Communion et communication. Le prêche UMP à Seignosse a tout fait pour maintenir l’union à droite. Palmarès ministériel des vainqueurs aux déchus du rouleau compresseur à images.
La tournée des grands ducs de l’UMP s’est achevée ce dimanche à Seignosse dans les Landes après deux mois de pérégrinations des hype-pop’ à vendre tongs et capotes à l’effigie du parti de Sarkozy. Bakchich était sur la ligne d’arrivée.
Il y a ceux qui n’ont pas pu profiter de l’odeur enivrante des pins des Landes. Frédéric Lefebvre le premier, victime d’un faux remaniement ministériel. Bernard Laporte ensuite, trop pressé de crier sur les toits de l’Aquitaine être la deuxième tête de liste de l’UMP derrière Xavier Darcos dans la région Sud-Ouest. Fadela Amara encore occupée à pleurer le cadavre fumant du plan banlieues. Christine Boutin, Frédéric Nihous et Philippe De Villiers confinés aux succursales des régionales. Gaudin et Balkany « en rondes de nuits à Marseille » et Levallois aux dires d’un organisateur.
A la traîne à Seignosse, Roger Karoutchi et Yves Jégo sont en pleine fringale politique. Le Corse de l’UMP a été éjecté de son maroquin de secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement en juin dernier. Et a perdu le combat de la tête de liste en Ile-de-France au profit de la versaillaise Valérie Pécresse. Un dialogue dans les jardins a été improvisé avec quelques militants de la fédération parisienne loin de l’effervescence des ateliers. Avant de se consoler au bar avec le père Jégo, déchu du ministère de l’Outre-Mer, qui en promenade persiflait sur le sort du « Premier ministre carbonisé ».
Alain Juppé, logé à quelques kilomètres dans sa villa d’Hossegor gardée par une section de gendarmerie 24h/24, a pris pendant quelques heures le soleil landais. Le promu Président de la Commission en charge du Grand Emprunt national a suivi debout l’atelier thématique sur la sécurité de Brice Hortefeux avant de poser avec quelques militants et reprendre illico le chemin du lac. Discret également Martin Hirsch, le Haut Commissaire à la Jeunesse a du subir l’épreuve humiliante de voir la salle se vider lors de son débat sur « le plan jeune » samedi obligeant Benjamin Lancar, président des Jeunes Pop’, a battre le rappel : « s’il-vous-plaît restez dans la plénière, revenez, ils méritent notre attention ». Passer après Copé, Woerth et Besson n’a apparemment pas que du bon…
En passage éclair également, Roselyne Bachelot qui a interdit les open-bar a du trinquer au jus d’orange au mot d’ordre que « les fermetures d’écoles resteront exceptionnelles » pour les cas de grippe A. Loin de ses sorties médiatiques, la ministre de la Santé s’est fondue dans la masse sans participer aux festivités nocturnes, où Nadine Morano a de nouveau brillé. Tout comme Michel Barnier parti vendredi après un débat sur l’Europe dans une ambiance lisse et compassée. Enfin Eric Besson, parce qu’aucun débat sur la politique d’immigration n’a été organisé, a préféré aller poser avec quelques caméras en « surfer du dimanche » sur les plages de l’Atlantique, avant d’annoncer le soir qu’il était « triste de quitter le campus » en partance pour… le Brésil en mission avec Nicolas Sarkozy.
Le coureur de fond Brice Hortefeux a brillé de mille feux lors de ces journées d’été sur le thème de la sécurité. Entouré de sa jeune garde prétorienne auvergnate fringuée d’un tee-shirt digne de la grande époque giscardienne, (« Hortefeux, une éruption volcanique pour réveiller l’Auvergne »), le ministre de l’Intérieur a cartonné à tout va. Sur les socialistes, « ceux qui ont laissé filer la délinquance à 15% qui veulent nous donner des leçons maintenant ». Avant de faire du Sarkozy dans le texte sur les flics présents ou non dans les écoles et « ces jeunes cagoulés qui viennent massacrer un jeune qui se remet à niveau. » Sous des « il est génial, il est trop fort !!! ». Et faire acte de contrition sur la sécurité routière chère à Sarko : « Je ne téléphone plus au volant, je ne dépasse pas les limites de vitesse sinon Nicolas m’appelle de suite, ça lui tient trop à cœur pour qu’en plus je me fasse prendre ». Bain de jouvence donc avec l’épine des régionales ôtée du pied. Comme l’affirme un de ses collaborateurs, « c’est mieux pour lui qu’il ne puisse pas cumuler, la campagne s’annonce très compliquée »… Bis repetita puisque pour les municipales à Clermont-Ferrand en 2008, Sieur Hortefeux s’était désisté au vue de la mauvaise météo électorale du moment.
