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Tunisie, Hamma Hammami enlevé par les flics de Ben Ali

Révolte / mercredi 12 janvier par Nicolas Beau
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En Tunisie, le ministre de l’Intérieur a été démissionné et l’armée appelée en renfort. Un des rares opposants historiques, Hamma Hammami, a été enlevé mercredi matin à son domicile.

Face à la mobilisation de la rue qui se poursuit dans tout le pays, le président tunisien Ben Ali donne l’impression d’être totalement désemparé. Lundi, le chef de l’Etat tunisien promettait 300.000 emplois à la jeunesse tunisienne- soit, rapporté à la population française, un chiffre totalement aberrant de deux millions d’emplois. Seul l’autisme du pouvoir tunisien, habitué à manier une propagande aussi brutale que sommaire, peut imaginer qu’il s’agit là d’un effet d’annonce susceptible de convaincre la société tunisienne totalement révoltée par la corruption du clan présidentiel.

Ce mercredi matin, le pouvoir semble, plus que jamais, perdre la main. Un des dirigeants historiques de l’opposition, Hamma Hammami, leader du petit Parti communiste des ouvriers de Tunisie (interdit par le pouvoir) et époux de la célèbre et courageuse avocate, Radhia Nasraoui, a été enlevé à son domicile par la police politique de Ben Ali. Depuis, sa famille est sans nouvelles. Espérons que le gouvernement français, dont plusieurs membres ont pris la défense, toute honte bue, du pouvoir tunisien, tentera une démarche auprès de ses amis tunisiens. Pour l’instant, la France que l’on a vue très en pointe sur le dossier ivoirien au nom des grands principes, est beaucoup plus tiède face aux événements tunisiens, alors que la police tire à balles réelles sur les manifestants.

Dernier signe du désarroi du pouvoir à Tunis, Ben Ali qui, dans une première vie, fut général avant d’être ministre de l’Intérieur puis chef de l’Etat, a fait appel à l’armée pour rétablir le calme. Mal connue et tout aussi secrète que son homologue en Algérie, l’armée tunisienne passe, pour les connaisseurs du régime actuel, comme très peu favorable au clan présidentiel. Les contacts se sont multipliés, ces derniers mois, avec les diplomates américains, très hostiles désormais au président Ben Ali dont l’entourage était qualifié, dans un télégramme diplomatique révélé par Wikileaks, de "quasi mafieux". Excusez du peu.

Il faut vraiment que Ben Ali, malgré le soutien de ses amis français, soit bien désemparé pour faire appel aux gradés tunisiens. Prudent, l’hôte du Palais de Carthage a exigé la démission du chef d’état-major de l’armée de terre, hostile à une intervention contre les manifestants ; Autant dire que le pouvoir tunisien est condamné aujourd’hui à parier sur la loyauté d’une armée qui ne l’aime guère. Et pour cause, un étrange accident d’avion, voici une dizaine d’années, provoquait la mort de tout l’état-major, une sorte de purge qui a laissé de mauvais souvenirs.

Face à la tragédie vécue par les démocrates à Tunis, il est difficile de ne pas revenir sur les étranges revirements de certains à Paris qui, hier, soutenaient le régime et qui aujourd’hui se font les chantres de l’opposition. Ainsi l’ancien bâtonnier Christian Charrière Bournazel, l’avocat d’El Taief, le meilleur ami de Ben Ali dans les années 90 surnommé "le vice-Roi", prétend aujourd’hui organiser la solidarité des avocats français avec leurs collègues tunisiens.

Clic : trois semaines de révolte

Un vent de révolte politique et sociale souffle sur la Tunisie depuis le 17 décembre, après l’immolation par le feu d’un jeune Tunisien de 26 ans, Mohamed Bouazizi. Ce vendeur ambulant venait de se faire saisir sa marchandise, et sa mort a déclenché des émeutes sans précédent. Quatre autres suicides, dont celui d’un chômeur diplômé, se sont produits depuis, le dernier lundi soir dans la région de Sidi Bouzid.

Dans le centre-ouest du pays, à Kasserine (290 km au sud de Tunis) où des émeutes ont lieu depuis samedi, le bilan s’alourdit chaque jour. Le gouvernement a annoncé quatre tués par balles parmi les manifestants, et huit blessés dans les rangs de la police lors d’affrontements survenus lundi. Ce qui porte officiellement à 18 le nombre total de tués par balles. Mais selon la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme, on déplorerait au moins 35 morts. "C’est le chaos à Kasserine après une nuit de violences, de tirs de snipers, pillages et vols de commerces et de domiciles par des effectifs de police en civil qui se sont ensuite retirés", a indiqué Sadok Mahmoudi, membre de l’union régionale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).

