorisme ».

Son message va droit au but : alors que les gouvernements ont dépensé des milliards de dollars en 2009 pour remettre à flot les banques responsables de la crise financière mondiale, le programme de lutte de l’agence onusienne contre les drogues, le crime et le terrorisme peine à réunir les ressources nécessaires à sa mission.

Un constat d’autant plus amer que, dans le même temps, « tirant avantage des progrès de la technologie, des systèmes de communication et de transport, des réseaux autonomes de criminels ou d’insurgés, tissent des liens de coopération avec des groupes internationaux de la grande criminalité. Les réseaux criminels ainsi intégrés se livrent au trafic de drogue et d’êtres humains, à la contrebande d’armes et de ressources naturelles, à la contrefaçon, le tout au niveau mondial et au bénéfice de criminels, d’insurgés et de fonctionnaires corrompus…  »

On ne sait si le tableau apocalyptique dressé par les experts de l’ONU est destiné à susciter de généreuses promesses de dons ou bien s’il correspond à la réalité ; si tel est le cas, ça fait froid dans le dos : « Les trafiquants disposent de ressources bien supérieures à celles des états dans les zones de transit vulnérables et déshéritées telles les Andes, l’Amérique Centrale, la Caraïbe, l’Afrique occidentale, les Balkans et l’Asie centrale  ».

Pompe Afrique

Le rapport consacre de longs développements à l’Afrique de l’Ouest où des fonds d’origine douteuse s’investissent massivement depuis 3 ou 4 ans dans une zone présentant toutes les caractéristiques d’un « paradis pour la criminalité organisée  » : une position géographique stratégique, des frontières poreuses, une gouvernance publique et privée minée par la corruption et une pauvreté chronique des populations ; tous les ingrédients sont donc réunis pour y développer l’importation de médicaments contrefaits et de déchets toxiques.

Dans l’autre sens, prospère l’exportation illégale de ressources naturelles en particulier du pétrole, et d’êtres humains, soit aux fins de main-d’œuvre forcée (18%), soit pour l’exploitation sexuelle (79%). Sans parler du trafic d’organes qui semble exploser. A quand l’apparition des premiers esclaves, exploités sexuellement et donneurs d’organes bénévoles… ?

Piraterie - JPG - 37 ko
Piraterie
Dessin d’Oliv’

Les experts sont unanimes : la région est devenue le centre de gravité du trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe. Les premières saisies de jets privés au moyen desquels sont transportées armes et drogue, ont été effectuées en 2009. Par ailleurs, le rapport rappelle que près de 420 millions de containers maritimes circulent chaque année autour du globe, représentant 90% du commerce international. Seuls 2% d’entre eux sont inspectés, ouvrant des boulevards aux syndicats du crime et aux organisations terroristes.

Les fonctionnaires Onusiens ont manifestement une petite faiblesse pour la Somalie qu’ils regardent « grandir  » d’année en année. C’est l’absence de structure gouvernementale stable depuis 1991 qui, selon eux, est directement responsable de la progression vertigineuse de la piraterie maritime dans la zone de la corne de l’Afrique : il y a peu, affirment-ils, les pirates s’attaquaient aux bateaux de pêche. Aujourd’hui, équipés d’armes automatiques et de lanceurs de grenades, ils arraisonnent tankers, cargos et navires de croisière ; en moyenne chaque opération leur rapporte 1 million de dollars…

Appel aux dons

Et les millions de dollars, c’est ce qui manquent le plus à l’Agence qui boucle son budget à raison de 90% par les contributions volontaires des états (voir encadré)

Clic : envoyez des sous !

« Clairement, le modèle de financement du UNODC n’est pas viable et nécessite une action puissante de la part de nos instances de direction. Ce sont les états-membres qui doivent prendre le problème en charge ; à défaut, les modestes allocations budgétaires conjuguées à une réduction drastique du financement des programmes généraux et à une baisse prévisionnelle des programmes spécifiques du fait de circonstances économiques et financières défavorables, auront des conséquences sévères sur l’aptitude du UNODC à exécuter efficacement son mandat, à atteindre ses objectifs, à promouvoir des politiques audacieuses et à préserver notre actif le plus précieux : l’expertise et le savoir que nous fournissons au monde…  ».

En 2009, la France s’est royalement fendu de 3,6 millions de dollars en faveur des croisades Costa ; à peu près l’équivalent de la Libye (3,5 millions) et de la Finlande (3,1 millions). Contre 8,2 millions pour la Norvège, 13,5 millions pour l’Allemagne, 12,6 millions pour les Pays-Bas, 15,3 millions pour la Suède et 41,7 millions pour la Colombie ! C’est vrai qu’elle a beaucoup à se faire pardonner…

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A lire sur Bakchich.info :

Le rapport "Octa 2009" contient l’actualisation des connaissances policières sur le crime organisé et les menaces qu’il représente pour l’Union Européenne. Instructif.
Vous aimez le site web Bakchich ? Découvrez encore plus d’infos dans Bakchich Hebdo, 16 pages 100% inédites chaque semaine.
Voir en ligne : Le rapport intégral sur le site de l’UNODC (pdf en anglais, 74 p)

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2 MESSAGES

Forum

  • Sortir de la prohibition
    le vendredi 30 avril 2010 à 22:57, Nitroglycerin a dit :

    La stratégie répressive ne fonctionne pas, la prohibition de la drogue conduit à l’apparition d’un marché noir, donc de violence et de prix très élevés qui rendent les trafiquants richissimes et surpuissants.

    Il serait bien plus sensé d’adopter une stratégie de dépénalisation. Le commerce du cannabis pourrait être laissé au marché (avec le même genre de régulation que le tabac et l’alcool : pas de publicité, etc…). Pour les drogues "dures", l’Etat devrait prendre en charge la production ; les personnes dépendantes pourraient ensuite aller chez un médeçin se faire déclarer toxicomane et aller dans un hôpital acheter leur dose et se l’administrer de façon encadrée (ce qui constitue une étape importante vers la resocialisation). Ils auraient, quand ils se sentent prêts à s’arrêter, accès à une véritable désintoxication.

    Les mafias seraient rapidement ruinées par cette "concurrence", car la drogue des hôpitaux serait beaucoup moins chère que la leur, dont le prix élevé est lié à son illégalité. Les toxicomanes se mettraient moins en danger (seringues propres, drogue de bonne qualité) et n’enrichiraient plus des groupes criminels ; ils seraient également moins enclins à commettre des crimes pour payer leur dose, devenue moins chère. Cela coûterait beaucoup moins cher et serait beaucoup plus efficaces que les "saisies spectacles" qui interceptent moins de 1% de la production. Le processus de production de la drogue ne serait pas le désastre social et écologique qu’il est maintenant.

    Le Royaume Uni a pratiqué cette politique des années 1920 à 1960, pour l’héroïne ; les héroïnomanes étaient alors peu nombreux (moins d’un millier). A partir de 1967 et du passage à la prohibition, leur nombre a augmenté énormément. L’UNODC devrait peut être y réfléchir.

  • Drogue et crime, la croisade Costa
    le mercredi 28 avril 2010 à 06:55, Phil2922 a dit :
    La crise étant mondiale, les trafiquants sont de plus en plus équipés pour étendre leurs traffics de drogue, leurs crimes et attaquer des yachts où des nantis se trouvent, étant, eux, épargnés par des soucis de manque d’argent, maintenant attaqués. A la place de Nicolas et Carla, j’éviterais de faire une grande coisière sur un yacht à Bolloré, à moins se faire accompagner par l’armada du GIGN… !!
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