Franck Riester, le fringant mécano de la bande. Promu en grande pompe samedi soir par Xavier Bertrand pour devenir le directeur de campagne des régionales après avoir été celui des européennes. Le rapporteur de la loi Hadopi s’est donc prêté au jeu des festivités nocturnes, à l’écart du couple Devedjian-Morano à la recherche d’objectifs pour consacrer sa montée de jeune pouce à l’UMP. Pas de quoi en revanche lui offrir une tribune sur la grande scène ou même organiser un débat sur « Hadopi » qui arrive la semaine prochaine à l’Assemblée. « C’est pas son tour », susurre un militant.
Le maire de Meaux affirme « ne pas avoir fait exprès » de faire son entrée samedi midi en plein discours de Borloo appelé à la rescousse pour sauver la face de la taxe carbone. Le chef de la majorité parlementaire gravit les cols sans se soucier de regarder ses adversaires. Il ne « saute pas de joie devant le grand emprunt », affirme avoir « avalé des couleuvres et des boas dans tous les sens » sur la fiscalité écolo, confie auprès des siens au stand « Génération France » qu’il « accueille des gens qu’on ne trouve pas à l’UMP comme Manuel Valls ». Et qu’à « ceux qui vous disent que c’est pour monter votre petite entreprise, vous leur répondez oui ». Le message est suffisamment clair pour jeter un froid lors de son discours en plénière aux allures de campagne présidentielle. Toutes les thématiques y sont passées jusqu’à proposer « de pouvoir apprendre l’arabe dès le lycée », détournant allègrement le thème du débat sur l’emprunt national. Preuve en est, lors des festivités nocturnes, Copé a préféré s’éclipser avec son « club » et quelques journalistes loin de la furia hype pop’.
« Mitterrand Président, Mitterrand Président ! ». Des militants s’amusent dans la salle à savoir celui qui osera pousser la chansonnette à haute voix. Le ministre de la Culture présent samedi matin a eu droit à un accueil d’acteur hollywoodien : tapis rouge, effets lumineux, musique qui pétarade, tout cela à quelques encablures de la maison familiale à Latché. Costume cravate, passant de « Secret story » à « Hugo », il arpente la tribune de long en large et tord le coup à l’ « anti-américanisme primaire » avant d’affirmer que « ce n’est pas parce qu’on porte des jeans ou qu’on mange des Big mac qu’on ne peut pas lire Paul Valéry ». Moins en jambe sur la taxe à 5,5% sur les CD et les modalités de Hadopi II pour la rentrée où « il n’a pas la réponse », le neveu de tonton François a su profiter de la puissance de com’ UMP réglée comme une horloge allemande. 2h, emballé, pesé.
« Morano, c’est du lourd chaque année », assurent les militants qui dansent autour d’elle. La secrétaire d’Etat à la Famille et la Solidarité a de nouveau enflammé les dîners et le dance floor. Sauts sur les tables, chant de la Marseillaise, courses effrénées dans le réfectoire à la queue leu leu, baby foot bière en main, supportrice des footballeurs de l’équipe région Centre (qui ont perdu en finale de justesse), et pas chaloupés sur David Guetta, Nadine a sorti le grand jeu. Palme d’or également du plus beau tee-shirt, où il est écrit : « i think i work i dance, I POP avec Nadine Morano, forfait idées « illimité ». « Je me sens bien ici » assure-t-elle, « j’ai la confiance du Président ». Plutôt troisième mi-temps que conférencière, la sulfureuse Nadine n’a pas eu la parole en plénière. « C’est trop dangereux », confie un organisateur, avant que la belle ne se jette dans les bras de Patrick Devedjian.
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