Patron des Renseignements généraux (RG) sous le règne de cinq ministres de l’Intérieur, Yves Bertrand n’avait pas son pareil pour accueillir ses amis journalistes.
Autour d’un bon whisky ou d’un café, c’était selon, dans le vaste bureau où il trônait, au quatrième étage de la rue des Saussaies. Ce « grand » flic chiraquien, plus proche du sergent Garcia que de Talleyrand, se livrait à quelques confidences salaces avant de montrer au visiteur de passage les fameux « blancs » des RG.
Durant l’année 2001, j’ai souvent été reçu par le patron des RG, alors que je préparais le livre La Maison Pasqua.
La volonté de Charles Pasqua de se présenter à la présidentielle de 2002 gênait Chirac dans ses ambitions ; Yves Bertrand, fidèle entre les fidèles de l’ex-Président, se montrait très coopératif, lorsqu’il s’agissait de dénoncer les turpitudes des amis corses de l’ancien ministre de l’Intérieur. Même truffées d’inexactitudes, les fiches donnaient quelques solides pistes d’enquête. Mais Yves Bertrand tenta de m’enfler plusieurs fois, notamment en 2002, dans l’affaire d’AZF. Il lui fallait à tout prix conforter la thèse d’un attentat terroriste qui pouvait être utilisée par Chirac contre Lionel Jospin, alors Premier ministre. Sur place, le procureur s’y opposait ? Eh bien, Yves Bertrand m’expliqua, sans la moindre preuve, que le magistrat s’était livré, dans le passé, à de graves turpitudes. Après mon refus de relayer ces rumeurs, Yves Bertrand se fit plus rare…
Lire ou relire sur Bakchich.info :