Le 5 août 2010, Le Monde offrait deux tiers de page au célèbre philosophe et romanquêteur Bernard-Henri Lévy. Un texte anti-Sarkozy ? Ou un engagement bien choisi ?
Pourquoi BHL ne figure-t-il pas parmi les « géants de la pensée » du dernier numéro du Nouvel Observateur ? Est-ce un oubli : l’auteur serait-il trop subversif pour l’hebdo de la gauche caviar ? Ou alors serait-il devenu trop ouvertement anti-sarkoziste pour Denis Olivennes, le directeur du Nouvel Obs ?
Le 5 août 2010, Le Monde offrait deux tiers de page à BHL. L’analyse de ce brûlot estival, intitulé : « Les trois erreurs de Nicolas Sarkozy », permet de trancher cette question qui suscite de violentes polémiques sur tous les campings, de Berck à Palavas-les-flots.
Devant ce texte remarquable, on comprend vite qu’il s’agit d’un oubli. BHL, en effet, continue là l’engagement des plus grands, de Zola à Philippe Val. A propos des Rroms et des gens du voyage, il écrit : « Quant aux intéressés, quant aux honnêtes gens (puisque c’est, semble-t-il, le mot du jour) qui vivent dans une précarité honnête ou une opulence fiscalisée leur culture nomadisée… ». Voilà qui a le mérite de la clarté, et tous les Rroms s’y reconnaîtront. Mais le chantre de Jean-Baptiste Botul ne s’arrête pas là. « On peut discuter, en d’autres termes, des conditions qui permettent d’accéder à l’être-Français ; on peut les multiplier, les affiner, les durcir, les solenniser », s’emballe le philosophe le plus entarté de France, non sans panache.
Voilà pour la forme. Quant au fond, c’est une charge radicale contre Nicolas Sarkozy, dans laquelle BHL retrouve le grand souffle de la dissidence, des Chalamov et des Sakharov de sa jeunesse anti-totalitaire.
Bien sûr, les ennemis tenaces du philosophe ne manqueront pas de voir là un texte qui sert le chef de l’Etat plus qu’il ne le dessert.
Pour ces esprits chafouins, Nicolas Sarkozy, empêtré dans l’affaire Bettencourt, a organisé un contre feu en stigmatisant les gens du voyage dans le style de son maître, Jean-Marie Le Pen. Des outrances qui ont, en effet, entraîné une efficace diversion médiatique. Eric (Woerth) et Liliane (Bettencourt) ont pu souffler quelques heures.
Les spécialistes de tout poils, constitutionnalistes patentés, historiens homologués et autres experts médiatiques, ont occupé les médias et prévenu un pouvoir qui ne pouvait pas l’ignorer, que la mise en œuvre de ces propositions alibis n’avait aucune chance de recevoir un avis favorable du Conseil d’Etat. Et qu’elles risquaient de se faire retoquer par le Conseil Constitutionnel. Le débat a fait long feu. BHL aurait-il essayé de le relancer ? On notera en tout cas, que notre richissime philosophe n’a pas manifesté trop d’indignation dans les affaires mettant en cause le brave soldat Woerth, si compréhensif avec le contribuable.
Mais au fonds, Nicolas Sarkozy peut poursuivre ses paisibles vacances au Cap Nègre. Pour finir, le philosophe nuance son admonestation. Ces trois erreurs ne sont qu’un dérapage passager, ce n’est qu’une panne de vertu, qui se limite à « ces jours-ci ». Ce n’est qu’un petit reproche entre amis.
Entre géants, on se comprend.
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BHL, comme Philippe Val, est devenu un valet bling-bling du ventilo. Il n’est jamais intervenu sur l’afaire Woerth- Bettencourt que Sarko, avec son discours sécuritaire, a voulu enterrer, mais dès la rentrée la procédure judiciare va reprendre avec, cette fois, un juge d’instruction pour contrer Courroye…
Je préfère l’éclair de pensée de Rocard (Tous les vieux en ont un avant de mourir..) qui "indigné" a traité les propos sécuritaires du ventilo équivalents à ceux du gouvernement de Vichy de 1940 et à ceux des Nazis… !!