Au cours d’une allocution télévisée lundi soir, le président tunisien Ben Ali a annoncé plusieurs mesures afin de répondre à la colère des jeunes diplômés au chômage. Notamment la création de 300.000 emplois d’ici à 2012. Le président a également promis que 50.000 diplômés seraient engagés dans le secteur privé. Mais de l’avis de la majorité des observateurs, ces annonces arrivent "trop tard"

La violence de la répression témoigne que le régime du président tunisien se sent pour la première fois menacé. "Il y a un avant et un après-Sidi Bouzid", a souligné Ahmed Nejid Chebbi, figure historique de l’opposition tunisienne. - C.D.

Un système de pouvoir sclérosé est en train de voler en éclats. Bakchich en avait amplement décrit les rouages :

Il n’y a pas de petite arnaque : Chez les Trabelsi, et même chez la première du clan, mettre la main à la poche est un exercice qui ressemble aux légendaires Travaux d’Hercule.
Le régime tunisien se prépare activement à la succession du président Ben Ali. Malade, transporté d’urgence à l’étranger la semaine dernière, les choses semblent s’accélérer.
La Tunisie a annulé à la dernière minute la visite du roi d’Espagne au pays du jasmin. Le président à vie Ben Ali souffre de la grippe A.
Une présidentielle se tenait en Tunisie dimanche. Le résultat est couru d’avance tant le général Ben Ali a pris l’habitude de se faire élire avec des scores à plus de 90%. Découvrez les vrais acteurs de la politique (…)
A l’approche de la présidentielle tunisienne du 25 octobre, le président Ben Ali ne prend même plus de gants avec les opposants politiques.
Voilà un livre qui ne manquera pas de faire couiner le régime du président tunisien Ben Ali et son épouse, Leila Trabelsi : « La régente de Carthage, main basse sur la Tunisie ». Bonnes feuilles en (…)

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Forum

  • Tunisie, Hamma Hammami enlevé par les flics de Ben Ali
    le dimanche 16 janvier à 05:38, Cestac a dit :

    Avec la disparition annoncée du site Bakchich, c’est un sacré mauvais coup qui nous est fait à nous internautes, c’est même terrible. Ce que j’ai lu plus haut sur la Tunisie, je ne l’ai lu nulle part ailleurs, avec Bakchich on était toujours certains d’apprendre de vraies infos, pas du vide comme sur la plupart des sites ! J’enrage de voir ce site cesser de nous informer bientôt .

    J’ai eu une idée il y a quelques mois, idée qu’a déjà eue Rue89, demander aux internautes de payer avec leur mobile les sujets qu’ils ont aimés. Comme beaucoup j’ai du crédit sur mon mobile et j’aurais été ravie de le dépenser pour un site que j’adore venir consulter pratiquement tous les jours .

    Hélas, cela semble être trop tard mais qui sait, dans un avenir prôche Bakchich pourrait peut-être renaître de ses cendres , non ?

  • Tunisie, Hamma Hammami enlevé par les flics de Ben Ali
    le vendredi 14 janvier à 17:01

    Tout feu, toute femme Carthage s’embrase puis s’embrasse…

    La Tunisie, qu’on se le dise ou non, a été toujours gouvernée par des femmes, sous le sceau du secret, derrière un voile ou sur l’oreiller… Dans ce pays à feu et à sang, y a plus que des femmes et des infâmes au pouvoir, craignant tous et toutes la soudaine apparition d’un moujahid, d’un guide ou d’un caïd pour éteindre le feu des âmes en flammes.

    http://www.tueursnet.com/2011/01/tout-feu-toute-femme/

  • Tunisie, quand les tunisiens s’organisent déjà pour l’après Ben Ali.
    le jeudi 13 janvier à 17:17, Tomarchimed a dit :

    Lettre ouverte à retrouver aussi sur facebook : http://www.facebook.com/# !/home.php ?sk=group_135723753155761&notif_t=group_activity

    Monsieur le Président de la République, Zine el-Abidine Ben Ali

    Nous venons par la présente nous en remettre à votre bon sens, pour l’intérêt supérieur du pays.

    Cela fait maintenant un peu plus de 23 ans que vous êtes président de la Tunisie ; depuis 1987.

    Cela fait maintenant un peu plus de 23 ans que vous avez succédé à Habib Bourguiba.

    Cela …fait maintenant un peu plus de 23 ans que vous contribuez à l’ascension économique de la Tunisie.

