"Votre mission, si vous l’acceptez, consistera à faire reluire l’innocence de l’ex-préfet Jean-Charles Marchiani, condamné à quinze mois de prison…"
Bien marri du verdict rendu dans l’affaire de l’Angolagate, Jean-Charles Marchiani, qui a écopé de quinze mois de prison ferme, agite ses amis de la presse. Mission : faire reluire son innocence.
Paris-Match se met donc en route début décembre pour démontrer que c’est bien le duo Marchiani-Gaydamak qui a fait libérer les deux pilotes français abattus en vol et capturés en Yougoslavie en 1995. Une vérité qui, pensent ces optimistes, pourrait atténuer leur statut. Hélas pour eux, jusqu’au creux du tombeau de Lénine, Bakchich a son œil à Moscou.
Premier accroc, au lieu d’être reçus comme promis par des officiers du FSB (ex-KGB), les reporters se retrouvent chez Arcadi Gaydamak, aujourd’hui en cavale, condamné à six ans de prison dans l’Angolagate. « Révélation » d’Arcadi : « je suis innocent ». Pas de quoi en faire un article.
Les excellents professionnels de Match tentent quand même de croiser l’homme qui a vu l’homme qui a vu le FSB, l’ex-KGB. Ils discutent enfin avec le colonel Vladimir Zorin. Coup de pot, Zorin sait tout de tout. Sauf le rôle joué dans la ténébreuse histoire par Borislav Milosevic, le frère de Slobodan et représentant de la Yougoslavie auprès du Kremlin en 1995.
Autre trou de mémoire, l’article de Match n’évoque pas les deux millions de francs qui sont alors passés entre les mains du FSB. Ces gros sous, Zorin en parle pourtant souvent, avec des regrets dans la voix…
Restés sur leur soif, ce qui est rare à Moscou, les reporters de Paris-Match tentent de verrouiller leur sujet. Il faudrait questionner aussi Vladimir Koulich, Mikhaïl Barsoukov, tous deux du FSB. Ou encore Evgueni Primakov, ex-numéro deux du FSB ancien ministre des Affaires étrangères et ex-Premier ministre…
Mince, c’est déjà l’heure de rentrer à Paris. Juré, Marchiani et Gaydamak sont les nouveaux Calas d’une injustice d’État, et Paris-Match est leur Voltaire. En période de crise, ces pages de gloire sur des taulards coûtent des sous au groupe Lagardère. Déjà, quinze jours plus tôt dans le JDD, Gaydamak avait fait entendre le cri de l’innocent dans un entretien « à décharge » conduit par le journaliste Laurent Valdiguié. Qui, en dépit d’une rigoureuse enquête, évoquait « deux avions tombés en Yougoslavie ». Alors que les pilotes sont tombés d’un seul et unique appareil. Ah, l’investigation…
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