Entre le n°1, Yves Bonnet, et son bras droit, Raymond Nart, les avis ont plus que divergé sur le milliardaire Arkadi Gaydamak. Usurparteur pour l’un, soldat de la France pour l’autre qui a témoigné hier, au procès de l’Angolagate…
Ces derniers temps, rien ne sourit à Arcadi, le virevoltant homme d’affaires franco-russo-israélien. Le club de foot de son fils Alexandre, Portsmouth, en Premier League anglaise, est quasiment en faillite. Gaydamak, lui, menace de vendre le club du Betar Jérusalem, en D1 israélienne ; s’est pris un sacré gadin dans la tentative de prendre la mairie de Jérusalem des voix et se voit poursuivi sur place pour blanchiment et évasion fiscale… impossible désormais de le joindre du côté la mer morte. La rumeur le renvoie vers la mère patrie, la Russie, ou le plus exotique Dubaï. Quant à la France, s’y tient actuellement le procès pour trafic d’armes présumé dit Angolagate, dont il est l’un des principaux prévenus.
Bref le petit Arcadi n’est prophète en aucun de ses pays, même d’adoption. Mais garde une certaine dent contre la France, la douce patrie des droits de l’homme. Sans doute parce qu’elle n’a pas toujours été si mauvaise fille avec lui.
Libérateur officiel des otages en Bosnie en 1995, compagnon de chambrée de Falcone, Gaydamak s’est même vu épinglé sur le plastron l’ordre du Mérite par le préfet Jean-Charles « Boum-Boum » Marchiani. Charmante attention. Doublée des papouilles de la Direction de surveillance du Territoire (DST). Enfin surtout de son numéro 2 de l’époque, Raymond Nart.
Las, l’Angolagate et l’instruction du juge Courroye est passée par là. « Une machination totale », et à « charge » selon le malheureux magnat et ses avocats, assortie d’un mandat d’arrêt international.
Pour appuyer leurs dires, la jolie bande s’appuie sur une note de la DST datée de 1998 qui a disparu du dossier. Le document expliquait que, oui-da, c’est bel et bien grâce à Marchiani et Gaydamak que les pilotes français capturés en Bosnie étaient libérés. Bref, qu’il était quasi-indécent de poursuivre ces amoureux et fervents serviteurs de la France.
Une disparition très étonnante certes. Mais pas autant que les divergences entre le patron de la DST de l’époque, Yves Bonnet, et son n°2 Nart.
Selon Bonnet, Marchiani et Gaydamak ont mangé la laine sur le dos du général Gallois, vrai libérateur des otages français de Bosnie. Le blanc Bonnet se fendra même d’une lettre à Jacques Chirac en ce sens.
Nart de son côté, après un passage réussi au privé, rédigera à l’attention du juge une « attestation de moralité » à l’ami Arcadi, reproduite ci-dessous. Et dans laquelle il encense, « son parfait loyalisme vis-à-vis des institutions françaises ainsi que des nombreux services rendus à la France, reconnus par les plus hautes autorités ». En contradiction donc, avec les remarques de son supérieur d’alors…
Pas si mauvais bougre et à charge, le juge Courroye, devenu depuis procureur de la République, et qui est appelé aujourd’hui à la barre des témoins, a bien versé ladite lettre au dossier.
« La défense de Gaydamak et compagnie est ridicule », piaffe un avocat partie prenante du dossier. « Entre la convocation de Courroye et l’arrivée des carnets d’Yves Bertrand (ex patron des RG), ils essaient de noyer le poisson ». Heureusement que Bakchich est là pour leur faire du bouche-à-bouche…
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