    Cela fait maintenant un peu plus de 23 ans que vous luttez contre l’intégrisme dans notre pays.

    Cela fait maintenant un peu plus de 23 ans que nous sommes privés de libertés.

    Nous nous permettons, Monsieur le Président, de vous faire parvenir cette lettre, menés par le vif espoir de désamorcer la profonde crise sociale que subit notre pays, prémisse malheureuse de la guerre civile qui se profile

    Monsieur le Président, nous avons grandi à vos côtés, nous permettant de devenir les Femmes et les Hommes d’un pays que nous aimons, d’un pays que nous porterons jusqu’au bout.

    Lors de votre accession au pouvoir en novembre 1987 vous aviez promis un changement réel et profond, en étant le père, l’ami, le guide dans la construction d’une Tunisie plus dynamique, plus jeune, plus à même de prétendre au statut de pays émergent et de poser une réelle crédibilité économique.

    Cependant, ce souhait d’hégémonie nationale s’est rapidement recroquevillé sur une poignée de privilégiés, délaissant dans sa frénésie le droit d’un peuple à disposer de ses libertés.

    Aujourd’hui, la frustration générée par l’étranglement subi durant 23 années hurle son agonie dans les rues, les cris d’une détresse commune, les cris d’enfants à leur père.

    Le fait que des jeunes se suicident par désespoir, ne vous alerte t-il pas ?

    Monsieur le Président, vous avez été le père de la Tunisie et nous sommes certains que votre souhait le plus profond est que la Tunisie puisse enfin voler de ses propres ailes. Nous écrivons ensemble le livre de notre pays, s’il vous plait, faites en sorte que ce chapitre ne se termine pas mal, la répression n’est pas une solution, la libération annoncée des manifestants prisonniers est une bonne nouvelle, mais ceci ne suffit pas. Les morts ne reviendront pas.

    Le souhait de tous les tunisiens est de vivre en paix et en liberté. Nous vous demandons de libérer tous les prisonniers politiques. Nous vous demandons de bien vouloir appliquer la liberté d’expression à travers une presse libre et hors de tout contrôle politique. Nous vous demandons enfin de bien vouloir engager une réforme constitutionnelle répondant aux besoins de démocratie du peuple Tunisien.

    Nous sommes certains que votre passion pour l’Histoire et l’armée saura vous montrer la voie. César ou Napoléon ou Ceaucescu n’ont pas fini comme ils l’imaginaient. Prenez en bonne note !

    Vive la République ! Vive la Tunisie !

  • Tunisie, Hamma Hammami enlevé par les flics de Ben Ali
    le jeudi 13 janvier à 10:37, patrick a dit :

    Bonjour, les journalistes de la télévision française demandent à l’ambassadeur tunisien de Paris ce qu’est ce pouvoir qui fait tirer sa police sur son peuple. Ok ! Je vous rappelle ce qu’a dit le général responsable de l’armée française devant un parterre de polytechniciens, propos divulgués en son temps dans le canard enchainé avant que ne soit aboli le service militaire : il nous faut absolument une armée de métier car le jour venu elle n’aura pas d’état d’âme pour tirer dans la foule.

    C’est l’unique raison de notre armée d’engagés.

    Et pourquoi croyez vous tous ces stades de foot inoccupés sur les périphéries des grandes villes ? Le vel d’hiv vous rappelle-t-il quelque chose ?

    Ce qui a failli arriver au français en 68 si de gaule n’avait pas choisi la fuite mais autorisé l’opération stade…

    Je suis curieux de voir ce qui va se passer en france d’ici quelque temps…..

  • C’est cuit pour le PDG
    le jeudi 13 janvier à 10:01, 100 % Démocrate a dit :

    Le Président Dictateur Général est cuit. Cette fois ci les tunisiennes et les tunisiens ont décidé de se débarrasser de ce mafieux assassin et de sa clique. Il parait que ses filles et leur mari sont au Canada. De toute façon même si il réussi à se maintenir au pouvoir ce ne sera plus comme avant. Honte à la classe politique française dont une des réponses à la légitime révolte des Tunisiennes et des Tunisiens a été de dire qu’il pouvait mettre au service de la police tunisienne le savoir faire de la police française en matière de répression. Reste une inconnue : les islamistes qui malgré tout restent puissants en Tunisie. Une chose est sur, il n’est pas question qu’après ben ali la Tunisie soit sous la coupe des barbus ou de l’armée.

    A BAS BEN ALI, A BAS LES DICTATURES, VIVE LA LIBERTE, VIVE LA DEMOCRATIE.

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